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Culture de mort : Euthanasie

Aide au suicide de l’Europe

Aide au suicide de l’Europe

De Roland HUREAUX, agrégé d’histoire:

Malgré un contexte international tourmenté (Ukraine où la situation est loin d’être stabilisée, et surtout Proche-Orient),  la loi sur l’euthanasie, aujourd’hui soumise au Sénat, suit son cours. Euthanasie : un mot dont on a déjà honte, préférant « aide active à mourir »  ; cela reste néanmoins, de quelque manière qu’on le désigne, un acte de mort donné volontairement à une personne, consentante ou non.

Mais, dira-t-on, ce n’est qu’une loi « sociétale » sans rapport avec ce qui se passe sur la scène internationale. Pourtant, dans les deux cas, on touche la mort.  Dans la guerre comme dans le suicide   assisté ou pas, est à l’œuvre ce que Freud appelle l’instinct de mort.

Le premier grand programme d’euthanasie, dit Aktion T4 a débuté le 1er septembre 1939, le jour même où commençait  cet effroyable massacre que fut la seconde guerre mondiale.

La mort volontaire s’appelle le suicide. Le projet de loi Macron arrive à un moment où les signes d’un suicide collectif de l’Europe se multiplient.

D’abord la démographie. Le covid a causé une chute brutale de la fécondité en France qui nous éloigne du seuil de renouvellement qui est, on le sait, de 2,1 enfants par femme. Il est tombé sous Hollande et Macron (dont on sait comment ils ont opéré des coupes sombres    dans la politique familiale) à 1,8 ; il serait aujourd’hui au-dessous de 1,5 (en incluant la natalité plus forte des populations immigrées).  Cela représente une réduction de la population de près de 30 %   à chaque génération :  l’espérance de vie de la France est faible. Il n’en va pas différemment dans le reste de l’Europe.

Frappé de l’atmosphère déprimante dans laquelle ils sont accueillis dans la société, et marqués par la propagande intense qui, dès la petite école, prône la décroissance, les privations, – et sans qu’on le dise explicitement, le chômage de masse, effet direct de la décroissance, culpabilisés par l’idée de polluer la terre en mettant au monde des enfants, près de la moitié de nos jeunes  ne  veulent pas  d’enfants.   Tout se passe comme si, sous prétexte de défendre la nature, l’homme était devenu un ennemi.

L’esprit suicidaire touche aussi l’économie : la gestion de l’énergie, beaucoup plus chère, non par épuisement des ressources mais du fait de décisions politiques (sanctions, marché unique de l’électricité), la défense, largement démantelée par des envois d’armes en Ukraine, sans qu’on en sache l’utilité et qui occasionnent d’étranges trafics : certaines de ces armes ont été trouvées à Gaza.

Il n’est que de regarder ce qui se passe dans le pays qui ont adopté l’euthanasie : Pays-Bas, Belgique, Suisse, Canada : beaucoup de nos correspondants témoignent de l’atmosphère débilitante qui y règne.

Cette atmosphère touche en particulier les hôpitaux où, chez nous, bien peu de soignants aspirent à ce que s’ouvre un « couloir de la mort ». Les associations qui refusent l’euthanasie représentent en France 80 % des soignants. Apparemment Macron est prêt à passer   outre. L’épidémie de covid a montré les difficultés de fonctionnement de l’hôpital français, naguère si efficace. Au moment où tant de services sont fermés, tant de postes vacants, n’y a-t-il rien de plus urgent que d’ouvrir des services d’euthanasie ?

Il y aura peu de demandes dit-on. Voire ! Les pays précités et d’autres nous montent combien l’ouverture d’un droit à l’euthanasie   ouvre la porte à des abus : il n’est pas question que d’adultes, en Belgique la procédure a été ouverte à des adolescents, voire à des enfants. Il n’est pas question non plus que de souffrances physiques, sont aussi, de plus en plus, prises en compte les souffrances morales. Imaginons un adolescent qui connait un chagrin d’amour. Ils se fera reconnaitre en état dépressif par un médecin. Cet état supposé lui donnera « droit » au suicide assisté !

Il s’agit d’une réforme typiquement idéologique. Qu’est-ce qu’une réforme idéologique ? Une réforme qui ne vise à apporter   aucune solution à un problème mais   a pour but de mettre en œuvre une idéologie. En l’occurrence celle selon laquelle l’homme doit être entièrement maître de son destin, y compris de sa mort. Etendront-ils cette logique à l’humanité qui, grâce à l’arme atomique, est-elle aussi aujourd’hui maîtresse de son destin ?

Une réforme qui n’est pas nécessaire, car les soins palliatifs ont fait tant de progrès que les cas où l’euthanasie pourrait être envisagée ont pratiquent disparu. Le « droit » à l’euthanasie, les exemples étrangers le montrent, y mettrait fin à ces services où tant de soignants se dévouent pour adoucir les derniers jours des patients.  Le grand public ne le sait pas toujours car une partie confond l’euthanasie active avec le refus de l’acharnement thérapeutique, désormais encadré par la loi Léonetti, qui  n’est pas en cause ici.

Les abus que nous venons de signaler sont une des raisons pour lesquelles les grandes puissances se sont gardées de s’engager dans cette voie : seulement cinq Etats sur cinquante aux Etats-Unis, ni la Russie, ni la Chine, ni l’Inde, ni aucun des grands pays européens[1].

En ce domaine, comme en d’autres, la France se déclasserait en suivant le projet présidentiel relatif à la « fin de vie ».

[1] Certains pays comme l’Allemagne sont allés jusqu’au suicide assisté mais ont refusé l’euthanasie active. Nous n’avons pas inclus le Canada, très étendu mais peu peuplé, dans les grandes puissances.

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