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France : Politique en France

Allocution d’Emmanuel Macron du 9 novembre : agenda démocratique ou agenda davocratique ?

Allocution d’Emmanuel Macron du 9 novembre : agenda démocratique ou agenda davocratique ?

Analyse d’Alliance pour la France :

Emmanuel Macron a livré aujourd’hui une prestation emblématique des deux agendas qui façonnent notre vie publique et plus gravement notre destin.

Il a présenté en apparence les étapes de l’agenda démocratique qui trouvera son acmé dans l’élection présidentielle en 2022.

Il dresse d’abord un bilan de sa politique sanitaire, confirme la 3ème dose pour les plus de 65 ans, exhorte les non-vaccinés à la faire, non plus pour « protéger les autres » mais pour « se protéger eux-mêmes », les enjoignant manifestement à rester dans leur égoïsme si outrageusement dénoncé le fameux 12 juillet. Emmanuel Macron vante son bilan sanitaire mais demeure dans l’optique d’un schéma vaccinal à accomplir pour les uns et à poursuivre pour les autres. A l’issue de l’intervention, nous ne savons toujours pas si une bataille a été gagnée, si la guerre a été pliée, où s’il faut encore construire des armes de guerre. Nous n’avons aucune échéance sur le plan de bataille. Bref, nous avons l’impression de vivre un guerre, avec une arme absolue – le vaccin, dont les commandes massives ont montré le caractère vital, une armée – les soignants – décimée par le honteux passe sanitaire et cyniquement remerciée, et un ennemi – le virus dont on ne connaît plus trop la forme – quel variant ? quelle vague ?

Le Président de la République dresse un bilan soviétique de ses « réussites » sociales et économiques : le taux de croissance est de 6%, le pouvoir d’achat des bas salaires a augmenté de 170 €, le taux de chômage n’a jamais été aussi bas depuis 15 ans et l’on se prend même à viser le plein emploi. Les dépenses publiques sont réelles certes mais visent un investissement massif et un soutien aux entreprises en difficultés, dispositif maintenu. L’ordre public est assuré par une politique de sécurité irréprochable. Le chiffrage technocratique est habilement asséné mais les Français voient dans ce panorama une France qu’ils ne vivent pas, une para-France, celle d’un discours qui rappelle le maquillage du réel par le Parti communiste d’Union Soviétique comme le décrit excellemment Michel Heller dans La Machine et les Rouages.

Naturellement, un bilan si brillant appelle une poursuite dans l’action. « Les résultats sont là mais du travail reste à faire », bien entendu… Emmanuel Macron a effectivement esquissé les axes de sa campagne que l’on peut rassembler autour d’une perspective : incarner le nouveau parti de l’Ordre et rassembler toutes les forces de l’extrême-centre. Le candidat Macron a tracé les contours de sa politique sociale post-2022 : obligation pour les chômeurs de répondre favorablement à des offres d’emploi sous peine de suspension des allocations chômage (qui rappellent la loi TEPA sous Sarkozy), repenser les régimes des retraites en éliminant les régimes spéciaux et en alignant le public et le privé, augmentation de l’âge légal de départ à la retraite et assouplissements divers. A noter, la construction de nouveaux réacteurs nucléaires de type EPR, scellant l’alliance entre impératifs écologiques et politique nucléaire. Emmanuel Macron a réaffirmé la continuité de sa politique de sécurité et a maintenu le régime du passe sanitaire dans les restaurants, bars, lieux de culture et salle de sport. Le tout couronné par un « Croire en la France » qui rappelle le slogan de campagne d’Edouard Balladur en 1995. Ce nouveau parti de l’Ordre a des atouts en main. Il a lui-même crée le chaos qu’il se propose de résoudre et peut opérer de fait une séduction sur l’électorat.

Il faut l’admettre. La prestation de Macron a été réussie. Il a occupé la scène et nous a habilement caché les coulisses, beaucoup plus finement en tous cas que ce sinistre 12 juillet. Derrière la scène de l’agenda démocratique, l’agenda davocratique était subtilement structurant dans son intervention.

La politique sanitaire reste d’actualité. En conditionnant le passe sanitaire à la 3ème dose pour les plus de 65 ans et en évoquant l’éligibilité du « rappel » pour les 50-65 ans, E. Macron floute les frontières médicales des populations à risques pour faire intervenir un seuil arbitraire de 50 ans. Ne serait-ce pas une tactique pour grignoter les tranches d’âge et finir par faire avancer la généralisation de la 3ème dose. Le flou dans le calendrier et dans les publics visés permet de le penser. Rien n’a été dit sur les effets secondaires notamment du vaccin Moderna sur les moins de 30 ans selon la Haute Autorité de Santé qui n’est pas nécessairement une instance complotiste. Ne parlons pas des révélations sur le docteur Fauci et la »recherche sur les gains de fonction » qui ont défrayé la chronique ces derniers jours. Bref silence radio sur ces questions. Nous restons dans la mystique vaccinale du vaccin sauveur du chaos pandémique, le narratif de Klaus Schwab dans Covid-19, La Grande Réinitialisation.

L’insistance sur les politiques sociales aurait de quoi surprendre si l’on ne mettait l’intervention en contexte. Klaus Schwab, dans le livre précité, appelle assez pompeusement à un « nouveau contrat social ». Macron a tracé les contours de ce nouveau contrat : la « liberté » conditionnée par la « responsabilité ». La responsabilité est précisément l’adaptation au monde nouveau créé par le paradigme de la Grande réinitialisation. Que doit-on lire derrière ce terme de « responsabilité » ? Vaccination ? Acceptation du traçage ? On remarquera que le Président n’a pas évoqué le moindre retour à la vie d’avant comme s’il avait intégré le « Jamais » de Schwab. Au contraire, il faut maintenant se projeter vers l’avenir dans une vision presque mystique. Il faut ouvrir des perspectives, « croire » en la France, en ceux qui la pilotent et en ceux qui sont initiés aux nécessité du temps. Il existe désormais deux catégories : les élites initiés aux mystères de la 4ème révolution industrielle, qui savent ce qu’il faut pour l’homme et le reste de l’humanité, non initiée, ne pouvant faire autre chose que suivre. Laisser s’exprimer les non-initiés, leur donner voix au chapitre est sacrilège. C’est laisser l’ignorance à la barre. La suspension patente des libertés fondamentales, la crise évidente des institutions démocratiques en France sont le signe inquiétant de cette tyrannie des initiés qui rendent obsolète le schéma démocratique. La bulle cognitive des initiés est celle du changement de l’homme, du changement d’homme. Le Club de Rome a bien précisé dans les années 70 que « L’ennemi c’est l’humanité elle-même ». La COP 26, dont Macron n’a que peu parlé, est dans la poursuite de cette idéologie. Derrière les initiés, derrière la scène du personnage Macron, il y a Bill Gates, Klaus Schwab, leur fusion du biologique et du numérique, l’élaboration d’un homme augmenté, avec des codes nouveaux, des désirs nouveaux, des renoncements nouveaux, un homme augmenté qui n’est plus l’homme, car l’homme est l’ennemi. Il faut avoir cela à l’esprit lorsqu’on écoute Macron… Comment faire pour forcer la main de sociétés protectrices jusqu’alors des libertés fondamentales. En trouvant les modèles politiques ailleurs : le modèle chinois n’est sans doute pas une fin en soi mais il est adopté avec zèle par beaucoup de pays occidentaux justement comme un instrument de transition politique à mon sens afin d’assurer la transition anthropologique.

Enfin, le Président de la République nous a gratifiés des enjeux géopolitiques de demain. Là encore, l’élève Macron a presque dépassé le maître Schwab. « Croire en la France » signifie bien garder un Etat, un fantôme de France en ayant pris soin de la dépouiller de ses ancrages historiques, mémoriels, civilisationnels. Macron voit l’avenir de la France dans une plus grande « indépendance » vis-à-vis des Etats-Unis et de l’Asie. Malin. Ce faisant, il adopte la géopolitique du Great Reset visant à une régionalisation du monde. Les Etats, selon Schwab, demeurent mais s’intègrent fortement à de grands ensembles qui ont une force économique et géopolitique supérieure aux Etats. Le credo de Macron sur l’Europe s’inscrit pleinement dans cette perspective.

La régionalisation, Macron le sait, est le point d’étape d’une plus grande intégration politique au niveau mondial.

A titre d’exemple, le bureau régional de l’OMS a chargé en septembre 2021, la Commission paneuropéenne de la santé et du développement durable de formuler des recommandations. Il ressort de ce rapport plusieurs conclusions : une idéologie « One Health, une seule santé », une politique de santé unifiée dans une acception très large du terme « santé » allant de l’écologie, à la santé animale, environnementale et humaine, la création d’un Conseil mondial de la santé sous la responsabilité du G20, une instance destinée à être décidément de plus en plus décisionnelle. De surcroît, lorsqu’à la COP 26, le Prince Charles, au demeurant fondateur avec Klaus Schwab de la Grande réinitialisation, affirme que nous avons besoin d’une « vaste campagne de type militaire » pour mobiliser la force du secteur privé mondial, que public et privé doivent s’unir dans une action qui ne peut être que globale, on ne peut que reconnaître la constitution patiente d’un Nouvel Ordre Mondial qui investit le domaine sanitaire, écologique dans un objectif qui me semble politique mais aussi anthropologique. Ne pas entendre cela, dans les mots de Macron, revenait à se laisser berner par son habileté et à rester les yeux rivés sur la scène.

Tiens ! Un absent dans cette allocution du 9 novembre. Oh ! il est vrai qu’évoquer la Résistance eût été vis-à-vis des maîtres en soumission du plus mauvais effet…

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