C'est le titre d'un ouvrage écrit par Alain Michel, rabbin qui vit en Israël et qui a été le responsable du bureau francophone de l'Ecole internationale pour l'enseignement de la Shoah à Yad Vashem. L'ouvrage est préfacé par Richard Prasquier, président du CRIF. L’historien réexamine l’idée selon laquelle «un quart des Juifs de France auraient été exterminés en raison de Vichy et les trois quarts sauvés grâce à des citoyens anonymes», idée diffusée par l'avocat Serge Klarsfeld et l’historien américain Robert Paxton.
Si la France de Vichy fut l’un des pays les plus collaborateurs, pourquoi le bilan de la Shoah y est l’un des plus bas d’Europe en ce qui concerne le nombre des victimes ? Contre la doxa officielle, l’auteur montre que Vichy mena une politique consistant à protéger les Juifs français au détriment des Juifs étrangers. Moins de 10% des juifs français ont été victimes de la Shoah. Les différents éléments apportés dans le livre, statistiques inédites, nouvelles analyses, archives nouvelles et comparaisons européennes, montrent que cette politique a été déterminante dans la protection partielle des Juifs en France contre la volonté exterminatrice des nazis.
Sur le plan historiographique, Alain Michel montre que depuis les travaux de Richard Paxton et Michaël Marrus (Vichy et les Juifs, 1981) et ceux de Serge Klarsfeld (Vichy-Auschwitz, 1983-1985) une véritable « doxa » s’est imposée sur la manière dont la Solution finale est abordée en France, qui culpabilise la totalité des acteurs du gouvernement de Vichy, sans nuance et sans distinction. En voici un exemple tiré de la page 322 :
"En 1998, le consul général d'Israël à Marseille envoie un télégramme urgent à l'Institut Yad Vashem à Jérusalem pour lui signaler qu'une Juste des Nations, reconnue par Israël, fait la manchette du journal de Jean-Marie Le Pen. Effectivement, un grand titre de la revue du Front national proclame : "Rolande Birgy, frontiste et honorée à Jérusalem" ! Au-delà de la récupération politique, il est intéressant de souligner plusieurs éléments biographiques concernant Rolande Birgy. Née à Paris en 1913, elle milite avant-guerre à la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) et à la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC). Elle se retrouve à Marseille après la débâcle […]. [Puis] elle s'installe en Haute-Savoie où pendant près de deux ans elle va faire passer des centaines de personnes en Suisse. […]
Reconnue comme combattante volontaire de la Résistance, elle reçoit la médaille des Justes en 1983 et vient l'année suivante à Jérusalem pour y planter son arbre. Mais, entretemps elle n'a pas cessé de militer, au MRP d'abord, ensuite chez les centristes de Jean Lecanuet. Dès la création du Front national en 1972, elle soutient l'action de Jean-Marie Le Pen, et adhère formellement au FN au début des années 1990. Elle devient également militante anti-avortement et participera à plusieurs actions, qui lui vaudront d'être inquiétée par la Justice. "Pendant la guerre […] j'ai risqué ma vie pour sauver des vies […] et je continue d'essayer de sauver des vies humaines", déclare-t-elle à l'organe du Front national."