Le pape Benoît XVI a célébré ce matin la messe en la
basilique Saint-Pierre, en la fête du Christ
Roi de l’Univers, entouré des
six nouveaux cardinaux. Extraits de son homélie :
"[…] « C’est toi qui dis que je suis
roi. Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre
témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité, écoute ma
voix » (18, 37). Jésus parle de roi, de royaume, cependant, il ne se
réfère pas à la domination, mais à la vérité. Pilate ne comprend pas :
peut-il exister un pouvoir qui ne s’obtient pas par des moyens humains ?
Un pouvoir qui ne réponde pas à la logique de la domination et de la
force ? Jésus est venu révéler et apporter une nouvelle royauté, celle
de Dieu ; il est venu rendre témoignage à la vérité d’un Dieu qui est
amour (cf. 1 Jn 4, 8.16) et qui veut établir un royaume de justice,
d’amour et de paix (cf. Préface). Celui qui est ouvert à l’amour, écoute
ce témoignage et l’accueille avec foi, pour entrer dans le royaume de
Dieu.Nous retrouvons cette perspective dans la première lecture que nous
venons d’écouter. Le prophète Daniel prédit le pouvoir d’un personnage
mystérieux placé entre ciel et terre : « Je voyais venir, avec les nuées
du ciel, comme un fils d’homme ; il parvint jusqu’au Vieillard, et on
le fit avancer devant lui. Et il lui fut donné domination, gloire et
royauté ; tous les peuples, toutes les nations et toutes les langues le
servirent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera
pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite » (7, 13-14).
Ces paroles annoncent un roi qui domine de la mer à la mer jusqu’aux
bouts de la terre, grâce à un pouvoir absolu qui ne sera jamais détruit.
Cette vision du prophète – une vision messianique – est éclairée et
trouve sa réalisation dans le Christ : le pouvoir du vrai Messie –
pouvoir qui ne décline jamais et qui ne sera jamais détruit – n’est pas
celui des royaumes de la terre qui s’élèvent et s’écroulent, mais celui
de la vérité et de l’amour. Cela nous fait comprendre comment la royauté
annoncée par Jésus dans les paraboles et révélée ouvertement et
explicitement devant le Procureur romain, est la royauté de la vérité,
l’unique qui donne à toute chose sa lumière et sa grandeur.Dans la deuxième lecture, l’auteur de l’Apocalypse affirme que nous
aussi nous participons à la royauté du Christ. Dans l’acclamation
adressée à « celui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par
son sang », il déclare que celui-ci « a fait de nous le royaume et les
prêtres de Dieu son Père » (1, 5-6). Il est clair ici aussi qu’il s’agit
d’un royaume fondé sur la relation avec Dieu, avec la vérité, et non
pas un royaume politique. Par son sacrifice, Jésus nous a ouvert le
chemin pour une relation profonde avec Dieu : en lui, nous sommes
devenus de véritables fils adoptifs, nous sommes rendus ainsi
participants de sa royauté sur le monde. Être disciples de Jésus
signifie donc ne pas se laisser séduire par la logique mondaine du
pouvoir, mais apporter au monde la lumière de la vérité et de l’amour de
Dieu. L’auteur de l’Apocalypse étend ensuite son regard à la deuxième
venue de Jésus pour juger les hommes et établir pour toujours le règne
divin, et il nous rappelle que la conversion, comme réponse à la grâce
divine, est la condition pour l’instauration de ce royaume (cf. 1, 7).C’est là une invitation pressante adressée à tous et à chacun : nous
convertir toujours au règne de Dieu, à la seigneurie de Dieu et de la
Vérité, dans notre vie. Chaque jour, nous l’invoquons dans la prière du
‘Notre Père’ avec les paroles : « Que ton règne vienne » ; cela revient à
dire à Jésus : Seigneur fais-nous devenir tiens, vis en nous, rassemble
l’humanité dispersée et souffrante, pour qu’en toi, tout soit soumis au
Père de miséricorde et d’amour.À vous, chers et vénérés frères Cardinaux – je pense particulièrement
à ceux qui ont été créés hier – est confiée cette lourde responsabilité
: rendre témoignage au règne de Dieu, à la vérité. Cela signifie faire
émerger toujours la priorité de Dieu et de sa volonté face aux intérêts
du monde et à ses puissances. Soyez les imitateurs de Jésus, qui, devant
Pilate, dans la situation humiliante décrite par l’Évangile, a
manifesté sa gloire : celle d’aimer jusqu’au bout, en donnant sa propre
vie pour les personnes qu’il aime. C’est la révélation du règne de
Jésus. Et c’est pourquoi, d’un seul cœur et d’une seule âme, prions : «
Adveniat regnum tuum » (Que ton règne vienne). Amen."