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Immigration / L'Eglise : Foi

Accueillir l’étranger ou offrir l’hospitalité le temps d’une étape ?

Extrait de l'intéressante homélie d'hier de l'abbé Pagès :

"[…] L’actualité ne nous met pas sous les yeux seulement les crimes commandés par Allah dans son Coran, mais aussi, hélas, des foules de migrants, musulmans surtout, que les Occidentaux s’imaginent devoir accueillir parce que Jésus aurait dit : « J’étais un étranger et vous M’avez accueilli. (Mt 25.35) ». Or, de même que le cinquième commandement n’est pas « Tu ne tueras pas. », mais « Tu ne commettras pas de meurtre. », ce qui n’est pas la même chose, de même, ce verset est mal traduit.

Le mot Xénos ―qui a donné xénophobe ―, traduit ici par étranger, signifie aussi hôte, la personne qui héberge ou celle qui est hébergée, et qui donc est de passage. Le latin de la Vulgate donne hospes, l’hôte, celui à qui on donne provisoirement l’hospitalité. C’est ce sens que l’on retrouve dans la Bible, lorsque par exemple saint Paul écrit aux Corinthiens : « J’irai chez vous, après avoir traversé la Macédoine […]. Peut-être séjournerai-je chez vous ou même y passerai-je l’hiver. (1 Co 16.5-6). », lorsqu’il écrit aux Colossiens : « Aristarque, mon compagnon de captivité, vous salue […] s’il vient chez vous, faites-lui bon accueil. (Col 4.10) », et enfin lorsqu’il écrit : « Gaïus, qui est mon hôte et celui de l’Église entière, vous salue. (Rm 16.23) », en grec : « Gaios ho xénos mou. », il ne dit pas que Gaïus est un étranger ! Bref, pas plus saint Paul que ses compagnons ne sont des migrants, ce sont des visiteurs.

L’idée n’est donc pas d’accueillir l’étranger à demeure, mais de lui offrir l’hospitalité le temps d’une étape. En fait le mot d’étranger au sens d’immigré, n’est pas utilisé dans l’Évangile, mais seulement dans l’Épitre aux Éphésiens, et de façon péjorative. Saint Paul écrit : « Vous n’êtes plus des hôtes ni des étrangers ; vous êtes concitoyens des saints, vous êtes de la Maison de Dieu. (Ep 2.19) ». Saint Paul utilise donc deux mots différents : « Xénoi kai Paroikoi » (en grec), « hospites et advenae » (en latin), pour embrasser entre ces deux termes, l’hôte de passage et l’immigré, la totalité des situations possibles en lesquelles les chrétiens ne se trouvent plus depuis qu’ils ont établi leur demeure en Jésus.

Bref, notre salut se joue sur l’hospitalité que nous accordons ou non à l’hôte de passage, mais non pas à l’envahisseur ! C’est si vrai que saint Jean commande : « Si quelqu’un vient à vous sans apporter cette doctrine [c’est-à-dire l’Évangile, comme c’est le cas des musulmans], ne le recevez pas chez vous. Quiconque le salue participe à ses œuvres mauvaises. (2 Jn 1.7-11) »… Eh bien, que d’œuvres mauvaises de nos jours ! […]"

La traduction de Lemaistre de Sacy indique en effet : "j’ai eu besoin de logement, et vous m’avez logé" ; et celle de Vigouroux : "J’étais sans asile, et vous M’avez recueilli".

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