Extraits de l'homélie prononcée par l'abbé Garnier (Fraternité Saint-Pierre), pour les obsèques de M. Arnaud de Lassus Saint Geniès :
"[…] Arnaud de Lassus a épousé le 28 octobre 1950 Agnès de Chaumont Quitry. Ils ont vécu quelques 65 ans de mariage, jusqu’au décès de son épouse, le 27 juin 2015. De ce mariage sont venus 7 enfants, dont un religieux prêtre, Dom Dysmas, Prieur de Chartreuse, ministre général de l’Ordre et une fille carmélite du couvent de Créteil, Soeur Aude de la Vierge Marie.
Puis… 28 petits enfants et 32 arrière petits enfants, dont 3 prêtres, 1 séminariste, 1 religieuse. Quelle abondance de vocations! Certes, l’appel vient de Dieu et il est authentifié par l’Eglise – mais il est aussi préparé, et « les familles sont la bonne terre qui fait germer le bon fruit des vocations ». […]
Il collabora avec Jean Ousset à la Cité Catholique, avant de cofonder l’Action familiale et scolaire en 1979. On sait la fécondité et le rayonnement de ces deux oeuvres pour le service de Dieu, de l’Eglise, de la vérité.
Infatigable pèlerin de Chartres, il avait, à 93 ans, repris une fois encore la route, accomplissant courageusement cette démarche de foi, de prière, de pénitence, de piété filiale envers Notre Dame. Sa jeunesse, avant d’être une période de la vie, était d’abord un état d’esprit, une qualité d’âme.
Arnaud de Lassus était très engagé pour soutenir les instituts sacerdotaux et religieux. Parmi eux, l’institut de la Ste Croix de Riaumont. Une longue amitié de 50 ans le liait à vous, mon Père ; amitié née lors des congrès de Lausanne. Il rendait de nombreux services au village de Riaumont, offrant statue, croix de procession, bois de charpente… accueillant les camps scouts dans sa propriété. Il a suivi avec fidélité les épisodes joyeux ou douloureux de votre oeuvre.
Arnaud de Lassus a eu toute sa vie la passion de la vérité, la faim et la soif de Dieu. Il recherchait le service humble et courageux de la vérité, reçue puis transmise. Sa vie intellectuelle, ses nombreux travaux, son souci de former et de transmettre en sont le reflet, et le trop plein fécond. J’ai pour ma part puisé avec bonheur dans ses articles, solidement préparés et construits. Il était vigoureux dans sa pensée, et dans la dénonciation de certaines erreurs à la mode. Mais il tenait tout autant une grande et délicate charité envers les personnes. On sait (un peu) ce que ce service de la vérité peut supposer de contradiction. On sait ce qu’il comporte de risques, ce qu’il exige de précision, de nuance, de bienveillance et de fermeté. Avec humilité, il acceptait de confronter sa pensée à celle des autres, faisant toujours relire et corriger ses travaux. Il demandait peu pour lui-même, heureux de ce qu’on lui donnait ; de même il se plaignait rarement.
[…] Cette messe qu’il aimait tant, et d’un amour de choix – profond et solide. Un amour « en acte » – il servait la Messe et y assistait encore aux dernieres années de sa vie terrestre. Un amour fort et lucide – il voulut défendre les raisons profondes d’un attachement légitime à la liturgie romaine en forme extraordinaire. Attachement non seulement esthétique mais doctrinal et théologique. Il citait notamment le constat célèbre du Cardinal Journet en 1975 ; " La liturgie et la catéchèse sont les deux mâchoires de la tenaille avec laquelle on arrache la foi ". Son instinct de la foi le fit s’agenouiller malgré l’infirmité lorsque je lui portais la sainte communion. Cet exemple vaut, je le crois, bien des sermons sur la réalité de la Présence du Seigneur dans le Saint Sacrement. […]