Suite à l’ordonnance du Conseil d’Etat, la fronde monte au sein des catholiques, qui ne souhaitent pas revenir à une pratique dominicale uniquement par écran interposé… D’autant plus que l’ordonnance rappelle un certain nombre de libertés encore possible : les églises sont ouvertes et les prêtres peuvent se rendre chez les particuliers…
Un prêtre nous propose de publier le courrier qu’il a envoyé à ses paroissiens :
Presbytère de N.
Samedi 07 novembre 2020
X
Frères et Sœurs,
« Voici l’Époux, sortez à sa rencontre »
(Mt 25, 1-13 : Évangile du dimanche 08 novembre 2020…)
Par ce message, avec mes frères prêtres, Messieurs les Abbés N. et N., nous venons vous saluer très cordialement dans le Seigneur, et vous partager ce que nous inspire, pour demain dimanche 08 novembre, le rejet [1], ce soir, par le Conseil d’État des recours que la Conférence des Évêques de France, plusieurs Évêques et associations avaient déposés, demandant l’autorisation de la célébration publique des cultes pendant le confinement.
Ce matin même, le Premier Ministre déclarait, lors de l’hommage aux victimes niçoises tuées par un islamiste – parce que chrétiennes – dans la Basilique Notre-Dame de Nice :
« Aucune célébration religieuse n’est une offense dans une République laïque qui respecte la religion pour ce qu’elle est ; l’expression d’une conviction intime, et qui en garantit la pratique pour ce qu’elle est : l’exercice d’une liberté fondamentale. »
Cette quasi-simultanéité de déclarations contradictoires nourrit certainement l’incompréhension, et sans doute aussi, chez plusieurs d’entre vous, une triste colère.
Sans autres commentaires, nous partageons l’une comme l’autre.
Nous pourrions bien évidemment nous soustraire à la décision inique du Gouvernement, cautionnée par cette ordonnance du Conseil d’État, d’interdire la célébration de la Sainte Messe – parce qu’une injustice ne peut fondamentalement jamais nous obliger, en notre âme et conscience –, et nous gardons la possibilité de le faire.
Nous pourrions ainsi choisir de célébrer des Messes dites « privées » chez des particuliers, dans des maisons individuelles [2]…
Mais en priant et en échangeant entre nous, nous sommes plutôt arrivés à la conclusion qu’il valait mieux, dans un premier temps, utiliser l’absurde contradiction des Autorités civiles (pour ne pas dire, leur schizophrénie)…
Juste avant de vous exposer ce pour quoi nous avons opté, nous voudrions attirer votre attention sur une clarification positive qu’apporte cette fameuse Ordonnance, qui stipule qu’il faut, pour se rendre dans un lieu de culte, cocher sur les attestations de déplacement dérogatoire la case : « motif familial impérieux ». Et ce n’est pas une blague !
« Il résulte, par ailleurs, des déclarations faites lors de l’audience par l’administration, que des instructions ont été données pour que les Fidèles puissent se déplacer dans le lieu de culte le plus proche de leur domicile ou situé dans un périmètre raisonnable autour de celui-ci en cochant, en l’état du modèle-type de justificatif qui gagnerait à être explicité, la case « motif familial impérieux » » [3].
Vous savez donc désormais que cocher sur votre feuille d’attestation…
« [Les personnes] peuvent aussi se rendre dans ces établissements [de culte] à l’occasion de l’un quelconque de leurs déplacements autorisés hors de leur domicile, sans se munir d’un autre justificatif, pour y exercer, à titre individuel, le culte en évitant tout regroupement avec des personnes ne partageant pas leur domicile. »
Rappelons également que les lieux de culte restent légalement ouverts, et que les fidèles sont autorisés à s’y rendre, dans le respect des normes sanitaires en vigueur, gestes barrières, distanciation, la dose adéquate de gel hydroalcoolique, masques, et tout le tralala habituel [4].
De plus, puisque « les ministres du culte peuvent continuer à recevoir individuellement les fidèles dans les établissements précités […] », voilà concrètement ce que nous vous proposons, au moins pour demain, dimanche 8 novembre :
Nous vous invitons tout d’abord, en matinée, à vous nourrir de la Parole de Dieu, en prenant le temps de La lire, et de La méditer.
Vous pouvez le faire chez vous, à partir des lectures du 32ème Dimanche du Temps Ordinaire [5], ou en suivant un office retransmis à la télévision, ou par Internet.
Nous vous recommandons, si vous en avez la possibilité, de suivre la Messe que présidera notre Évêque, Monseigneur N., demain, et que vous pourrez suivre à partir de 11h (sur le site du Diocèse) :
Dans l’après-midi, à partir de 14 h et jusqu’à 18 h 30, nous, vos prêtres, serons présents dans la Basilique pour vous permettre de recevoir le Corps du Christ, en vous donnant la Communion sacramentelle [6].
Nous vous invitons à venir le plus nombreux possible, pour témoigner, précisément, que pour vous, la Communion est réellement une nécessité impérieuse dont vous ne pourriez vous passer (alors qu’il n’est pas exclu d’envisager que l’on cherche à reléguer les Catholiques dans une bulle strictement privée de plus en plus minoritaire, en nous poussant dans des catacombes de mépris et d’oubli).
Cependant, pour que l’affluence soit régulée, et qu’il n’y ait pas trop de Fidèles à se retrouver au même moment à la Basilique, nous vous demandons – dans la mesure de votre possible – d’essayer de répartir votre venue tout au long de l’après-midi.
À titre indicatif, nous nous permettons de vous suggérer un critère alphabétique :
- de 14 h à 15 h, les personnes dont le nom de famille commence par A jusqu’à F,
- de 15 h à 16 h, ceux dont le nom commence par G jusqu’à L,
- de 16 h à 17 h, ceux dont le nom de famille commence par M jusqu’à R,
- après 17 h, les suivants.
Lors de votre venue à la Basilique pour y recevoir la Sainte Communion, nous vous exhortons à prendre un temps individuel de prière préalable, et à rester également pour un temps d’action de grâce, devant le Très Saint-Sacrement qui sera exposé tout l’après-midi, pour unir votre prière à celle de toute l’Église, dont la « Source et le Sommet » est l’Eucharistie.
Nous restons bien sûr également à votre disposition pour vous entendre en confession et vous administrer le Sacrement du Pardon.
Merci de bien vouloir diffuser le plus largement autour de vous, à tous les paroissiens de notre secteur, cette information qui est adressée à tous !
Merci également d’avoir le souci de nous signaler les personnes de votre voisinage, et/ou connaissance qui ne pourraient pas se rendre physiquement à la Basilique, mais qui seraient désireuses que leur soit portée la Sainte Communion.
Nous vous redisons notre communion de prière avec vous tous, spécialement par l’intercession maternelle de la Très Sainte Vierge Marie, Mère de l’Église, et demandons à Dieu de vous bénir et de protéger vos familles,
+ Abbés N., Curé,
N et N.
En résumé :
- Dimanche matin : lecture et méditation de la Parole de Dieu (selon la Liturgie de l’Église, du 32ème dimanche du Temps Ordinaire)
- Après-midi, à la Basilique : de 14 h à 18 h 30
- Exposition du Saint-Sacrement (et confessions possibles)
- Communion sacramentelle (par ordre alphabétique !)
[1] Ordonnance du Juge des Référés du Conseil d’État, du 07 novembre 2020 (n°s 445825, 445827, 445852, 445853, 445856, 445858, 445865, 445878, 445879, 445887, 445889, 445890, 445895, 445911, 445933, 445934, 445938, 445939, 445942, 445948, 445955) : « Les requérants ne sont, dès lors, pas fondés à soutenir que l’atteinte que les dispositions contestées portent à la liberté de culte ainsi qu’au droit au respect de leur liberté personnelle, à la liberté d’aller et venir et à la liberté de réunion, serait manifestement illégale. Il résulte de tout ce qui précède […], que les requêtes doivent être rejetées […] »
[2] Du reste, l’ordonnance du Conseil d’État sus-citée laisse entr’ouverte cette possibilité : « Les ministres du culte peuvent continuer […] à se rendre, au titre de leur activité professionnelle, au domicile des [fidèles] ou dans les établissements dont ils sont les aumôniers »…
[3] Notons, au passage, que cette ordonnance valide l’idée que se rendre dans un lieu de culte relève d’une nécessité impérieuse, et qu’il confirme que l’Église est bien une famille !
[4] « […] dans le respect des mesures dites barrières et notamment du port d’un masque, lequel peut être momentanément retiré pour l’accomplissement des rites qui le nécessitent. » (Ibid.)
[5] 1ère Lecture : Sg 6, 12-16 / Psaume 62 / 2ème Lecture : 1 Th 4, 13-18 / Évangile : Mt 25, 1-13.
[6] Selon le rite dit « abrégé » : rite pénitentiel / Prière du Notre Père et rituel jusqu’à la Communion / bénédiction et invocation à la Très Sainte Vierge Marie.