Extraits de l'homélie de Dom Jean Pateau, père Abbé de Notre-Dame de Fontgombault :
"[…] La foi se trouve donc au centre d’un combat qui se livre en nous.
D’un côté, il y a le mode naturel de connaissance de l’être humain,
qui part
du sensible, de ce que nous voyons, de ce que nous touchons, de ce
que nous sentons, de ce que nous entendons, de ce que nous goûtons.
Dieu, lui, a le “défaut” de n’être pas sensible. La foi
se heurte ainsi au naturalisme, doctrine qui affirme que la nature
n’a pas d’autre cause qu’elle-même et que rien n’existe en dehors
d’elle. Si nous ne soutenons pas cet enseignement, une forme
diminuée du naturalisme, le naturalisme pratique, n’a-t-il pas sa
place dans notre cœur ?Nous croyons en Dieu, mais au fond nous vivons comme si Dieu n’existait pas.
L’autre protagoniste dans le combat de la foi, c’est Dieu. Dieu qui, depuis le premier péché,
depuis le jardin d’Éden, part constamment à la recherche de l’homme.
L’homme, quant à lui, souvent se cache ou ferme les
yeux. […]Alors que l’Année de la foi s’écoule, deux questions se posent à chacun d’entre nous.
Ai-je la foi ?
Quelles sont les conséquences de cette foi sur ma vie, sur le
déroulement de mes journées ? Le fait que Dieu existe, qu’il soit
créateur du monde, qu’il m’ait sauvé à travers le mystère
pascal, qu’il m’aime, engendre- t-il quelque chose de concret dans ma
vie, ou, au contraire, Dieu doit-il se contenter d’une aumône,
donnée comme à contrecœur, telle une participation occasionnelle
à la Messe dominicale, une rare prière familiale, une prière jaillie
d’un cœur préoccupé et dite sans attention ?L’important dans la relation
à Dieu n’est pas de se lancer dans des pratiques extraordinaires,comme
dans des pèlerinages ou des sessions. Ces actions
stimulent notre foi, certes, mais rien ne remplacera jamais
l’incarnation dans notre présent de l’affirmation : Dieu est, il
cherche à me rencontrer, il m’aime, alors moi aussi je cherche à le
connaître et je l’aime. […]"