Eric Zemmour est interrogé dans Le Figaro, à propos de son dernier ouvrage. Extraits :
"Mes adversaires idéologiques ne me critiquent pas, ils m'invectivent pour cacher l'inanité de leurs arguments. Cela révèle que le débat en France est désormais impossible. Il a été remplacé par l'insulte. […]
Pourquoi jouer autant la carte de provocation médiatique?
Il y a une nuance entre jouer le jeu de la provocation et provoquer. Je provoque à travers mes idées. C'est je crois le but de tout auteur. Sinon, pourquoi écrire? Pourquoi s'exprimer? En revanche, je ne joue pas. Bien qu'on prétende le contraire, je ne dis jamais telle ou telle phrase pour faire le buzz à la télévision. Je défends simplement les idées auxquelles je crois. Le journal Libération me reproche de surfer sur des idées nauséabondes pour faire parler de moi et faire de l'argent. C'est faux. Pourquoi n'aurais-je pas le droit de défendre des idées avec sincérité, avec pugnacité? Pourquoi aurais-je des arrière-pensées mercantiles ou médiocres? Je trouve cette vision du débat assez triste. Personnellement, je reconnais à mes adversaires une certaine intégrité, je préfère les créditer «d'idées» plutôt que de leur faire des procès d'intentions.
[…] En me retrouvant dans l'émission de Laurent Ruquier, j'ai découvert comment la société du spectacle était depuis 40 ans au service de l'idéologie antiraciste, féministe, islamophile, libre-échangiste et sans frontièriste! Avec cette émission, j'étais au cœur du réacteur. Petit à petit, j'ai compris qu'on pouvait retourner le système et le subvertir, ce que j'ai fait: d'abord naïvement, puis consciemment et volontairement. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai fini par me faire virer. Mais ça n'a rien à voir avec le livre!
[…] Exactement, la gauche a abandonné le peuple et la droite a abandonné la nation. Moi, je cherche à m'adresser au peuple et je célèbre la nation. Mais ce côté inclassable finalement me convient. Je refuse de rentrer dans la cuisine politicienne. Je n'ai pas fait un livre de politicard, mais un livre politique, au sens idéologique du terme. L'UMP, le PS et le FN ne m'intéressent pas. Il y a beaucoup de lecteurs de gauche qui me lisent et qui aiment ce que j'écris et beaucoup de lecteurs de droite, notamment les vrais libéraux, qui n'aiment pas les idées que je défends. C'est d'ailleurs leur droit le plus strict. Ils ont le mérite d'être cohérents.
[…] Les déconstructeurs sont toujours au pouvoir. Bien que minoritaire dans le peuple, l'idéologie dominante reste majoritaire chez les élites. Toutes les conséquences du nihilisme et de la désintégration des quarante dernières années n'ont pas été tirées. Ce n'est pas fini, nous n'avons pas encore touché le fond. […]"