Minute a assisté à l'avant première du téléfilm sur la mort de Robert Boulin :
"[…] Il y a l’engrenage et le piège dus à la perversité du faux ami Henri
Tournet. Il y aussi, et surtout, l’engrenage politique de la « guerre des droites » en une « époque très violente »
qui vit de nombreuses morts mystérieuses jamais élucidées (de Broglie,
Fontanet, Journiac, etc.) ainsi que Pierre Aknine, le réalisateur, l’a
rappelé hier soir.L’ombre, les ambitions, les manières exécrables, les trahisons à répétition de Jacques Chirac – « un mélange de Rantanplan et de Bonaparte »
dit de lui l’épouse, admirable, de Robert Boulin – planent sur tout le
film, dont l’arrière-plan, qui est en réalité le premier plan et la
trame de la tragédie, est sa conquête du pouvoir par tous les moyens,
avec la complicité des vieux réseaux gaullistes barbouzards alors que
les vrais gaullistes, comme Robert Boulin ou comme Jacques
Chaban-Delmas, s’opposent à son ascension, au scrutin truqué qui le
porte à la tête de l’UDR en 1974, à ce « putsch d’arrière-cuisine » auquel Boulin ne peut pas se résoudre.Robert Boulin, bien que ministre de premier plan sous les présidences
du général De Gaulle, de Georges Pompidou et de Valéry Giscard
d’Estaing – hormis durant les deux années où Jacques Chirac est premier
ministre… –, est un naïf. Cet homme seul, qui ne dispose pas du moindre
réseau et ne peut compter sur personne, hormis sur l’amitié de Chaban,
lequel n’a plus aucun poids politique, croit qu’il a « les moyens de les faire exploser un par un »
avec les dossiers qu’il possède sur le financement du RPR, créé en 1976
pour porter Jacques Chirac à la présidence de la République ou, du
moins, pour en éjecter Valéry Giscard d’Estaing.Il croit que la menace de révéler une gigantesque arnaque à la
Sécurité sociale qui n’est jamais devenue une « affaire » puisqu’elle a
été étouffée – arnaque qui a servi à financer l’UDR ! – va « les » faire
plier. Il croit qu’en enquêtant, seul, en complétant son dossier avec
des pièces nouvelles, comme des photos attestant du financement du RPR
par des valises de billets en provenance de régimes africains – la
fameuse « Françafrique » dont Foccart est le maître d’œuvre –, il va
pouvoir faire « exploser » Jacques Chirac et les siens, ou du moins les
empêcher de commettre le pire : faire élire François Mitterrand à la
présidentielle de 1981 dans le seul but de faire table rase, à droite,
pour permettre à Chirac de conquérir le pouvoir. […]"