Le président de la Cour suprême américaine est mort cette nuit.
La Cour suprême a acquis, au cours des dernières décennies, un pouvoir exorbitant, et unique en Occident, sur l’évolution de la société américaine. C’est notamment elle qui a imposé aux 50 états la légalisation de l’avortement en 1973, dans le fameux arrêt Roe vs Wade.
La composition de cette cour est donc l’un des enjeux les plus importants de la politique américaine. Les juges y sont désignés par le Président, et doivent être "confirmés" par le Sénat. La mort de Rehnquist, après le départ de Sandra O’Connor, fait que deux des neuf sièges sont à pourvoir.
Le départ de O’Connor, et la probable confirmation de John Roberts à son siège, est sans doute une bonne nouvelle, une juge de centre-gauche étant remplacée par un juge qu’on espère conservateur. Mais Rehnquist était l’un des trois seuls juges, sur neuf, à être prêt à casser l’arrêt Roe vs Wade. La cause pro-vie a donc tout à perdre à l’occasion de son remplacement. Le comité pro-vie NRLC déclare que "des millions d’Américains pro-vie portent le deuil de la mort du président Rehnquist."
Bush va devoir trouver un successeur à Rehnquist comme juge, et lui trouver un successeur comme président de la cour. On peut s’attendre à ce que Bush élève à la fonction de président un juge conservateur siégeant déjà (peut-être l’excellent Scalia); mais on peut craindre que la désignation d’un neuvième juge franchement conservateur soit rendue plus difficile par l’affaiblissement politique probable de Bush à l’issue de l’ouragan Katrina.