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France : Politique en France

Armées : Il faut stopper le règne de la technostructure. On doit partir du modèle d’armée que l’on veut

Armées : Il faut stopper le règne de la technostructure. On doit partir du modèle d’armée que l’on veut

L’ancien chef d’état-major des armées françaises (CEMA), publie son quatrième livre en cinq ans, des « lettres à la jeunesse » intitulées « Paroles d’honneur ». Interrogé dans Le Parisien, il déclare :

[…] La mort revient au-dessus de nos têtes. Elle avait déjà fait son retour avec la pandémie. On peut en tirer un sursaut de cohésion nationale, un sursaut politique pour comprendre que ce monde est dangereux. Il faut tout faire pour que cette guerre, devenue une espèce de conflit entre la Russie et l’Occident, ne dégénère pas.

Vous croyez possible le recours de Poutine au nucléaire ?

Bien sûr. Parce qu’un dictateur ne recule jamais dans un tunnel. Poutine, qui est en situation d’échec militaire, d’échec stratégique, cherchera à utiliser de nouveaux moyens. La doctrine d’emploi du nucléaire tactique en Russie n’est pas la nôtre. Nous n’avons plus de composante nucléaire tactique en France. Chez eux, cela fait partie des moyens d’emploi classiques, conventionnels. Personne ne peut dire avec certitude qu’il ne l’utilisera pas dans les mois qui viennent.

En cas de telle attaque, comment devraient réagir l’Otan et la France ? Emmanuel Macron ne s’est-il pas trop avancé en laissant comprendre que la France ne riposterait pas sur le même plan en cas de bombardement nucléaire en Ukraine ?

Je ne commente pas les déclarations de nos responsables. Je dis simplement qu’une telle attaque est possible, je fais confiance aux responsables actuels pour travailler tous ces scénarios. Je souhaite qu’apparaisse clairement une vision pour l’effet final recherché, qui ne peut être que la paix.

L’armée française serait-elle capable de résister à une guerre de haute intensité ?

C’est une vraie question. L’Ukraine doit nous forcer à une réadaptation de notre modèle. Il faut l’adapter non pas à ce que nous faisons depuis des dizaines d’années, des opérations de guerre, mais à gagner une guerre. Il faut compter avec sa durabilité, donc être capable de tenir, et avec la dureté de la guerre. Comme l’a montré un rapport parlementaire en février dernier, les armées françaises n’ont pas aujourd’hui les moyens de cette haute intensité. Il faut accroître les crédits budgétaires. Je note avec satisfaction les + 1,7 milliard d’euros par an depuis 2017 – peut-être y ai-je modestement contribué – et même 3 milliards d’euros pour 2023.

Ce n’est pas suffisant ?

Non, il va falloir aller bien au-delà des 3 milliards. Il va y avoir le renouvellement de la composante océanique stratégique – les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins -. Il faut poursuivre la modernisation de nos forces, le remplacement des vieux matériels dans les trois armées (terre, air, marine), et il va y avoir la réadaptation. Sur les flux de munitions ou de pièces de rechange, où on est loin du compte. Tout l’aspect logistique est à revoir. Troisième point, l’accélération des calendriers, la montée en puissance de notre appareil industriel. Comment se fait-il que depuis le 24 février (date de l’invasion russe de l’Ukraine), on n’en soit toujours qu’aux travaux préparatoires de la prochaine Loi de programmation militaire ?

Qu’attendez-vous du discours sur la défense du chef de l’État mercredi à Toulon ?

J’attends la réponse à cet accroissement des crédits, à ce besoin de vision. Ça ne va pas assez vite. Il faut stopper le règne de la technostructure, changer la façon dont fonctionne la réévaluation de notre défense, avec la puissance de Bercy. On doit partir du modèle d’armée que l’on veut, et ensuite on chiffre. Et pas d’abord on chiffre, ensuite, on fait rentrer l’édredon du modèle dans la valise financière !

Peut-il vraiment y avoir des crédits supplémentaires ?

Le quoi qu’il en coûte (lié au Covid) représente plusieurs centaines de milliards d’euros, le bouclier carburant plusieurs dizaines de milliards d’euros. Là, on est à + 3 milliards, je dis qu’il faut beaucoup plus, et de manière urgente, il en va de la protection de la France et des Français. […]

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15 commentaires

  1. Parole de franc-mac : poubelle !

  2. Je complète : la « cohésion nationale » (càd le bêlement des moutons et la dénonciation des voisins) pendant la « pandémie » (quelle pandémie? La grippe de 2020?). Poutine « dictateur » (et ta soeur?). Je m’arrête là, j’ai trop envie de mordre !

  3. Pas forcément d’accord avec tout ce que dit ici le général de Villiers, mais il n est absolument pas franc-maçon. Il a de plus été un chef très aimé car soucieux de ses hommes, et j ai pour lui une grande estime. Le monde n est pas binaire, on peut avoir des idées différentes et être dans le même camp, et poursuivre les mêmes objectifs.

  4. Primo, cette façon de désigner l’ennemi a quelque chose d’outrancier : d’abord de désigner Poutine (dont je ne suis pas un groupie) sans s’interroger sur les ingérences et les provocations des USA dans ce conflit et dans tous les conflits depuis 1945 ; ensuite de le qualifier de dictateur sans mettre en question la probité de son principal adversaire, Zelensky (qui envoie des dizaines de milliers de ses compatriotes au front dans un holocauste et plonge son pays dans les ténèbres dans tous les sens du terme), sans considérer que le pouvoir en Russie a toujours été autocratique (sauf quand les Américains ont mis la main sur Eltsine). Dans des lettres à la jeunesse française, j’éviterais ce manichéisme pour la santé intellectuelle des jeunes et pour préserver un peu de ma réputation au regard de l’histoire.
    Bizarrement tous ceux qu’on qualifie de dictateurs sont des ennemis des Etats-Unis (Hussein, El Assad, Kadhafi, Kim Jong Un, Poutine, Chavez, Ahmadinejad) : “Ce que l’on conçoit bien comme un général otanien s’énonce clairement, et les mots otaniens pour le dire arrivent aisément.”

    Secundo, c’est étrange de résumer la protection des Français à une affaire de milliards d’euros (dont la Défense a besoin, je n’en disconviens pas). Mais la question qui est liée à celle des moyens, c’est celle des servants : autrement dit des hommes. Or nous avons un premier problème moral avec notre armée de métier : notre détachement en Roumanie est l’échantillon d’une armée de métier censée être la meilleure d’Europe, qui ne supporte pas bien les conditions dégradées (forces de mêlée et forces logistiques confondues). Et au-delà nous avons un deuxième problème moral avec la nation : je doute fort que notre nation soit prête à se mobiliser partiellement ou totalement (de façon symétrique aux Russes par exemple) tant l’esprit de défense s’est évaporé (nous le constaterons tristement ce 11 novembre devant nos monuments aux morts désertés par toute la population, malgré les nuages noirs de la guerre que dessinent le général de Villiers). Quand en février 1934, on proposa le ministère de la guerre à Pétain, il répondit qu’il préfèrerait le ministère de la jeunesse et de l’instruction. Car il savait que c’était avant toute chose le réarmement moral de la France face à l’Allemagne qui était le plus urgent, et cela passait par la jeunesse (d’où les chantiers de jeunesse qu’il encouragera).
    Mais peut-être le général de Villiers dit-il tout cela à la jeunesse puisque c’est à elle qu’il adresse ses “lettres”. En tout cas, je ne suis pas sûr de faire lire ce livre à mon fils.

  5. “Poutine, qui est en situation d’échec militaire, d’échec stratégique,”: Il faudrait le démontrer !

    • En effet. Il me semble que la Russie occupe environ 1/5e de l’ex-territoire Ukrainien, dont une grande partie des régions de Donetsk et Lougansk.

  6. C’est beau de faire encore confiance mais qui était le garant des accords de Minsk ? Qui a vendu notre usine de cartouches aux EAU ? Qui nous a mis en position de co-belligérants sans passer par la représentation nationale ? Qui envoie les milliards d’euros des français et leurs armements en Ukraine ? etc, etc ….
    “Piscis primum a capite foetet”

  7. Oh là, M. de Villiers s’emballe dans le politiquement correct et le marcon-compatible…

    1/ dictateur : en quoi, soyons factuels, un Poutine est-il plus au fait d’un régime dictatorial qu’un Macron, qui a, je vous le rappelle, enfermé et privé de liberté sa population alors bien portante ?

    2/ Poutine, qui est en situation d’échec militaire, d’échec stratégique : Ah ? Première nouvelle. Mis à part TF1, BMF te LCI, si les experts militaires reconnaissent quelques difficultés sur le terrain, la majorité indique que la Russie a déjà gagné, et que leur stratégie consistant à laisser les ukraino-otanistes avancer dans des zones vierges pour les éliminer est redoutablement efficace. On rappellera que l’Ukraine c’est 120 millions d’habitants, une surface plus grande que la France, et que les USA ont mis plus de 12 mois à conquérir l’Irak de 3 millions d’habitants….

    3/ Je ne commente pas les déclarations de nos responsables : ben voyons !

    Quant au budget des armées…

  8. Ce Villiers est sans conviction, il ne parle que pour déformer gravement la réalité militaire en Ukraine, et calomnier le régime politique de la Russie.
    Il est soumis, et est le symbole de l’armée asservie par la classe politicienne.
    Il n’avait déjà pas été très malin, en glorifiant les opérations de l’Otan en Serbie, au profit des musulmans.

  9. Je suis rentré dans l’Armée en 1975 et je l’ai quittée en 2001. À mon Directeur central adjoint qui me demandait si je n’avais pas de regrets, je lui ai répondu :
    “Mon Général, l’Armée que je quitte aujourd’hui n’a plus rien de commun avec celle dans laquelle je me suis engagé il y a plus de 25 ans.”
    Et, de fait, j’ai connu l’époque où l’Armée de terre était composée de la 1ère et de la 2ème armées, l’une en métropole et l’autre aux FFA.
    L’Armée d’aujourd’hui est devenue un catalogue d’échantillons, certes brillants tant sur les plans humain que technologique, mais des échantillons qui ne tiendraient pas 15 jours face à une attaque du territoire national.
    Et comme le “Chef suprême” n’aura jamais les cou***es d’engager nos forces nucléaires (dernier et seul recours), d’une part, et que les États-Unis d’aujourd’hui ne feront pas jouer l’article 5 du fonctionnement de l’OTAN (trop heureux de voir détruire ces Frenchies si prétentieux), d’autre part, les Français devront apprendre très vite à vivre sous le knout de l’envahisseur.
    Après avoir livré un baroud d’honneur digne de Bazeilles, de Sidi-Brahim, de Camerone et autres lieux de ses glorieuses défaites…

  10. “Nous n’avons plus de composante nucléaire tactique en France. Chez eux, cela fait partie des moyens d’emploi classiques” = c’est faux. Le seul pays dont le concept d’emploi comprend une composante nucléaire tactique c’est les USA.
    Délire complet ou mensonge éhonté?

    • @Biem
      À l’époque des Pluton et du projet Hadès, nous avions des armes nucléaires tactiques.
      Mais les politiciens ont tout sacrifiés au nom nom des bénéfices de la paix et pour l’accueil de l’Autre…

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