3 députés LREM viennent de quitter le groupe (Frédérique Lardet, Paula Forteza et Valerie Petit) et 2 autres sont exclus (Sabine Thillaye et Cédric Villani). Sabine Thillaye était en conflit avec sa famille politique parce qu’elle refusait de céder sa place à la tête de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée. Dans un communiqué, Sabine Thillaye dénonce son exclusion du groupe LaREM.
« Une décision dictée par une logique d’appareil (qui) tourne le dos aux idéaux du mouvement et aux respects des institutions. »
De son côté Paula Forteza explique :
Depuis la rentrée 2019, nous sommes nombreux, au sein de la majorité, à attendre l’Acte II. Je suis de celles et de ceux qui espéraient un tournant social et écologique. Malheureusement, nous assistons à la politisation de sujets qui attisent les divisions — je pense notamment aux débats sur l’immigration –, alors que les priorités des français sont toutes autres, en ce qui concerne l’environnement, la démocratie, et la lutte contre les inégalités.
« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs » : cette phrase qui nous a été tristement rappelée l’année dernière est criante d’actualité. De nombreux départs ont déjà exprimé à quel point notre action n’est pas à la hauteur. […]
En 2017, nous étions censés faire la “révolution”, du titre du livre programmatique qui nous a tous tant inspiré. Nous en sommes aujourd’hui si loin. Nous voulions combattre les appareils : nous en avons recréé un de toutes pièces. Nous prônions le renouvellement : trois ans plus tard, nous n’investissons que des maires sortants. Nous promettions de changer les pratiques : nous reproduisons intégralement le fonctionnement des majorités qui nous ont précédés. Si nous avons contribué à la féminisation de la politique : un nouveau plafond de verre s’est installé et le sommet de l’État reste cruellement réservé aux hommes. Nous voulions faire du numérique et des nouvelles technologies un vecteur de progrès : l’ordre du jour n’est plus aux ressources partagées, ni à la défense des libertés.
Nous avons été élus sur une promesse, celle de construire une société ouverte, à la diversité, à celui qui pense différemment. Aujourd’hui j’ai le sentiment que nous nous replions sur nous-mêmes et que nos politiques sont perçues par nos concitoyens comme brutales. Nous avons plus que jamais besoin d’apaisement. La réforme des retraites en est le dernier exemple. Telle que nous l‘avons porté pendant la campagne, elle me semble juste et nécessaire. Seulement, des citoyens, aux partenaires sociaux en passant par les conseillers d’Etat, tous auraient préféré un dialogue plus approfondi. Nous sommes, au contraire, tombés dans le piège de la démonstration des rapports de force.
[…] La verticalité du pouvoir n’est non seulement pas souhaitable, mais désormais inopérante. Ne pas se rendre à l’évidence, c’est laisser place à l’escalade de la violence, à la banalisation de la colère, au recours à des lois dangereuses pour l’équilibre de nos institutions. Nous devons inventer de nouvelles formes de gouvernance : ouvertes, transparentes, décentralisées. Organiser la porosité entre les pouvoirs publics et la société civile. Être plus agiles, plus à l’écoute, plus disponibles. C’est dans les territoires, au niveau local, que nous pourrons apporter des réponses aux défis de notre temps, j’en suis convaincue : l’échelon de la proximité, de l’humanisme, de la fabrique des solutions du quotidien.