Extrait de l’interview du premier ministre à Jean-Pierre Elkabbach ce matin (l’interview peut être réécoutée ici) :
(…) Le 3 octobre (…) l’Union européenne devrait commencer à négocier avec la Turquie, qui elle met ses propres conditions, par exemple à propos de Chypre. Est-ce que c’est acceptable ? Est-ce qu’il faut maintenir ce rendez-vous du 3 octobre ? Le reporter ? J’ose pas dire encore l’annuler…
Alors à propos de l’Union douanière, (…) effectivement la Turquie vient d’annoncer [ici], dans une déclaration, que sa signature ne valait pas reconnaissance de Chypre. Il ne me paraît pas concevable qu’un processus quelconque de négociation puisse s’ouvrir avec un pays qui ne reconnaîtrait pas chacun des membres de l’Union européenne, c’est-à-dire les 25. Rentrer dans un processus de négociation, quelle qu’en soit la forme, ça suppose bien sûr d’abord la reconnaissance de chacun des membres avec lesquels on veut travailler. Donc il y a là un principe qui me paraît devoir être défendu, et c’est ce que la France fera valoir à la Turquie comme aux autres pays de l’Union européenne lors des prochains rendez-vous…
Sinon, si la Turquie ne respecte pas toutes les conditions et qu’elle impose les siennes, qu’est-ce qu’il peut se passer d’ici au 3
Eh bien il sera urgent d’attendre.
Oui. D’attendre … ?
Eh bien d’attendre que la Turquie marque une vraie volonté de rentrer dans ce processus…
C’est-à-dire qu’il pourrait ne pas y avoir de 3 octobre ?
Tout-à-fait. Tout-à-fait. Je crois que les choses doivent être claires. Mais parlons-en d’abord avec les pays de l’Union européenne. (…) Il y a des rendez-vous des ministres des affaires étrangères au début du mois de septembre, il y aura des échanges entre les chefs d’état, eh bien à partir de là nous déterminerons la position de la France. Mais je le dis ici, il ne me paraît pas concevable de rentrer dans un processus avant que la Turquie ait clairement indiqué sa volonté de reconnaître chacun des membres de l’Union européenne.
Villepin se trouve opposé sur cette question à la Commission européenne, qui considére que les négociations peuvent commencer. Les Turcs sont furieux. Au fur et à mesure que les échéances approchent, c’est un profond malentendu entre ces derniers et les Européens qui apparaît et ne fera que s’élargir :
(…) Les Turcs considèrent l’accession à l’UE comme l’objet d’une authentique négociation : s’ils font des concessions, ils en attendent en retour (par exemple sur la partie nord de Chypre […]). En réalité, les discussions ont pour seul objet l’application des des obligations des acquis communautaires de l’UE. (…) (The Economist).