Texte reçu du père Daniel-Ange :
"Devant vos
paisibles visages, éclairés du dedans par une clarté d’ailleurs,
j’hallucine ! Me voilà complètement scotché ! Qui donc êtes
vous ?Je vais vous
le dire : vous êtes les sur-vivants d’une guerre aseptisée, les rescapés
d’un naufrage, les résistants qui refusez de laisser souiller la beauté de
votre jeunesse et ternir la pureté de vos regards. Les prophètes de la Joie,
les sentinelles du matin, les fils et filles de la Lumière: c’est vous !
Oui, chacun de vous ! En veillant au long des nuits, vous faites advenir
l’aurore.Vous débordez d’une toute neuve joie de
vivre, car vous découvrez pour quoi
vivre, selon le dernier mot d’une jeune américaine, Cassie Bernall : « Si
tu ne sais pas pour qui vivre, ce n’est pas la peine de vivre. »Vous êtes
l’espérance de la France– oui, la France espérante – et au-delà, de tous les
jeunes d’Europe qui, via Facebook et
Ipod sont rivés, nuit après nuit, guettent le moment de faire de même chez eux.
Vous allez en engendrer une multitude.
Peut-être même dans le monde entier. Face à un
raz-de-marée d’eau polluée, vous formez une lame de fond purifiant tout sur son passage.Vous dénoncez le mensonge qui vide les mots
de leur sens. Vous vous rebellez contre
une idéologie virant au totalitarisme d’Etat. Vous vous révoltez contre les manipulations frisant la dictature.Vous vous insurgez contre les aberrations qui –
tels des monstres- se profilent à l’horizon.Vous alliez la lucidité au courage. Lucidité de
votre réflexion, courage de vos actions. Lucidité intellectuelle et courage
« gestuel »l .Vous refusez qu’on vous traite comme des
imbéciles en vous forçant à penser qu’on peut « être mâle en étant féminin
et femelle en étant masculin. » Non mais ça va pas la tête !Devant une subversion anthropologique, vous êtes le
fer de lance d’une insurrection civique.
Devant une révolution contre-humanitaire,
vous forgez la rébellion de lumière.Devant
l’invasion de théories subversives de notre civilisation, vous entrez en dissidence, avant d’être peut-être,
acculés à une désobéissance civile.
Devant le
nouveau colonialisme qui vient envahir
nos esprits et pervertir notre intelligence vous entrez en résistance.
En toute connaissance de cause.
Vous voyant à
genoux, face à face devant les forces de l’ordre, me revient ce que j’écrivais
de la Pologne voici 30 ans au moment de
l’état de guerre dans un Etat contre la Nation : » Quand on matraque
ce peuple, il tombe à genoux ». Et ce mot du grand serviteur de la vie Jérôme
Lejeune : « Quand tombe le soldat, c’est à genoux qu’il se
bat. »
Vous rejetez cette chape de plomb de la
pensée unique imposée.
Vous libérez la parole, enfin !
Vous récusez la dictature du prêt à penser,
des idées imposées, des arguments bidon, de la paresse intellectuelle. Vous
savez rendre compte, expliquer le
pourquoi de votre comportement.
Vous refusez le relativisme qui conduit au
nihilisme.
Les héros de
la liberté, c’est vous. Les champions de l’écologie humaine, c’est vous. C’est vous les garants de la création qui
vous est désormais confiée en son plus
beau chef-d’œuvre : un homme et une femme qui dans l’amour font exister un
enfant, unique au monde, dont l’âme vivra toujours.
Vous vous battez pour sauver le mystère de la vie,
de l’amour et de la source même : nos familles. Déjà si fragiles, si menacées,
si attaquées. Mais en vous voyant, je vois les papas et les mamans de demain et
je devine vos futurs enfants, débordants de vie, car comblés d’un amour fidèle
en crescendo.
Vous montez au créneau pour barrer la route à
ceux qui – consciemment ou non – s’attaquent aux fondements de même de
l’existence. Dans une société virtuelle, superficielle et artificielle vous
êtes les garçons et les filles de l’essentiel.
Et cela, en toute gratuité, sans rechercher aucun avantage personnel. Mais
uniquement par amour. Par amour de votre pays, de votre peuple, de votre
nation, de votre patrie. Vous êtes ceux qui sauvent son honneur. Qui portez
haut son étendard. Vous êtes non seulement son avenir, mais son présent, car
quel présent-cadeau que votre intrépidité, inattendue, dépassant tous les
espoirs.
Sur vos
visages, je vois la France, l’Europe de demain. Je vois la nouvelle génération de politiciens qui ne
seront que les humbles serviteurs du peuple confié à leur cœur et non des
prédateurs.
Et cela-ô
stupeur- : pacifiquement et paisiblement : récusant toute violence,
renonçant à toute agressivité même verbale, à tout propos ordurier, à tout
mépris de ceux qui pensent autrement. Les mains vides vous désamorcez les
grenades, vous transpercez casques et boucliers pour rejoindre l’homme en
ses profondeurs.
Quel gendarme,
policier, CRS, n’est pas impressionné au
tréfonds de son âme, par la maîtrise de soi, le sens civique, l’auto-discipline
dont vous faites preuve. Beaucoup rêveraient d’être avec vous, de l’autre côté
de la barrière. Votre innocence désarme leur puissance. Votre calme est plus
dangereux que leurs armes, que toutes les armes du monde. Vos silences font
fléchir leur arrogance.
Ceux qui ont
peur, ce n’est pas vous. Ce sont eux. Peur de vos regards où ne transparaissent
que la paix et la détermination. Peur de vos visages où ne se lit aucune haine,
aucune révolte. Les geôliers de Maximilien Kolbe lui hurlaient : «
Ne nous regarde pas ainsi ! » Tant le Ciel se réfléchissait dans ses
yeux.
Vous retrouvez
sans le savoir la grande stratégie qui a fini par faire s’écrouler ce rideau de
fer qui pendant 50 ans a cassé en deux notre Europe.
La tactique
des foules passives, à condition d’être massives. Ces foules, surtout de
jeunes, qui ont envahi les avenues de Berlin, Vilnius, Prague, Bratislava,
Budapest, Kiev : ces révolutions dites oranges, de velours, printanières.
Leurs premiers soulèvements ont été
sauvagement réprimés dans un bain de sang, tout comme sur la place Tien-an-Men
à Pékin. Mais mêmes écrasés sous les chars, ils n’ont pas cédé. Ils ont tenu
coûte que coûte, dans la clandestinité, imaginant toutes sortes de trucs,
d’astuces et de combines pour freiner le
pouvoir totalitaire. Jusqu’à finir par remporter la victoire.
Tous ceux de
votre génération en Europe du Centre et de l’Est qui, vous voient sur la toile,
– médusés- briller tels des diamants, se rappellent immédiatement ces jours
d’il y a 30 ans qui ont fait basculer le monde de l’esclavage idéologique à la
liberté de la Vérité. Car seule la Vérité rend libre, comme Vaclav Havel,
sortant de prison l’avait écrit sur son palais présidentiel.
Micro à un
Soljenitsyne : « Une seule parole de vérité pèse plus lourd que le
monde entier »
Micro à un
Jerzy Popieluszko : « La vérité qui ne coûte rien est un mensonge.
L’amour doit aller de pair avec le courage. La nation dépérit lorsqu’elle
manque de courage, lorsqu’elle se ment à elle-même. »
En
voyant certains, brutalisés, provisoirement kidnappés, je revoyais à Varsovie,
ces jeunes priant, chantant toute la nuit autour de grandes croix en fleurs, se
faire brutalement embarquer par la police et bâillonnés, continuer à prier et
chanter. Car « si eux se taisent, les pierres crieront. »
Et vous voilà à votre tour,
traités comme des salopards. Votre crime ? Oser dire, avec vos pieds
battant le pavé, ce que toute l’humanité depuis la nuit des temps et dans tous
les pays sait d’instinct : tout bébé a le droit de dire : papa,
maman, sans mentir. C’est tout. Eh bien ! Cela devient du jour au
lendemain, passible de prison.
Non,
mais ! On marche sur la tête ! Mais en ce cas, on perd vite
l’équilibre et on s’écroule. Merci de rester équilibrés, de rester des êtres
humains.
Au
forceps, on passe des lois infantiles, qui violent la conscience humaine, qui
violeront psychologiquement des enfants, frustrés de leurs repères essentiels.
Des lois immorales, tout en voulant moraliser la politique.
On
tente de vous empêcher de manifester, de parler, presque de penser, de
réfléchir … Cela dan un pays qui se vante de sa démocratie, qui
« cocorique » sur la liberté d’expression, se gargarise des droits de
l’homme tout en bafouant les premiers droits des enfants : le droit à la
vie, à la vérité, à la beauté, à l’amour. Mais à cette violence
institutionnelle, vous répondez par la non-violence. Et pour sauver le simple
bon sens, vous voilà prêts à l’objection de conscience. Héroïquement. Cet acte
de liberté suprême, personne jamais ne pourra vous l’arracher.
Ce
que vous faites, le grand Gandhi en rêvait. Ainsi qu’Albert Einstein :
« Ne fais rien contre ta conscience, même si c’est l’Etat qui te le
demande. »
C’est vous qui
êtes justes, vrais, honnêtes. Non et non, on ne joue pas avec la vie d’un
enfant. Oui, et oui, la Vie vaut la peine d’être défendue, protégée,aimée. A
n’importe quel prix, car elle est sans prix.
Eliminer
en catimini un enfant dont le seul crime est de n’être pas aux normes ou copie-conforme à la
commande : non, ça plus jamais ! Fabriquer des semi-orphelins qui ne
connaîtront jamais leur géniteur et leur ascendance : non ça, plus
jamais !
Et
comment ne pas me sentir tout petit devant vous, les merveilleuses mères-veilleuses, courageuses petites
mamans qui veillez ( dans le froid) des nuits entières simplement pour sauver
d’avance ce mystère de la vie en son extrême fragilité, là où elle est la plus
menacée, la plus méprisée : là où elle est la plus divine. Vous sentez
comme personne le trésor sans prix d’un tout petit qu’on n’a pas le droit
d’arracher à son premier berceau. Vos larmes de mères l’emporteront sur les
armes de tout Etat totalitaire.
A
travers vous, c’est une génération neuve qui se lève, se soulève.
Sur une
pelouse, un trottoir, une place. N’es-tu pas l’ambassadeur de ton peuple, de ta
famille, amis, camarades qui ne peuvent t’y rejoindre, du moins ce soir ?
Heureuse,
bienheureuse votre génération à qui il est donné de vivre une époque aussi
passionnante, des événements aussi enthousiasmants, de poser des actes aussi
percutants.
Pour
ainsi réveiller tout un peuple de sa léthargie, de son indifférence, de sa
couardise : soyez bénis !
Pour secouer
nos politiciens de leurs lâchetés, nos idéologues de leurs hypocrisie et nos
dirigeants de leur autisme : soyez bénis !
Pour arracher
les adultes à leur confort, à leur égocentrisme et donc à leur morosité : soyez bénis !
Nous, adultes,
puissions-nous être dignes de votre courage, de votre audace, de votre
détermination. Etre à la hauteur de vos cœurs.
Puissions-nous ne pas vous décevoir mais plutôt nous laisser entraîner
par votre juvénile enthousiasme et, boostés par vos audaces, nous battre courageusement pour que votre
voix ne soit pas bâillonnée, votre joie surtout pas étouffée, que votre
espérance ne soit pas étranglée. Oui, pour que jamais, jamais, votre génération
ne sombre dans notre indifférente lassitude.
Non, vous ne lâcherez pas. Vous ne faiblirez pas. Vous ne renoncerez
pas. Vous ne cèderez pas. N’ayez
pas peur ! C’est vous déjà les grands vainqueurs. On ne maîtrise pas longtemps un peuple par la
terreur intellectuelle. On ne construit pas indéfiniment une société sur des
mensonges et tôt ou tard, elle s’écroule. Et la Vérité l’emportera sur les
caricatures du menteur, la Vie sur les agressions de l’homicide.
Vous êtes la fierté de votre
génération, l’avenir de la France, de l’Europe, de l’humanité, les vrais
prophètes de notre futur, de ceux qui font advenir l’aurore après avoir étoilé
nos nuits.
Soyez-en
bénis à jamais !
Micro à Bob Marley :
Get
up ! Stand up for your right !
Get
up ! Don’t give up the fight
Get
up ! Life is your right
Bonsoir
et belle nuit.