Le Monde rend compte de la 18ème Marche pour la Vie organisée samedi à Paris Notre-Dame des Victoires au Sacré-Cœur de Montmartre par Renaissance catholique :
"Plusieurs centaines de personnes, selon la police, ont participé samedi à Paris à une "marche pour la vie et contre la culture de la mort", dénonçant l’avortement, organisée par l’association Renaissance catholique. Les manifestants se sont rassemblés vers 16h00 devant la basilique Notre-Dame-des-Victoires, dans le IIe arrondissement, avant de défiler dans les rues de la capitale, munis de pancartes proclamant "L’avortement tue des enfants" ou "un peuple qui tue des enfants n’a pas d’avenir". Le cortège, avançant au son du "Je vous salue Marie" diffusé par une sono, précédait une grande croix. Il devait se disperser sur le parvis du Sacré-Coeur."
Philippe Carhon
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Nicolas
Si sur le fond je partage complètement leurs valeurs, sur la forme je suis assez gêné. Et il me semble que la forme n’est pas quelque chose de négligeable ici : elle est, au contraire, un élément déterminant pour la réceptivité du message.
En effet, nous devons estimer que l’avortement doit, pour toute personne raisonnable, être perçu comme un meurtre. Sur l’essentiel (et notamment cette question), la théologie morale estime pouvoir s’adresser à tout homme, fût-il croyant ou non.
Dès lors, ces manifestations accompagnées de drapeaux frappés de Sacré-Coeur et les cantiques en latin donnent aux “spectateurs” le sentiment que l’opposition à l’avortement est un combat spécifique à une frange de catholiques.
Celui qui dit être contre l’avortement “parce qu’il est catholique” est juste stupide. Il fait preuve de fidéisme dans un domaine où la raison est aussi capable de répondre. On doit être contre l’avortement simplement parce qu’on est un être humain doué de raison, estimant que tuer est un acte contre la raison humaine (ce qu’on appelle “loi naturelle” en théologie morale).
Il faudrait que les dirigeants de ces manifs se posent la question du rapport entre le fond, la forme et le but recherché. Est-ce de faire un pèlerinage entre bons athos à travers Paris, ou bien est-ce un défilé voulant éveiller les consciences des “hommes de bonne volonté” ?
Nous ne sommes plus en régime de chrétienté, faut-il le rappeler. On ne s’adresse plus à une société chrétienne : on s’adresse à un monde qui perd la foi et rejette de plus en plus la dimension transcendante de la Révélation Divine.
JeanN
En ce mois d’octobre, la récitation par plusieurs centaines de personnes d’un chapelet chanté dans les rues de Paris ne peut que produire de grandes grâces pour ceux qui en ont besoin…
Michel Janva
@ Nicolas : vous plaidez là pour une manifestation d’un type qui existe actuellement, il s’agit de la Marche pour la vie du mois de janvier (25 janvier 2009, la prochaine), pour laquelle je ne peux que vous inciter à vous mobiliser.
Concernant la Marche organisée par Renaissance catholique, oui elle est spécifiquement chrétienne, car la prière et l’adoration (à Montmartre, après la marche) est source de grâce. C’est une prière de réparation et pour implorer la miséricorde du Bon Dieu.
Il ne s’agit donc pas de “fidéisme”, ni même de sensibiliser humainement nos contemporains, bien que cette marche soit publique, mais de nous remettre entre les mains de la Providence sur ce problème spécifique.
En ce sens, la marche de Renaissance catholique est complémentaire à la Marche pour la vie de janvier prochain, laquelle est apolitique et aconfessionnelle.
Xavier Daimerain
@ Nicolas :
Comme mentionné plus haut dans les annonces, il existe aujourd’hui au moins trois grands rassemblements dans l’année ayant pour thème la défense de la vie.
La marche de prière qu’organise Renaissance Catholique est la seule qui soit placée sous le signe de la Croix. Vous avez donc le choix et la possibilité de participer aux autres !
Par ailleurs plusieurs dizaines d’associations luttant contre l’avortement ou aidant les jeunes mères en difficulté ne font pas référence à la Foi ! Là encore vous avez le choix !
Laissez-donc aux catholiques la possibilité de défendre la Vie eux aussi !
Xavier Daimerain
PS : Je ferai juste remarquer que ceux-là même qui constituent les rangs des autres manifestations “a-religieuses”, sont pour l’écrasante majorité des catholiques !
Clémence
@ Nicolas, Xavier, Michel :
Nicolas n’a pas tort en disant qu’il n’est pas d’accord sur la forme entreprise par cette Marche pour la vie, pour les raisons qu’il explique. Je suis de son avis.
Et, d’autant plus, que dans la manière dont le journal Le Monde l’a relaté se cache, sous une forme purement factuelle, un profond dégoût pour cette manifestation religieuse anti-avortement…
Je me pose ainsi la question suivante :
Le français lambda, indifférent à la religion catholique et aux questions de protection de la vie, puis influencé par l’arbitraire de cet article, ne trouverait-il pas révoltant cette croisade anti-avortement ?
(Il me semble dangereux de reprocher l’aspect catholique de cette Marche. Comme le dit très bien Michel Janva, il existe une marche en janvier pour rassembler au delà des catholiques.
En revanche, les reproches que vous faites sont le premier pas du raisonnement qui consiste pour un catholique à mettre sa foi de côté lorsqu’il est aux responsabilités (cf. Mattéi et cie).
Quant à l’article du Monde, il ne faut pas voir le mal où il ne se trouve pas… En général, Le Monde ne parle pas de ce genre de rassemblement et vous êtes les premiers à le lui reprocher…
Philippe Carhon)
François
« Si le Seigneur ne bâtit la maison, c’est en vain que travaillent les bâtisseurs ».
Certes, nous ne sommes plus en Chrétienté, mais est-ce une raison pour nous enfermer dans les sacristies ?
L’avortement est à la fois un meurtre (contraire à la morale naturelle) et un très grave péché public (dans une nation qui est tout de même d’origine chrétienne). Il semble normal de le combattre sous ces deux points de vue, en invoquant d’une part la loi naturelle, mais aussi notre titre de catholiques, dont nous n’avons pas à avoir honte, et qui nous fait une obligation spéciale de protéger ces innocents.
Les deux types de manifestation (manifestation plus politique et manifestation plus religieuse de prière et de réparation) sont donc utiles toutes les deux, chacunes à un créneau différent.
En s’avançant volontaire pour mourir à la place d’un autre condamné, à Auschwitz, saint Maximilien Kolbe a dit : « Je suis prêtre catholique ». C’était l’explication de son geste.
Si nous commençons, nous autres catholiques, à avoir honte du nom de Dieu au point de ne plus vouloir l’invoquer publiquement avant de partir au combat, cela signifie que nous sommes nous-mêmes pénétrés de laïcisme. C’est grave !
(Et Dieu, en ce cas, bénira-t-il nos efforts ?)
[NB : Quant au “Monde”, il se contente, je crois, de reproduire la dépêche de l’AFP)
L&C
Nicolas a écrit:
Nous ne sommes plus en régime de chrétienté, faut-il le rappeler. On ne s’adresse plus à une société chrétienne : on s’adresse à un monde qui perd la foi et rejette de plus en plus la dimension transcendante de la Révélation Divine.
C’est vrai. Mais il me semble que la marche pour la vie s’adresse d’abord à Dieu. Ce n’est pas tant une manifestation qu’une démarche prophétique et réparatrice
En d’autres termes, cette marche s’inscrit dans le plan surnaturel plus que dans le plan naturel. Et c’est dans ces deux “dimensions” de la vie humaine que doit s’opérer la lutte contre la “culture de mort”