De l’abbé Michel Viot :
007
Ces trois chiffres, qu’on voit accolés au nom d’un célèbre héros de romans d’espionnage, portés de surcroît à l’écran, signifie que l’agent secret qui se les voit attribués, a le permis de tuer. On comprend qu’un tel pouvoir fasse fantasmer, surtout dans un pays qui a aboli la peine de mort et se livre à de longues et méticuleuses enquêtes sur des policiers, gendarmes ou militaires qui ont fait usage de leurs armes, se croyant agressés et de ce fait en situation de légitime défense. Ce pays, patrie des droits de l’homme, comme beaucoup de nos orateurs ou écrivains « patentés » aiment à le rappeler (en pensant à 1789, bien sûr !), la France serait donc ainsi la championne du respect de la vie, de la liberté, bref, de tous les bienfaits de la modernité issue des Lumières du XVIIIème siècle qui n’en finissent plus de nous éblouir. Le temps des vacances est propice, pour les dirigeants, à la réalisation de mauvais coups. Mon regretté père me disait qu’à cette période de l’année « la moitié de la France peut crever, l’autre moitié s’en fout. »
Ainsi, en ce mardi 2 juillet nous apprenons en même temps, que nos députés vont discuter et légiférer sur la vertu ou la nocivité des fessées et que le médecin responsable des soins de Vincent Lambert va arrêter de le nourrir et de l’hydrater suite à une décision de la Cour de Cassation. Curieux État que celui dont le pouvoir législatif s’inquiète des traumatismes que pourrait causer une fessée et dont le pouvoir judiciaire donne le permis au pouvoir médical (qui a prêté serment de sauver la vie humaine) de laisser un handicapé mourir de faim et de soif, avec, il est vrai pour l’achever une miséricordieuse piqûre finale. Serions-nous en fait dans le royaume du Père Ubu ?
007 n’appartient plus qu’aux seuls agents secrets et à ceux qui en avaient le droit, et dont c’était même le devoir d’état. Ce sigle est très officiellement étendu à d’autres personnes si nous avons bien compris le réquisitoire de Monsieur le Procureur général près la Cour de Cassation.
Les premiers bénéficiaires de ce pouvoir sont, si j’ose dire, les hauts magistrats. De fait, ils ont par leur verdict rétabli le châtiment suprême contre un handicapé. Rassurez-vous, on ne remontera pas la vieille guillotine. L’exécuteur des hautes œuvres sera un médecin qui, oh plaisir exquis de la transgression, va agir contre son serment, entraînant toute son équipe dans ce grave crime. Et qui demandait avec insistance la mort de cette personne dépendante ? Son épouse, chargée de sa tutelle ! Étrange ? Comment peut-on demeurer tuteur d’une personne dont on souhaite la mort ? Non pas dans un pays où Ubu est roi!
Dans ce qu’on pourrait appeler l’échelle des actes graves de cette très triste affaire, il y a en tout premier lieu la vie de Vincent, réduite certes sur le plan de la communication intellectuelle, mais existant sans autre assistance que la manière artificielle dont il doit être hydraté et nourri, compte tenu de son handicap. Ensuite, et c’est peut-être pire, parce que cela peut justifier d’autres morts, il y a cette phrase terrible du procureur général ! Ce haut magistrat dont la compétence est indiscutable, et qui n’a d’égale que son expertise sur tous les terrains, a exprimé la crainte selon laquelle « faire de la vie une valeur suprême remettrait en cause la loi Léonetti et le droit à l’IVG. ». Ces paroles sont gravissimes, elles vont dans le sens d’une banalisation de l’avortement, qui pour Madame Veil n’était pas l’expression d’un droit mais plutôt d’un échec (ce qui ne justifie pas sa loi) et d’une légalisation totale de l’euthanasie. Il me semble de plus, mais je ne suis pas juriste, qu’elles dépassent le champ d’action des magistrats de Cassation qui ne jugent que sur la forme et auraient dû s’en tenir à tous les niveaux à la seule question de la compétence de la cour d’Appel, et non invoquer des lois moralement discutables, auxquelles aucun catholique ne peut obéir. Libre à lui de s’en moquer, mais pas au point de mêler des arguments de fond, qui, à la place qu’il occupe, ne le regardent pas selon moi. Je ne sais que trop que notre république est laïque, mais est-ce une raison pour attaquer de front et avec agressivité l’enseignement de l’Eglise catholique? Et ce, quelques mois après que le président de la République ait déclaré vouloir réparer le lien abîmé avec l’Eglise. […]
Je n’ai rien à dire à Madame le Ministre de la santé qui a fait appel au nom du gouvernement à la Cour de Cassation. Elle a joué le jeu de la solidarité ministérielle, comme le veulent nos usages républicains, et elle n’a fait qu’obéir au Premier Ministre et surtout au Chef de l’Etat, mais elle n’appartient pas à ma chapelle. En revanche les membres du gouvernement qui se réclament du catholicisme doivent savoir qu’ils sont à la limite de l’excommunication. Le procureur général lui, a dépassé cette limite, puisque son propos fait l’apologie de l’avortement et de l’euthanasie et incite à la mise à mort d’un handicapé. Qu’il se rassure, il n’est pas tout seul, les magistrats qui l’ont suivi sont tous dans le même cas. Concrètement, à moins de repentir public, leurs cercueils ne devraient pas entrer dans une église. Et j’espère bien que mes confrères sauront avoir le courage de dire non et de soumettre le cas à leur évêque (et je ne souhaite pas leur mort, bien au contraire, comme le prophète Ezéchiel (18 v 23) je dis « ce que je désire, est-ce que le méchant meure ? dit le Seigneur, l’Eternel. N’est-ce pas qu’il change de conduite et qu’il vive. » mais nous quitterons tous un jour ce monde et aurons des comptes à rendre.)
Tout cela, le moment venu, je le redis, sera de la responsabilité de l’évêque du lieu. Même chose pour les médecins et le personnel hospitalier qui accompagnera l’exécution dirigée par le docteur Sanchez du CHU de Reims. Tous ces 007 auto proclamés se sont mis eux-mêmes en dehors de l’Eglise, certains déjà par leurs paroles, d’autres bientôt par leurs actes. Dire cela ne me donne pas bonne conscience et ne me procure aucun plaisir. Se savoir appartenir à un pays qui fait si bon marché de la vie humaine donne honte. Et ce n’est pas parce que dans le même temps nos députés se laveront les mains en les privant de fessées que cela nous mettra du baume au cœur. Même s’ils agissent avec la bonne intention que ne se renouvelle plus une fessée telle que celle qui contribua grandement à rendre folle Théroigne de Méricourt en 1793 (ce qui lui avait épargné quand même la guillotine mais pas vingt ans d’asile d’aliénés où elle mourut), cela ne dédouane personne en France de la mise à mort d’un handicapé mental. « Tu ne fesseras plus indûment mais tu tueras plus largement. »ne sera jamais qu’un commandement digne du roi Ubu. Et ce n’est pas un nostalgique de la fessée qui vous le dit comme une chanson de 1818 de l’irrévérencieux chansonnier Béranger pourrait le laisser croire puisque dans son refrain de sa chanson sur les « Les révérends pères » (jésuites), il écrit :« C’est nous qui fessons, et qui refessons, les jolis petits, les jolis garçons. ». Voilà les vilaines pratiques cléricales, sources des brutalités contre les enfants, condamnées par nos députés. Cela ne fera jamais oublier l’agonie programmée de Vincent Lambert qui commence aujourd’hui.
Gaudete
Honte à ce gouvernement , de toute façon il ne peut pas y avoir de vrais pathos dans cette équipe de bras cassés sinon s’il y en avait un seul de vraiment vrai il aurait démissionné, quant à la cougar elle aurait pu ramener son freluquet de mari à la raison elle qui officiait dans un lycée dit catholique.
Michelle Castellan
Je pense que l’on peut y joindre tous ceux qui sont pour l’avortement !
A.MOR
Maintenant les Français viennent d’apprendre que devant Tout Politicien, ils sont en état de légitime défense, et devant certains médecins aussi.
Montalte
C’est bien joli, tous ces bavardages mais quand va-t-on organiser une manif?
DUPORT
Pourquoi à la limite ?
L’intention meurtrière affirmée, assumée et revendiquée n’est elle pas suffisante ?
AFumey
Sauf erreur (que les moralistes veuillent bien rectifier si je me trompe) on distingue plusieurs degrés dans la responsabilité d’une transgression. La plus élevée est la ‘responsabilité formelle’, celle de celui qui milite activement pour un péché et le rend possible par son action.
L’exemple typique est l’avortement, ou ici le crime ‘légal’: le législateur qui prend part au vote de façon positive endosse automatiquement cette responsabilité formelle (“L’objection de conscience”, Jacques Suaudeau). Cela le rend directement responsable de toutes les conséquences de tous les actes que son vote aura rendus possibles. Il est ainsi coupable de meurtre au même titre que celui qui a pratiqué l’acte; et par ce fait séparé de Dieu par son choix délibéré, et privé de la grâce.
L’histoire de Gloria Polo, miraculée ayant frôlé l’enfer par son soutien écervelé à l’avortement (lire par exemple un résumé de son témoignage dans “Expériences de Mort Imminente” du Dr Patrick Theillier) tend à confirmer cette lecture; pourtant sa faute était moindre…
Je serais aujourd’hui législateur, j’aurais du mal à dormir; sauf à lutter avec rectitude, à la mesure de ses capacités et de sa conscience comme A.Thill.
balaninu20
Mon pays que deviens-tu ?
Merci à Michel Bastit commentaire on ne peut plus explicite et pour lequel j’abonde entièrement.
Je vais ajouter que la France paie lourdement son attachement à la franc-maçonnerie donc à Satan.