L'observateur des médias Marc Baudriller écrit :
"[…] Le CSA n’est compétent ni pour la presse, ni pour Internet mais cette vidéo a été reprise à l’antenne de plusieurs chaînes dont BFM TV ou M6 qui l’ont diffusée sans floutage. On voit Vincent Lambert réagir à la voix de sa mère, cligner des yeux, marquer des émotions apparentes. Ces images, le CSA les a visionnées hier en collège. Il ne s’interrogera pas sur la légitimité de diffuser en clair cette vidéo dans le cadre du débat sur la fin de vie mais déterminera la semaine prochaine si ces chaînes et ces images ont ou non manqué au respect de la dignité humaine. La dernière fois que le CSA avait évoqué ce critère, c’était pour condamner la diffusion des images de l’assassinat du policier qui gardait l’immeuble de Charlie Hebdo le jour des attentats.
Au fond, ces sujets ultra-sensibles posent aux médias mille questions parmi lesquelles celles-ci : peut-on interdire aux téléspectateurs français des images auxquelles les internautes français (qui sont les mêmes puisque les internautes représentent plus de 80% de la population) ont accès librement ? Sachant que le commentaire est libre, cette règlementation de l’image à l’usage des seules chaînes de télévision parmi tous les autres médias a-t-elle un sens ? Par ailleurs, l’information sur les chaînes de télévision peut-elle durablement affronter efficacement la concurrence réelle du web avec des règles plus contraignantes, sachant qu’Internet, libre et transfrontalier par essence, ne se prête guère à des règlementations nationales strictes ? Le risque, c’est que les Français considèrent qu’Internet les informe mieux que leurs chaînes. Quand 40% des Français précisément ne font pas confiance aux informations données par la télévision selon le baromètre 2015 de confiance des Français dans les médias de TNS Sofrès-La Croix, la question n’a rien de théorique. Le cas douloureux de Vincent Lambert n’interroge pas seulement les médecins, elle pose aussi des questions de fond aux médias et au régulateur."