Certains pensent que la décision de la CEDH ne doit pas faire jurisprudence. Hélas : c'est enfouir la tête dans la sable. Il faut regarder la réalité en face, comme l'explique Jeanne Smits, qui prend l'exemple des Pays-Bas :
"Les Pays-Bas comptaient, à la fin de 2014, 24 patients en état végétatif persistant. Vingt-quatre. Rapportés à la population néerlandaise totale, cela représente 3 personnes pour deux millions. […] En France, cette proportion dépasse les 50 patients pour 2 millions d'habitants, soit dix fois plus. Comment cela est-il possible ? La réponse est simple : aux Pays-Bas, on cesse de les soigner, des « arrêts de soins » qui prennent différentes formes selon les cas, mais parmi lesquels l'arrêt de l'hydratation et de la nourriture est fréquente et considérée comme normale. […]
La France compte quelque 1700 patients en état végétatif ou en état de conscience minimale, comme Vincent Lambert. Depuis la décision de la Cour européenne des droits de l'homme, ils sont tous potentiellement voués à la mort de soif si par malheur ils ont lâché un jour, alors qu'ils étaient encore valides, qu'ils n'aimeraient pas vivre dans cet état – ou si un de leur proches était prêt à l'affirmer. L'exemple néerlandais montre qu'une telle situation n'a rien d'imaginaire. A proportion égale, il n'en resterait que 170… […]"