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L'Eglise : Vie de l'Eglise

Vingt-deuxième dimanche après la Pentecôte

Vingt-deuxième dimanche après la Pentecôte

Nous remercions l’association Una Voce de nous autoriser à publier des extraits des excellents commentaires des cinq pièces grégoriennes du dimanche ou de la fête à venir. Vous aurez la totalité des textes sur le site et nous ne pouvons que vous encourager à vous abonner à la newsletter hebdomadaire en cochant dans la case adéquate sur la page d’accueil.

La messe du vingt-deuxième dimanche après la Pentecôte est l’avant-dernière de l’année liturgique, tout au moins en ce qui concerne les chants ; aussi la pensée de l’Église est-elle plus que jamais tournée vers la fin des temps et le jugement dernier, temps d’épreuve et d’angoisse mais aussi d’espoir. Ces sentiments sont exprimés en particulier dans le psaume 129 De profundis, qui est surtout connu pour son utilisation à l’office des défunts, mais qui revient à plusieurs reprises en ces derniers dimanches après la Pentecôte, et notamment à l’Introït de ce vingt-deuxième dimanche, le seul des six derniers dimanches, depuis le dix-huitième, à être extrait d’un psaume. Mais on y retrouve un thème qui était déjà celui des Introïts précédents, celui des deux attributs divins qui se manifesteront au jugement dernier : la justice qui nous condamne et que nous redoutons, et la miséricorde qui nous sauve et en laquelle nous espérons. Ils sont ici opposés en deux phrases très contrastées.

Introït : Si iniquitates

Si iniquitates observaveris Domine, Domine quis sustinebit ? quia apud te propitiatio est, Deus Israël.

Si vous considérez nos péchés Seigneur, Seigneur qui subsistera ? Mais auprès de Vous est le pardon, Dieu d’Israël.

La première phrase est un appel angoissé s’élevant en un grand élan qui franchit toute l’octave et même au-delà, avec une insistance suppliante sur le mot Domine répété deux fois, et une cadence interrogative restant en suspens dans l’aigu. La deuxième phrase au contraire est plus douce et pleine de confiance, avec un bel élan de ferveur sur les mots Deus Israel, qui ne font d’ailleurs pas partie du psaume, et ont été rajoutés par la liturgie pour rappeler au Seigneur dans notre prière que nous faisons partie de son peuple, Israël, qui est maintenant l’Église. Le verset est bien entendu le premier du psaume 129 :

De profundis clamavi ad te Domine : Domine exaudi vocem meam.
Du fond de l’abîme je crie vers vous Seigneur ; Seigneur écoutez ma voix.

Graduel : Ecce quam bonum

Le texte du Graduel du vingt-deuxième dimanche après la Pentecôte est formé des deux premiers versets du psaume 132 qui constituent d’ailleurs la moitié du psaume, un des plus courts du psautier. Il chante le bonheur des Israélites à chaque fois qu’ils se retrouvaient fraternellement unis dans le temple.

Ecce quam bonum, et quam jucundum habitare fratres in unum ! Sicut unguentum in capite, quod descendit in barbam, barbam Aaron.

Qu’il est bon et qu’il est doux d’habiter ensemble unis comme des frères : c’est comme l’huile versée sur la tête qui descend dans la barbe d’Aaron.

On sait qu’Aaron fut le premier grand prêtre, et il fut sacré en versant sur sa tête une huile parfumée qui coula dans sa barbe, puis sur son vêtement, comme le dit le verset suivant du psaume, répandant partout sa bonne odeur. La douceur de ce parfum est comparée ici au bonheur de se retrouver ensemble après une longue dispersion. De plus l’huile du sacre est le symbole de la grâce divine qui va faire du grand prêtre un consacré, inverti d’une mission d’en haut. De même Dieu répand ses grâces sur son Église : elles viennent par le Christ qui est la tête, puis se répandent sur tout le corps mystique, réalisant l’unité entre ses membres qui deviennent réellement frères. Après l’exil où nous conduit trop souvent le péché, nous sommes heureux de nous retrouver par la grâce des sacrements dans cette fraternelle union. Et après l’exil de cette vie, au jour du jugement, si nous avons été fidèles, la grâce divine produira enfin tous ses fruits pour nous conduire au bonheur de l’union parfaite et éternelle.

La mélodie exprime ce bonheur par de grandes courbes gracieuses et très expressives. La première partie culmine sur le mot habitare très enthousiaste ; la deuxième partie commence par une montée progressive jusqu’à l’extrême aigu ; paradoxalement, c’est sur le mot descendit qu’elle monte le plus haut, mais il s’agit ici d’exprimer notre enthousiasme, puis elle continue par une grande descente franchissant plus d’une octave et demie et s’enfonçant dans le grave pour une cadence solennelle.

Alléluia : Qui timent

Pour la troisième fois en ce temps après la Pentecôte, nous trouvons au vingt-deuxième dimanche un Alléluia dont le texte n’est pas le premier verset d’un psaume, comme c’est généralement le cas, mais est tiré d’un psaume dont le premier verset a été chanté à l’Alléluia du dimanche précédent. C’est donc cette fois le psaume 113, formé en réalité de deux psaumes de la Bible qui ont été réunis par la Vulgate.

Nous sommes maintenant dans le deuxième, qui est un chant de louanges et de confiance au Seigneur opposé aux idoles païennes, et le verset qui figure ici est le troisième d’une série qui répète le même texte, un acte d’espérance avec trois sujets différents : Domus Israel, c’est tout le peuple élu ; Domus Aaron, ce sont les prêtres et les consacrés, enfin Qui timent Dominum, ceux qu’on appelle dans la bible les ” craignants Dieu “, ce sont ceux qui ne font pas partie du peuple élu, mais reconnaissent le vrai Dieu et se soumettent à sa volonté.

Qui timent Dominum, sperent in eo : adjutor et protector eorum est.
Ceux qui craignent le Seigneur, qu’ils espèrent en Lui. Il est leur secours et leur protecteur.

Les ” craignants Dieu ” c’est nous, qui avons reçu la grâce de connaître le vrai Dieu, de l’aimer et de le servir, et qui mettons en Lui notre confiance. La mélodie de cet Alléluia est identiquement la même que celle de l’Alléluia du seizième dimanche Cantate Domino. C’était un chant d’action de grâces et de louanges au Seigneur pour tous ses bienfaits, et nous avons dit que cette mélodie traduisait ces sentiments par des belles courbes souples et très liées animées d’un bout à l’autre par un grand élan de ferveur et d’enthousiasme. Elles convient tout à fait pour inviter les craignants Dieu que nous sommes à mettre en Lui notre confiance.

Offertoire : Recordare mei

L‘Offertoire du vingt-deuxième dimanche après la Pentecôte est le seul chant de ce dimanche dont le texte n’est pas extrait d’un psaume. Comme l’Introït de dimanche dernier, il est emprunté au livre d’Esther. Il s’agit cette fois de la prière qu’Esther adresse à Dieu avant de se présenter devant le terrible du roi Assuérus pour intercéder en faveur de son peuple menacé d’extermination. Elle se sent faible et démunie devant une tâche aussi difficile et elle supplie le Seigneur de l’inspirer.

Recordare mei, Domine, omni potentatui dominans : da sermonem rectum in os meum, ut placeant verba mea in conspectu principis.
Souvenez-vous de moi Seigneur, vous qui êtes le maître de tout pouvoir. Mettez dans ma bouche le discours qui convient afin que mes paroles soient agréées lorsque je serai en présence du roi.

L’Église redit ces paroles en cette fin de l’année liturgique en les appliquant à la fin des temps, quand nous allons nous présenter devant le souverain Juge infiniment supérieur à tous les rois de la terre, et elle le supplie de nous accorder les grâces nécessaires pour être fidèles jusqu’au bout, et aborder comme il faut ce moment redoutable. Ce chant d’Offertoire se compose de trois phrases très différentes. La première est une prière très humble ; l’âme comme Esther se sent faible et démunie et se prosterne devant la toute puissance divine, avec une mélodie calme et douce. La deuxième phrase est une prière suppliante implorant les grâces dont nous avons besoin, avec une mélodie qui s’élève à deux reprises dans l’aigu d’une façon très expressive. Enfin dans la troisième phrase, en abordant les mots in conspectu : en présence de Dieu, la mélodie devient presque immobile en une longue vocalise revenant toujours sur la même note, comme une contemplation indéfinie, dépassant le jugement dernier pour se fixer dans l’éternité.

Communion : Ego clamavi

Le texte de l’antienne de Communion du vingt-deuxième dimanche après la Pentecôte est tiré du psaume 16, que nous avons déjà rencontré au sixième et au dixième dimanche, et reprend même une partie de celui de l’Offertoire du sixième. Comme nous l’avons dit, ce psaume est la prière du juste qui supplie le Seigneur de le garder de tout ce qui pourrait le faire dévier de la voie droite. Et en ces derniers dimanches de l’année liturgique l’âme demande de rester fidèle jusqu’au bout.

Ego clamavi, quoniam exaudisti me Deus : inclina aurem tuam, et exaudi verba mea.
J’ai crié vers vous car vous m’avez exaucé, mon Dieu. Tendez l’oreille et exaucez ma prière.

On remarquera que le verbe exaucer revient deux fois, une première fois au passé et la deuxième à l’impératif. C’est parce que le Seigneur nous a déjà exaucés que nous espérons qu’il nous exaucera encore. C’est donc une prière pleine de confiance. La mélodie l’exprime par une grande courbe qui après une intonation calme et grave s’élève progressivement jusqu’à l’aigu puis redescend pour s’achever à nouveau au grave en une cadence paisible et assurée.

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