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L'Eglise : Vie de l'Eglise

11e dimanche après la Pentecôte

11e dimanche après la Pentecôte

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Les textes du propre de la messe du onzième dimanche après la Pentecôte sont encore extraits des psaumes, sauf celui de la Communion, qui est pris, nous le verrons, dans un autre livre de l’ancien testament. Et aujourd’hui un sentiment domine tous ces chants, celui de l’action de grâces et de la reconnaissance.

► Introït : Deus in loco

Le texte de l’Introït est tiré du psaume 67, cantique triomphal d’action de grâces pour toutes les victoires que le Seigneur a accordées à son peuple. Il est particulièrement utilisé aux fêtes de l’Ascension et de la Pentecôte, et nous avions dit à cette occasion qu’il évoque une grande procession liturgique, avec l’arche d’alliance en tête, depuis la sortie d’Égypte et le Sinaï jusqu’à la montée au mont Sion où sera bâti le temple. L’Introït de ce jour regroupe des versets pris au début et à la fin du psaume.

Deus in loco sancto suo : Deus, qui inhabitare facit unanimes in domo : ipse dabit virtutem et fortitudinem plebi suæ.
Dieu est présent dans son lieu saint ; c’est Dieu qui fait habiter dans sa maison ceux qui sont unis d’un seul cœur. C’est lui qui donnera à son peuple la puissance et la force.

Le lieu saint où Dieu réside, c’est l’arche d’alliance qui va être placée dans le temple de Jérusalem, figure de l’Église. Maintenant c’est dans notre église de pierres que nous venons nous rassembler et trouver l’unité, la force et le courage. C’est elle que nous chantons aujourd’hui pour remercier le Seigneur des bienfaits que nous y avons reçus. On remarquera que les trois phrases commencent par le nom de Dieu, ou le pronom le représentant, énoncé à chaque fois de façon très affirmative. La mélodie revêt ainsi un caractère joyeux et plein d’assurance, avec un beau crescendo vers le mot unanimes. Toutefois à la fin les mots fortitudem plebi suæ s’enveloppent d’une certaine douceur et presque de tendresse. Cet Introït est accompagné du premier verset du psaume 67.

Exsurgat Deus, et dissipentur inimici ejus : et fugiant, qui oderunt eum, a facie ejus.
Dieu se lève et ses ennemis sont dispersés, et ceux qui le haïssent s’enfuient devant sa face.

Graduel : In Deo speravit

Le texte du Graduel du onzième dimanche après la Pentecôte est tiré du psaume 27, dont nous avions déjà entendu les derniers versets à l’Introït du sixième dimanche, et nous avions dit que David, revêtu de l’onction royale, y étendait sa prière aux dimensions de tout son peuple. Nous trouvons ici le verset précédent du psaume, qui termine la prière plus personnelle du roi prophète par un magnifique élan d’espérance et de reconnaissance :

In Deo speravit cor meum, et adjutus sum : et refloruit caro mea : et ex voluntate mea confitebor illi.
En Dieu mon cœur a espéré et j’ai été secouru, et ma chair a refleuri et de toute ma volonté je le louerai.

La belle image de la chair qui refleurit évoque la nouvelle jeunesse qui pénètre l’être tout entier lorsqu’on se sent exaucé. Mais on ne peut s’empêcher d’y voir une allusion à l’espérance de la résurrection finale.

La mélodie de cette première partie est assez originale avec un contraste marqué entre ses deux phrases. La première phrase exprime le bonheur d’être exaucé par une mélodie peu étendue, simple et légère. La deuxième phrase au contraire s’élève en un grand élan de reconnaissance avec une belle modulation, puis elle s’achève sur le mot illi, le pronom qui désigne le Seigneur, par une contemplation presque immobile restant suspendue sur deux notes comme une sorte d’extase. La deuxième partie de ce Graduel reprend le premier verset du psaume qui commence d’une manière suppliante :

Ad te, Domine, clamavi : Deus meus, ne sileas : ne discedas a me.
Vers vous Seigneur je crie. Mon Dieu ne restez pas silencieux, ne vous éloignez pas de moi.

On retrouve ici pour la mélodie les formules habituelles et les grandes vocalises du cinquième mode grégorien, qui avaient été utilisées par tous les Graduels successifs du quatrième au neuvième dimanche.
► Alléluia : Exsultate Deo

Comme la plupart de ceux des dimanches de ce temps liturgique, le texte de l’Alléluia du onzième dimanche après la Pentecôte est une acclamation de joie et de reconnaissance envers la bonté et la toute puissance divine. Il est formé encore une fois du début d’un psaume, le psaume 80 :

Exsultate Deo adjutori nostro, jubilate Deo Jacob : sumite psalmum jucundum cum cithara.
Exultez pour Dieu, notre secours, poussez des cris de joie pour le Dieu de Jacob ; entonnez un psaume joyeux avec la cithare.

La mélodie rend cette invitation pressante, insistante et assez appuyée, avec des formules d’intonation et de cadences que l’on retrouve parfois sur des textes de prières suppliantes. On est à l’opposé de la légèreté bondissante de l’alléluia Magnus Dominus du huitième dimanche. Cependant cette insistance reste pleine de joie, une joie contenue mais fervente.
► Offertoire : Exaltabo te

Comme c’est parfois le cas en ce temps liturgique (nous l’avons déjà constaté les deux dimanches précédents), l’Offertoire du onzième dimanche après la Pentecôte est emprunté à une autre messe de l’année. Ce n’est pas cette fois à une messe d’un dimanche mais à celle du mercredi des cendres au début du carême. Le texte est formé des premiers versets du psaume 29, encore un cantique d’action de grâces de David délivré des périls qui l’entouraient.

Exaltabo te Domine, quoniam suscepisti me, nec delectasti inimicos meos super me : Domine clamavi ad te, et sanasti me.
Je vous glorifierai Seigneur parce que vous m’avez relevé et que vous n’avez pas réjoui mes ennemis à mes dépens. Seigneur j’ai crié vers vous et vous m’avez guéri.

Le Mercredi de Cendres, c’est la prière du pécheur qui se repent et sait qu’il va être guéri de la blessure du péché. Ce sentiment est toujours d’actualité. Combien de fois avons-nous été pardonnés de nos infidélités et quelles actions de grâces ne devons-nous pas adresser sans cesse à Dieu pour cette délivrance ! La mélodie est assez solennelle avec de beaux élans pleins de ferveur, des tenues calmes et assurées, des cadences assez fermes avant de se terminer d’une façon plus intérieure et plus retenue.

► Communion : Honora

Le texte de l’antienne de Communion du onzième dimanche après la Pentecôte n’est pas tiré du livre des psaumes, mais d’un autre livre de l’Ancien Testament, le livre des proverbes, recueil de maximes et d’exhortations adressées par un sage à son disciple.

Honora Dominum de tua substantia, et de primitiis frugum tuarum : ut impleantur horrea tua saturitate, et vino torcularia redundabunt.
Fais hommage au Seigneur de tes biens et des prémices des fruits que tu en retireras, afin que tes greniers soient remplis à satiété et que tes pressoirs débordent de vin.

Le sens de ce texte est d’abord matériel. Si nous faisons hommage à Dieu de nos biens en lui consacrant une partie de nos revenus, il nous bénira et nous serons dans l’abondance. En ces mois d’été, période des moissons, il s’agissait d’abord d’appeler la bénédiction divine sur les récoltes, et nous retrouverons cette idée dans la Communion de dimanche prochain. Mais au moment de la communion ce texte possède un sens spirituel qui est encore plus important. Si nous nous offrons nous-mêmes au Seigneur pour nous mettre à son service dans tout ce qu’il nous demandera, il nous comblera de ses grâces.

La mélodie n’est pas sans parenté avec celle du Graduel que nous avons entendu tout à l’heure. La première phrase est simple et légère avec une belle cadence très expressive sur le mot substantia, puis la mélodie s’élève joyeusement, culminant sur horrea en une courbe élégante évoquant bien l’abondance. Enfin elle redescend dans le grave en un beau chant plein d’assurance, retrouvant sur torcularia la même formule que sur impleantur une quinte plus bas, et s’achevant par la même cadence expressive qui concluait la première phrase.

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