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France : Politique en France / France : Société

Aucun mécanisme n’incite les hauts fonctionnaires à placer la dépense publique sous contrôle

Agnès Saal, la présidente de l'INA aux 40 000€ de note de taxi, a démissionné. Mais on ne nous dit pas tout. Eric Verhaeghe, président de l'Apec (Association pour l'emploi des cadres) entre 2004 et 2009, nous brosse son portrait :

"Agnès Saal appartient à cette classe de petits marquis de gauche qui ont fait ou font carrière en se politisant et en rendant des services aux élus dans le sillage de qui ils s'inscrivent. Cette technique leur permet de rebondir d'élection en élection, jusqu'à imaginer que la machinerie publique dont ils sont les dirigeants se résument à un jeu d'obstacles déconnecté de l'intérêt général, jusqu'à être persuadés que la machine est à leur service et non l'inverse.

Il existe une rhétorique amusante, consubstantielle à l'étiquette de cette Cour. Il est de bon ton d'y dénoncer les petits patrons poujadistes mais de courber l'échine devant les grands du CAC 40 qui pourraient un jour vous recruter. Il est de bon ton d'y fustiger RMC (qu'on écoute dans le taxi, occupation essentielle quand le chauffeur est en vacances) et de n'écouter que Patrick Cohen qui dit si bien tout haut ce que les gens bien se répètent chaque soir dans les salons. Il est obligatoire d'avoir en horreur le Front National qui est poujadiste et populiste mais de ne jamais franchir le périphérique ou alors seulement avec une moue de dégoût et en prenant soin de bien appeler tous ses copains pour leur annoncer triomphalement qu'on l'a fait. Il est tout aussi obligatoire de défendre becs et ongles la laïcité et l'école publique, mais d'inscrire ses enfants dans une école privée quand on n'a pas réussi à se trouver un appartement pas trop cher dans l'hypercentre parisien. Il faut proscrire le racisme et l'antisémitisme bien sûr, vomir tous ceux qui veulent défendre l'identité nationale, mais on interdit à ses enfants d'aller dans les quartiers difficiles, de prendre le métro après 20 heures, et on conseille à sa fille de changer de trottoir quand un groupe de jeunes immigrés arrive. Et, bien entendu, il faut dénoncer tous ces salauds de droite qui se remplissent les poches sur le dos de pauvres travailleurs opprimés, mais ne surtout pas se gêner pour faire payer le taxi de son enfant par le contribuable.

Longtemps à l'abri des regards, ces petits travers posent de plus en plus problème à l'opinion publique. En phase de disette budgétaire, plus personne ne peut admettre qu'un haut fonctionnaire bénéficie d'une voiture de fonction, d'un chauffeur à demeure, et qu'il se prélasse malgré tout dans des taxis pour une somme équivalent à 4.000 euros par mois. Surtout s'il a accédé à son poste de direction en surfant sur les différents ministres socialistes qui l'ont promu au nom du redressement dans la justice et de la lutte contre la finance.

Agnès Saal a quitté son poste, et son geste est présenté comme une démission. Il faut bien entendu expliquer au public qu'Agnès Saal ne tardera pas à retrouver un poste de fonctionnaire où elle sera payée entre 6.000 et 10.000 euros nets chaque mois, pour une charge de travail très incertaine. On aimerait être plus précis sur les chiffres, mais la haute fonction publique, qui est très exigeante sur la transparence des rémunérations dans le secteur privé, maintient un black-out complet sur les rémunérations publiques.

Cette impunité est l'une des explications majeures du déficit public qui étouffe la croissance en France. Il n'existe aujourd'hui aucun mécanisme qui incite les hauts fonctionnaires à placer la dépense publique sous contrôle. Les nominations et les carrières se font selon des critères très politiques (ou amicaux) qui excluent totalement les aspects financiers. L'attitude d'Agnès Saal en est la meilleure preuve (…)"

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12 commentaires

  1. On est très en colère… et concrètement, que peut-on faire???

  2. La nébuleuse du travail dans le public mériterait de toute façon une véritable réforme…
    Qui travaille vraiment ? Quels sont les objectifs ? Quels sont les jalons ? Les moyens de vérifications ? Quels sont les moyens de coercitions en cas d’échecs ?
    D’autre part, quel est le taux d’absentéisme ? leurs justification ? Qui est poursuivi en cas d’abus ?
    Et ce pour tous les services de l’État…
    Il faudrait aussi les vrais chiffres de salaires pour les heures travaillées… et le rendement.
    Et là, on aurait sans doute de très grosses à surprises… Ça fait longtemps qu’en moyenne, les fonctionnaires sont bien mieux payés que dans le privé… à l’exception peut-être des très grands patrons du privé mais qui ne représentent que quelques dizaines de personnes…
    Et ce n’est pas pour rien que tous les jeunes s’engouffre dans le carriérisme d’État à la sortie des études… planque, pas de pression, salaires corrects, etc.
    On n’est pas sorti de l’auberge.
    Ne me faîtes pas dire ce que je n’ai pas dit : il existe sans doute en France un pouillème de fonctionnaires qui travaillent beaucoup et dans l’esprit du service public. Mais ils sont clairement une minorité négligeable (mais qui font tourner la baraque et qu’il faudra absolument garder quand on réformera la machine).

  3. à savoir :
    en Suisse la voiture de fonction pour les politiques n’existent pas !
    Seule , une voiture (de l’armée) est mise à disposition du président de la Confédération pour de rares déplacements internes .
    Le président de la Confédération est l’un des 7 conseillers fédéraux (équivalents aux ministres) élu parmi eux pour un an .
    A Berne , très tôt le matin , vous pouvez voir arriver un conseiller fédéral sortant d’un train ou un tramway .
    Bref , en Suisse , les politiques servent leur pays au contraire de la France où les politiques se servent de leur pays .

  4. rectificatif : cela concerne les politiques et aussi les hauts fonctionnaires , ces derniers ayant un statut totalement différent de celui des français .

  5. 40000 euros de taxi ? Il est interdit de la critiquer: elle est femme, de gauche, elle fait partie d’une minorité intouchable

  6. @ Pascal P | 30 avr 2015 11:07:52
    “A Berne , très tôt le matin , vous pouvez voir arriver un conseiller fédéral sortant d’un train ou un tramway. Bref , en Suisse , les politiques servent leur pays au contraire de la France où les politiques se servent de leur pays.”
    Pas seulement des conseillers fédéraux. Qui est ce monsieur ?
    https://twitter.com/rastrau/status/506917871629631488
    C’est l’ex-président de la confédération helvétique (lequel est aussi conseiller fédéral).

  7. Il faudrait remettre au goût du jour les cahiers de doléances.
    Il me semble que nous sommes en 1788 prêts à lutter contre l’absolutisme républicain.

  8. Vive la Sarko-Hollandie…

  9. La France serait une république bananière? Je n’ose le croire.

  10. Cela me rappelle une histoire à propos des 35h au lieu des 39h : un ministre dit à un autre “ça va être très dur d’y arriver. On va procéder lentement, d’abord 22h pour commencer”.

  11. Comme quoi, la révolution n’a combattu, la monarchie, la noblesse et ses privilèges que pour prendre sa place, avec un certain sens de l’honneur en moins et un anticléricalisme viscéral en plus.

  12. Le seul contrôle possible est par l’exigence des comptes de communes, des collectivités, des associations. Tout ce qui est financé par l’argent public doit etre public.
    Chaque contribuable doit mettre la pression pour avoir connaissance de ces documents. COntribuables associés fait ce qu’il peut..
    La seconde possibilité est de faire “fuiter” les factures abusives, les financement qui tiennent de l’abus de bien social. Je sais que les auteurs des fuites doivent se protéger. Mais en guerre économique.. il est temps d’avoir un peu de courage…

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