Lu sur Eglises d'Asie :
"Archevêque de Séoul, le cardinal Yeom est aussi l’administrateur apostolique de Pyongyang, capitale de la Corée du Nord. En dépit du caractère plus théorique que concret de cette deuxième responsabilité, le cardinal n’avait jamais eu l’occasion de se rendre ès qualité en Corée du Nord. Sa visite au sein du complexe industriel de Kaesong (Gaeseong), à quelques kilomètres de la DMZ qui sépare les deux pays, présente donc un caractère historique.
« Le complexe de Kaesong ne se situe qu’à une soixantaine de kilomètres de l’archidiocèse de Séoul, a-t-il déclaré à l’issue de sa visite, mais j’ai réalisé que nous vivions dans un monde où une distance très courte pouvait sembler très longue. » Le cardinal s’exprimait devant la presse au poste de douanes de Dorasan, à Paju, du côté sud-coréen de la frontière. Il a ajouté que « le complexe de Kaesong, où les deux Corées vivent de manière unie, [était] un signe d’espérance qui témoigne de notre capacité à dépasser la douleur et la tristesse [engendrées] par la division [de la péninsule coréenne]. Par le dialogue et en faisant preuve de sincérité, je pense que nous pouvons parvenir à la paix ».
Cardinal depuis deux mois, archevêque de Séoul depuis deux ans, Mgr Yeom a effectué ce voyage à Kaesong à un moment où la tension entre les deux Corées remontait d’un cran. Outre les agressions verbales auxquelles se livrent quasi-quotidiennement les autorités nord-coréennes envers la présidente sud-coréenne, les préparatifs d’un éventuel tir de missile ainsi qu’un possible nouvel essai nucléaire – qui serait le quatrième du genre – ont tendu le climat entre Séoul et Pyongyang. […]
Le complexe de Kaesong, créé en 2004 lors d’une période de détente entre le Sud et le Nord, matérialise le type de coopération que les deux Corées peuvent nouer. (Techniquement, les deux pays sont toujours en guerre (la guerre de Corée (1950-1953) n’ayant pris fin que sur un simple cessez-le-feu.) Il accueille aujourd’hui une centaine d’entreprises manufacturières sud-coréennes qui y emploient environ 50 000 Nord-Coréens. L’encadrement et les capitaux sont sud-coréens, la surveillance militaire est nord-coréenne et les salaires versés par les employeurs du Sud constituent une source de devises appréciable pour le Nord. […]
[L]a visite a pu se faire, les Nord-Coréens ayant donné leur feu vert le 19 mai tout en exigeant que le cardinal ne se déplace qu’« à titre privé ». C’est ce caractère « privé » qui explique que le cardinal, accompagné de six prêtres et d’un journaliste du Catholic Times, n’a pas célébré la messe une fois sur place, à Kaesong. Parti à 6h20 de l’archevêché de Séoul, ayant franchi la DMZ à 07h20, le cardinal et ses compagnons étaient de retour au poste frontière de Dorasan à 17h, ce 21 mai. Durant les près de neuf heures passées sur place, le cardinal a visité plusieurs usines et ateliers, rencontré et prié avec des personnels sud-coréens, mais la messe n’a pas été célébrée et aucune rencontre n’a eu lieu avec aucun responsable nord-coréen, a précisé Hur Young-yub, porte-parole de l’archidiocèse de Séoul."
Le pape François doit séjourner en Corée du Sud du 14 au 18 août. Le 16 août, il célébrera au centre de Séoul la messe de béatification de 124 martyrs coréens tués « en haine de la foi » entre 1791 et 1888.