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« Ami pèlerin, sais-tu quelle est ta destinée ? »

« Ami pèlerin, sais-tu quelle est ta destinée ? »

Voici l’homélie prononcée par le père Augustin-Marie Aubry, prieur de la Fraternité Saint-Vincent Ferrier, le dimanche de Pentecôte devant les milliers de pèlerins de Notre-Dame de Chrétienté ainsi que les téléspectateurs de CNews :

Venez, Saint-Esprit, envoyez du Ciel
un rayon de votre lumière
pour éclairer nos âmes
sur le mystère de notre destinée !

À vous tous qui êtes au pied de l’autel, à vous tous pèlerins non marcheurs du chapitre des Anges gardiens, à vous tous qui suivez à distance cette messe de Pentecôte du pèlerinage de Chartres, je pose cette question :

Ami pèlerin, sais-tu quelle est ta destinée ?

En partant de Paris hier matin, nous connaissions notre destination : Notre-Dame de Chartres. Et nous savions qu’il nous faudrait marcher, sans nous égarer ni nous décourager, pour atteindre le but. Notre pèlerinage de trois jours est une métaphore de la vie humaine.

La Cité sainte

Le but de notre marche, c’est une cathédrale. Cette cathédrale de pierre représente la Jérusalem céleste, cette Cité que saint Jean a vue et qu’il a décrite dans son Apocalypse : « Je vis la Cité sainte, la Jérusalem nouvelle, qui descendait du ciel, de chez Dieu ; elle s’est faite belle, comme une jeune mariée parée pour son époux. J’entendis alors une voix clamer, du trône : “Voici la demeure de Dieu avec les hommes. Il aura sa demeure avec eux ; ils seront son peuple, et lui, Dieu-avec-eux, sera leur Dieu. » (Ap 21, 2-3)

Le but de notre vie, c’est la Cité sainte. Dans la Cité sainte, Dieu demeure avec les hommes. Et que font les élus en sa présence ? Ils chantent ! Mais que chantent les élus ? Un Sanctus sans cesse renouvelé, un Te Deum avec toute la cour céleste, un Magnificat en chœur avec Notre-Dame, la Reine du Paradis. Ils chantent la gloire de Dieu. Et cette gloire, ils la saisissent enfin, car désormais ils vivent dans la lumière.

Face à face

Au Ciel, la foi et l’espérance disparaissent, il ne reste que la charité, qui anime tout. Dieu se fait connaître : « et nous lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu’Il est » (1 Jn 3, 2). Tu peux regarder le soleil et tu deviens soleil dans la lumière du soleil. « Nous voyons, à présent, dans un miroir, en énigme, mais alors ce sera face à face », écrit saint Paul (1 Co 13, 12). Face à face, voilà ta destinée !

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, qui nous accompagne pendant cette journée de pèlerinage, a composé un grand poème sur le Ciel, qui résume toute sa doctrine et qui se conclut par ces mots :

« De son amour je veux être embrasée
Je veux Le voir, m’unir à Lui toujours
Voilà mon Ciel…. Voilà ma destinée :
Vivre d’amour !!!…. »

(Vivre d’amour, 26 fév. 1895)

 

Vision de Dieu, union à Dieu : voilà notre destinée !

Danse avec les anges !

Quand le dominicain Fra Angelico représente l’entrée au Paradis, il montre comment les hommes sont accueillis dans la compagnie des Anges. Ils dansent ensemble, dans une aimable farandole : un homme, un ange, un homme, un ange. Qui veut manquer la fête ? Qui est assez sot pour arriver en retard ? Il faut se presser à la porte, ne pas manquer l’entrée dans la salle du festin !

Pèlerin de Chartres, ta destinée, c’est le Ciel. Mais une nouvelle question se pose : ton désir est-il à la hauteur de ta destinée ?

Dignité du chrétien

Ton désir doit se fonder sur deux choses : ce que tu es ; ce que tu veux.
Ce que tu es, je vais te le rappeler. Dieu t’a créé. Il t’a créé à son image et à sa ressemblance. Tu es un fruit de sa sagesse et de sa bonté. Ton âme est immortelle.
Tu es façonné pour l’éternité ! Tu es modelé pour la gloire ! Souviens-toi, chrétien, de ta dignité !

Et maintenant, que veux-tu ? Rentre en toi-même et dis-toi ceci. Les saints du paradis ne sont pas faits d’un autre bois que moi. S’ils ont pu accomplir leur destinée, pourquoi ne le pourrais-je pas ?

Notre désir s’éduque, il s’apprivoise pour lui donner peu à peu la force, l’ampleur, l’envergure du désir qui anime les saints de tous les temps. « Le cœur qui aime, disait Thérèse, travaille avec amour, c’est-à-dire avec ferveur ; il court, il vole, il ne trouve rien d’impossible et rien ne l’arrête. »

Telles sont la grandeur et la force du désir quand il est ouvert à la grâce.

Perversion du désir

Mais tu as aussi en toi le triste pouvoir de faire échouer le plan de Dieu. À la suite du Christ, l’Église a toujours enseigné que le sort éternel des âmes dépend de leur manière d’agir ici-bas. Je cite le Symbole (dit) de saint Athanase, témoin de la foi de l’Église des premiers siècles, spécialement dans la Gaule chrétienne :

« Ceux qui ont bien agi iront dans la vie éternelle, ceux qui ont mal agi, au feu éternel. Telle est la foi catholique, et quiconque ne gardera pas cette foi fidèlement et fermement, ne pourra être sauvé. »

Créé libre, tu peux trahir l’amour de Dieu en toi. Quand tu pèches, tu piétines le mystère, tu annules le désir, tu chasses l’Esprit Saint reçu au baptême. Par le péché – injustice, impureté, impiété –, tu défigures en toi l’image. Si ton désir se tourne vers les créatures, alors ta destinée sera sans le Créateur. Si ta vie est pour les créatures, alors ton éternité sera sans le Créateur. Ne pas voir Dieu, manquer pour l’éternité sa destinée véritable…

Pèlerin de Chartres, rallume ton courage. Restaure en toi l’image, sois digne de ta destinée ! Tu crains ta vie passée, la multitude et l’horreur de tes fautes ? Le péché est l’aliment de la miséricorde de Dieu. Aujourd’hui, change ta vie, purifie ton désir. Tourne ton regard, non plus vers les créatures, mais vers le Créateur.

Si nous sommes ici à marcher, c’est que nous avons la certitude d’avoir un chemin à parcourir pour passer du péché à la grâce, de la médiocrité à la ferveur, d’une vie banale à la sainteté.

La vraie question n’est pas de savoir combien nous sommes à marcher sur la route de Chartres, la question est de savoir combien parmi nous seront vraiment convertis à l’arrivée !

Esprit de Pentecôte

Ami pèlerin, que cette Pentecôte soit pour toi l’occasion d’une fervente confession ! Que la contrition rallume en toi le désir de Dieu, le désir de contempler sa face, le désir d’accomplir ta destinée ! Que cette Pentecôte soit pour toi l’occasion d’écouter l’appel de Dieu à son service ! Nous avons besoin d’apôtres pour allumer partout le désir de Dieu.

Immense cohorte, qui marche derrière la croix dans les pas des saints, accompagnée des Anges, si tu restes fidèle à ta vocation de louange, ton chemin de la terre sera ton chemin du ciel. Et le temps de la foi s’achèvera pour toi par la vision de l’adorable Trinité. Notre vraie Patrie, c’est l’éternité !

Fr. Augustin-Marie Aubry, prieur

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