Selon une enquête du Sunday Times, des gangs pakistanais et indiens auraient organisé pendant plusieurs années une gigantesque fraude sociale et fiscale dans le pays, notamment pour financer Al Qaida. Environ huit milliards de livres sterling d’argent public auraient été détournés. Et le fisc britannique se serait abstenu d’informer le MI5, afin de «protéger les données fiscales» des dangereux fraudeurs qu’il avait pourtant identifiés.
Une grande partie des bénéfices viendrait de détournements d’argent public à l’aide de
- faux numéros de sécurité sociale (et exploitations de travailleurs non déclarés),
- fraude aux allocations
- fraudes de grande ampleur comme la fraude carrousel à la TVA. Celle-ci aurait rapporté au moins 1 milliard de livres.
Concernant le secteur privé, les compétences du réseau n’étaient pas moindres: ventes de contrefaçon, arnaque à l’assurance automobile, aux prêts immobiliers, aux cartes de crédits, etc.
Selon le journaliste Tom Harper, le réseau avait des liens importants avec des groupes terroristes. Environ 80 millions d’euros auraient été directement transférés à Al Qaida au Pakistan et en Afghanistan. Selon le MI5, le contre-espionnage britannique, une partie de l’argent a même atteint le refuge d’Oussama Ben Laden au Pakistan. Selon le journaliste, plusieurs informations auraient été trouvées directement dans l’ordinateur d’un comptable du réseau, récupéré en Afghanistan par la CIA et le MI6 (renseignements extérieurs).
Selon le Sunday Times, au moins quatre responsables du HMRC (Her Majesty’s Revenue and Customs) ont imploré leurs supérieurs de lancer des poursuites. Leurs demandes auraient été rejetées «en raison de leur nature complexe et de leur manque de ressources». Depuis la sortie de l’article, plusieurs voix s’élèvent pour demander la vérité sur ce silence. Le Sunday Times avance pourtant quelques hypothèses pour expliquer ce silence :
- Les escrocs auraient infiltré de nombreuses agences gouvernementales et corrompu des politiciens pour protéger et assurer les détournements.
- Le journal cite ainsi des «milliers de livres» donnés au Parti Travailliste, qui gouvernait alors le pays.
- De nombreux membres du gang seraient impliqués dans des thinks tanks, et des cercles d’affaires, qui les mettaient en contact avec d’importants politiciens britanniques.
A la suite de ces révélations, il est légitime de se demander si le même système n’existerait pas en France…
F. JACQUEL
Avec toutes les fraudes connues en France (les fausses cartes vertes, par exemple), je ne serais pas surpris d’apprendre un jour qu’une partie des fonds ait servi à Daesch ou autre chose du même acabit.