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“Après avoir été privés de parents par la vie, certains enfants vont en être privés une seconde fois par la loi”

Intervention de Philippe Darniche, sénateur de Vendée, hier :

D"Le voici arrivé entre nos mains, ce
texte tant désiré par les uns, décrié par les autres. Un texte majeur, fondamental, en ce sens qu’il touche à l’essence même
d’une nation : la famille
. Un texte qui augurait le printemps de l’égalité,
la renaissance de la démocratie car enfin, tous vivraient heureux sous un même
soleil, dans une société plus juste.

Seulement le rêve a viré au cauchemar. Contre toute attente,
une opposition digne des grandes heures de notre histoire, s’est soulevée
. Les Français que l’on pensait beaucoup trop
occupés par à la crise n’en ont pas pour autant oublié les valeurs
fondamentales qui régissent la vie depuis des siècles. Il va toujours plus
croissant le nombre de ceux qui commencent à comprendre les enjeux de ce texte.
En cinq mois, à trois reprises, des
dizaines de centaines de milliers de personnes ont voulu exprimer leur
désaccord et jamais gouvernement n’a autant méprisé le peuple. A ces foules
immenses venues des quatre coins du pays, le président de la République et son
gouvernement oppose un autisme qui fait honte à notre prétendue démocratie. Messieurs
de la majorité, il est temps d’écouter l’autre majorité ! Cette majorité
silencieuse qui cette fois ne veut pas que l’on décide pour elle. La coupe est
pleine !!

Face à la politique de l’autruche du gouvernement, nous
opposons un langage de vérité pour expliquer que la loi n’a pas à être la
transcription d’intérêts particuliers. La gauche toujours très lyrique
dans ses discours pour refuser les tentations de replis communautaristes qui
menacent la République, ne saurait-elle convenir que cette loi semble être
imposée par une minorité ?

« Les mentalités ont évolué, la loi doit évoluer aussi » nous
répond-on ? C’est notre devoir de refuser cette logique destructrice. L’adoption de ce projet de loi serait un
grave recul anthropologique.
Car ici, il n’est pas question d’amour. Le mariage n’a pas pour rôle
d’officialiser une vie de couple mais d’instituer une famille. Si certains
couples homme-femme ne procréent pas, c’est pour des raisons subjectives :
infertilité, âge ou volonté de ne pas avoir d’enfants. Ces cas particuliers ne
remettent pas en cause la dimension objectivement familiale du mariage.

Le mariage est, de tout temps et en tout lieu, l'acte
(juridique, public, civil et/ou religieux) ou l’union par lequel un homme et
une femme se placent dans une situation juridique durable afin d'organiser leur
vie commune et de préparer la création d'une famille. Le mot français
matrimonial garde la trace du mariage latin, le matrimonium, qui a pour but de
rendre une femme mère (mater). Le mariage est plus qu’un contrat, c’est une
institution.

L’amour et le mariage
sont différents. L’amour est l’expression d’un sentiment vis-à-vis d’une autre
personne. Le mariage est avant tout un cadre légal permettant l’union entre
deux personnes et non la reconnaissance sociale d’un sentiment amoureux.

Le mariage n’est pas la même chose que l’union de deux
personnes de même sexe. Distinguer n’est pas discriminer mais respecter ;
différencier pour discerner consiste à évaluer correctement, pas à discriminer.

Le droit ne peut pas prendre en considération l’orientation
sexuelle des personnes, donnée subjective qui relève de leur vie privée. Il ne
peut considérer que l’identité sexuelle, donnée objective, à savoir le fait
d’être un homme ou une femme. L’égalité signifie seulement traiter de la
même manière ceux qui sont dans des situations équivalentes. Or les couples de
même sexe que la nature n’a pas créés potentiellement féconds, ne sont en
conséquence pas concernés par l’institution du mariage
. En cela leur traitement
juridique est différent, parce que leur situation n’est pas analogue. Nous
sommes  justement disposés à travailler
sur ce traitement juridique sans toucher au mariage et à ses conséquences.

Modifier le cadre du mariage en
l’ouvrant aux personnes de même sexe, perturbe notre système bien haut delà de
ce qu’on voudrait nous faire croire. Et une part importante des
spécialistes que nous avons entendus en commission est venue nous le
rappeler.

La loi va créer une
nouvelle catégorie d’enfants : les enfants privés d’un père ou d’une mère et
cela nous ne l’acceptons pas. L’égalité serait-elle un concept à géométrie
variable ?
Avant
d’être un rôle, être parents est un statut car seul des parents homme et femmes
peuvent indiquer à l’enfant une origine, qu’elle soit fondée sur la vérité
biologique de la procréation ou sur la vérité symbolique  de l’adoption. Nous sommes tous témoins des
souffrances des personnes qui sont à la recherche de leurs origines jusqu’à
leur dernier souffle. Après avoir été
privés de parents par la vie, certains enfants vont en être privés une seconde
fois par la loi. Cela nous ne le refusons. Tout enfant a droit de savoir d’où
il vient.

En accordant le mariage et la filiation aux personnes de même
sexe, vous changez la donne ; ce faisant, vous bouleversez toutes les règles de
la filiation, de la procréation médicalement assistée, de l'état civil et de la
parenté. Car nous ne sommes pas
dupes : hier le PACS, aujourd’hui le mariage, demain la PMA, après demain
la GPA. Qui oserait penser en son for intérieur que cet engrenage n’est pas
inéluctable ? Dans cette société qui ne sait plus ce qu’est l’égalité.
Dans cette société qui n’a que faire du plus faible, mais qui veut assouvir le
bien être des plus grands. Qui oserait s’engager sur l’honneur que jamais nous
ne tomberons dans de telles dérives ?

Je refuse l’hypocrisie,
je refuse le mensonge. Cette France des robots, je n’en veux pas et je crois ne
pas être le seul."

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