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France : Politique en France / Histoire du christianisme

A quand l’abrogation des décrets exterminateurs de 1793 ?

Après la proposition de loi de Dominique Souchet déposée à l'Assemblée nationale, visant à reconnaître le génocide vendéen, Bruno Retailleau a déposé une proposition de loi au Sénat, afin d'abroger les décrets du 1er août et du 1er octobre 1793. Il explique :

"La Convention vote le 1er août 1793 un premier décret dit d'anéantissement de la Vendée qui prévoit l'exécution des hommes « pris les armes à la main » mais surtout la déportation des femmes, des enfants et des vieillards. Deux mois plus tard, la Convention adopte le 1er octobre 1793 un décret modificateur qui ajoute à l'anéantissement matériel de la Vendée, l'extermination de ses habitants.

Sur le terrain, la guerre de Vendée s'achève avec la défaite de Cholet le 17 octobre 1793, la Virée de Galerne et l'écrasement de ce qui reste de l'armée vendéenne dans les marais de Savenay juste avant Noël de la même année. La Vendée est vaincue. Une oeuvre de pacification aurait pu consolider la paix civile et préparer la réconciliation. Pourtant, la violence va atteindre son paroxysme dans les premiers mois de l'année 1794 avec l'application rigoureuse des deux décrets d'anéantissement et d'extermination des 1er août et 1er octobre.

Les historiens ont désormais établi les faits. Le territoire de la Vendée militaire est alors soumis à une entreprise systématique d'extermination de masse. Carrier à Nantes trouve la guillotine trop lente et lui substitue les noyades expéditives dans la Loire de milliers de suspects, tandis que Turreau déchaîne ses colonnes infernales sur ce qui reste de population civile, blanche et bleue confondues.

Ce déchainement de violence est d'autant plus inexcusable comme le dit François Furet qu'il s'agit « d'une violence révolutionnaire, la plus inexcusable au regard même du « salut public » qui lui sert d'excuse, puisque c'est une violence de vainqueurs, exercée punitivement après la liquidation de l'armée vendéenne ».

Ce massacre collectif trouve son fondement légal dans les deux décrets du 1er août et du 1er octobre 1793. Deux armistices furent signés après Thermidor mais, depuis lors, ces deux textes n'ont fait l'objet d'aucune abrogation. Ainsi, bien qu'ils ne portent plus aujourd'hui et depuis longtemps aucun effet juridique, ils font toujours partie de notre corpus de loi. La présente proposition de loi a donc pour objet d'abroger ces deux décrets qui ont servi de base légale à de nombreuses atrocités et à l'extermination des vendéens aujourd'hui avérées."

Ces propositions de loi signeront-elles la fin du tabou sur les masacres commis par la Révolution ?

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13 commentaires

  1. La République tire sa légalité des décrets exterminateurs de 1793. Elle s’est forgée dans le sang des innocents. Elle est coupable des régicides de Louis XVI et Marie-Antoinette ainsi que de l’agonie du petit Louis XVII. Peut-on sincèrement défendre ce type de régime qui ne manque jamais une occasion pour s’ériger en juge ?

  2. Allez tous dans le maquis derrière Stofflet !

  3. Si l’on parvenait à extirper la violence de la res publica ce serait enfin un authentique “progrès” dont l’usage abusif du mot sert aujourd’hui à masquer tant de vilénies dégoulinantes du sang “trop pur” d’enfants innocents.
    Puissent ces initiatives opportunes y contribuer en ouvrant les yeux de nos compatriotes sur l’abominable réalité des fondements de la force trop souvent injuste et inhumain du droit actuel.

  4. Ces atrocités en Vendée qui ont servi d'”exemple” aux régimes totalitaires du XXe siècle (nazisme, communisme…)

  5. Pour répondre à phm :
    Bien sûr que non.
    Mais n’oublions pas qu’un Orléans, complice objectif de la Convention, a voté la mort du roi. Pour cette sele raison les Orléans devraient être disqualifiés à jamais dans leur prétention au trône de France.
    Longue vie, force et prospérité à Monseigneur Louis XX !

  6. Tout est ressenti,tout est vrai, rien n’est oublié,lorsque l’on dit le mot “France” c’est un tout moi même qui respire, qui vit, qui souffre, qui s’en va vers l’au de là. Nous qui avons vécu la guerre nous le ressentons encore plus.Merci pour ce très beau passage

  7. La au moins pas besoin de se poser la question de savoir si cette proposition est un moindre mal ou moindre pire ou que sais-je encore

  8. Je suis très surpris par l’historique inséré dans l’exposé des motifs, au sujet du décret du 1er août 1793 !
    Comme déjà posté par ailleurs, le 1er août 1793 , la Convention a pris les dispositions suivantes :
    ” Loi qui bannit de la République tous les individus de la famille des Bourbons , excepté ceux qui sont détenus au temple, et qui traduit Marie-Antoinette au tribunal extraordinaire.
    ” La Convention décrète qu’il sera envoyé dans la Vendée des matières combustibles de toutes espèces , pour incendier les bois , les taillis , les genêts -, que les forêts seront abattues, les repaires des rebelles détruits, les récoltes coupées , etc .. ”
    source : ( p 80 ) : Précis ou tableau chronologique des événements et de la législation de la Révolution …
    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57006816.r=.langFR
    Auteur : Heulhard de Montigny, Charles-Gilbert
    Éditeur : Rondonneau (Paris) Date d’édition : 1803
    ” Il n’y a plus l’ombre d’un doute ! La rupture épistémologique qui sera fatale à la République a commencé !(2)
    ====
    Y aurait-il un curieux problème de fiabilité de sources documentaires quelque part ?
    Y aurait-il des différences de contenu entre les 1 ères minutes, 2 èmes minutes des PV de la Convention et le texte imprimé conservé à l’Assemblée nationale, que ce sénateur a probablement utilisé pour son exposé des motifs ?
    Est-ce qu’un historien ou un archiviste pourrait nous éclairer et nous dire où est l’erreur, SVP ?

  9. « Les historiens ont désormais établi les faits ».
    À ma connaissance, il s’agit d’UN historien – Reynald Secher – dans sa thèse en 1983 (de mémoire…) _La Vendée Vengée_ et surtout dans son dernier livre paru récemment : _Vendée, du génocide au mémoricide_ où il extrait clairement les preuves soulignées dans l’extrait du billet.
    À noter que cela ne fait toujours pas l’unanimité, étant entendu que les « historiens » français ne sont pas là pour écrire l’Histoire mais transmettre leur histoire, ce qui nous met à égalité avec l’ex-URSS, la Chine et la Corée du Nord.
    Comment voulez-vous à partir de là qu’une machine comme l’EN enseigne quoique ce soit à nos têtes blondes si « l’élite » de la recherche n’est qu’une pâle resucée de la Pravda ?
    En tout cas, il est évident que la France ne trouvera pas la paix tant que le préjudice ne sera pas (re)connu et réparé comme il se doit.
    Paix aux âmes des glorieux martyrs vendéens qui ont versé leur sang pour le Christ.

  10. Bien d’accord avec vous, @ JRFB
    Le régicide est le point d’orgue, si je puis dire, d’une longue tradition de félonies en tous genres. Cette lignée a la trahison dans les gènes, elle l’a prouvé il n’y a pas si longtemps en se faisant débouter par un tribunal de la république (quelle honte!) de ses prétentions à usurper la place et le titre de chef de la Maison de France qui appartiennent à Mgr le duc d’Anjou, seul hériter légitime de la couronne de France.
    Tristes “sires”!

  11. @ Cril17
    Le texte fait référence à la loi du 1er août pour les déportation et du 1er octobre pour les exterminations :
    1er août :
    […]
    7) Les femmes, les enfants et les vieillards seront conduits dans l’intérieur. Il sera pourvu à leur subsistance et leur sûreté avec tous les égards dus à leur humanité
    […]
    texte qui disparaît bien sûr dans la loi du 1er octobre.
    Le texte est référencé C.A.R.A.N AFII/278/2327/16 dans le livre de Secher.
    Ce sont les archives de l’armée… et personne n’avait ce texte auparavant puisque Secher l’a extrait en premier…

  12. Dix-sept mille mercis à PK !
    Par ses découvertes, Reynald Secher a ouvert une piste de recherches, dont les résultats pourraient avoir des conséquences historiques et politiques imprévisibles à ce jour ! …

  13. Bonjour à toutes et à tous,
    Je voudrais apporter un point de vue qui pourra surprendre et paraîtra certainement moraliste. Comme décrit par Hélène Piralian-Simonyan en postface du livre de Reynald Secher (Vendée : du génocide au mémoricide. Cerf, 2011), les conséquences d’un traumatisme collectif nié se font ressentir jusque sur la vie des descendants – dont je suis. Or, pour ma part, les traumatismes subits les plus prégnants concernent mon vivant, non pas un lointain et brumeux héritage. Aujourd’hui encore, la Vendée est un territoire particulièrement violent – je pourrais en témoigner. J’espère que ceux qui réclament la reconnaissance du génocide de 1793 ont également fait le ménage, sinon dans leurs familles, en tout cas dans leur proche périmètre afin qu’ils ne laissent pas leurs souffrances familiales en héritage à leurs enfants. Ensuite, entrer en possibilité de faire le deuil et pouvoir enfin s’incrire tout entier dans la vie contemporaine est possible même sans reconnaissance sociale. De plus, l’abrogation de la Loi-décret du 1er octobre 1793 ne saurait être une fin en soi, mais simplement un début.
    Par ailleurs, il y a bien longtemps que les origines sacrificielles des sociétés de ce monde ont été dénoncées. J’en veux pour preuve le contenu du texte fondateur du théâtre tragique shakespearien, c’est-à-dire la pièce de théâtre Jules César. Combien dignes serions-nous de réclamer à corps et à cris une reconnaissance que nous n’accorderions pas même à nos proches ?
    Avant de vouloir changer le monde, il faut se changer soi-même.
    La reconnaissance du génocide perpétré à l’encontre de la Vendée militaire me parait indispensable ; cependant, ce n’est pas cela qui me fera devenir un homme contemporain et libre. Il n’y a pas que la guerre de Vendée qui ait affecté mes ancêtres ; il y a aussi les nombreuses guerres absurdes du XXe siècle (Algérie, deux guerres bi-polaires que je ne qualifierai plus jamais de mondiales…), et quantité d’autres événements qui essaiment les fondements de l’Occident tout entier (Rome repose sur des cadavres, ainsi que Athènes). Et ce fondement tout autant macabre que morbide ne nous est pas propre ; il touche la totalité des sociétés de ce monde.
    Aussi, pour conlure par ce que voudrais dire ici, c’est qu’il ne faut jamais attendre des autres de changement pour soi. Quand on fait ce qui est juste pour soi, pour du mieux et non pour un faux-semblant qui donne l’apparence du nouveau aux relents acides d’antan, alors le reste va de soi et advient ce qu’il faut en son temps. L’Occident meurt aujourd’hui de ce que ses racines pourrissaient dès les origines. Quel sorte d’arbre sain souhaiteriez-vous planter aujourd’hui ?

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