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L'Eglise : Vie de l'Eglise

“Aucune vie n’est trop frêle, trop insignifiante pour être ignorée dans le plan du salut par son Créateur et Sauveur.”

“Aucune vie n’est trop frêle, trop insignifiante pour être ignorée dans le plan du salut par son Créateur et Sauveur.”

Homélie du Très Révérend Père Dom Jean Pateau, Abbé de Notre-Dame de Fontgombault, prononcée ce matin :

Chers Frères et Sœurs,
Mes très chers Fils,
C’est le 2 février 1997 qu’à l’initiative de saint JeanPaul II, eut lieu la première Journée de la vie consacrée, à la suite notamment de l’exhortation apostolique post-synodale Vita consecrata publiée en la fête de l’Annonciation, le 25 mars, un an plus tôt. Le Pape polonais assignait à cette journée un triple but :

  • remercier le Seigneur pour le grand don de la vie consacrée qui enrichit et réjouit l’Église,
  • faire mieux connaître et apprécier cette vie, mémoire vivante du Fils appartenant totalement au Père,
  • inviter les personnes consacrées à célébrer les merveilles que le Seigneur a accomplies en elles, à réfléchir sur le don reçu, à découvrir, dans un regard de foi toujours plus pur, le rayonnement de la beauté divine diffusé par l’Esprit dans leur forme de vie, et à prendre conscience de leur mission incomparable dans l’Église pour la vie du monde.

En choisissant ce jour, le saint Pape ne faisait qu’institutionnaliser un usage, vieux déjà de plusieurs décennies ; des religieux et religieuses se rassemblant traditionnellement autour du pape et
des évêques en ce jour. Citons un peu longuement le message du Pape à l’occasion de cette première journée :

Dans la scène évangélique est révélé le mystère de Jésus, le Consacré du Père, venu dans le monde pour accomplir sa volonté. (cf He 10,5-7) Le vieillard Syméon le proclame “Lumière pour éclairer les nations païennes”, et  par ses paroles prophétiques, annonce l’offrande plénière de Jésus à son Père, et sa victoire finale. (cf Lc 2, 32-35) Marie, la Mère de Jésus, s’associe par le même mouvement d’oblation à la présentation du Christ. Une fois encore est manifestée l’union permanente du Fils et de sa Mère dans leur offrande unique et totale pour le salut du monde.

La Présentation de Jésus au temple est une éloquente icône du don total de soi pour tous ceux qui ont été appelés à reproduire dans l’Église et dans le monde, par les conseils évangéliques, “les traits caractéristiques de Jésus chaste, pauvre et obéissant.” (Vita consecrata 1) La Vierge Marie qui porte Jésus au temple et l’offre au Seigneur, exprime très bien l’attitude de l’Église qui continue d’offrir ses fils et ses filles au Père et les associe à l’unique oblation du Christ, cause et modèle de toute consécration dans l’Église. (Message du 6 janvier 1997)

Dans la pensée du Saint-Père, le consacré conduit sa vie à l’image du Christ, le Consacré du Père. Il se place dans les mains de l’Église, qui offre cette vie au Père et l’associe à l’unique
oblation du Christ. La fête de ce jour nous renvoie au jour de l’Annonciation, au Fiat prononcé par la Vierge Marie et qui est l’icône de chacun de nos propres Fiat. Dans un monde où la lutte semble le meilleur moyen d’affirmer son existence, il n’est plus évident de consentir au Oui libérateur ; au Oui qui ouvre à la communion avec Celui qui est source de la vraie vie. Les paroles d’Élisabeth à Marie lors de la Visitation prennent une clarté nouvelle :

Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. (Lc 1,45)

Le premier acte de l’âme consacrée est de croire, de consentir au plan de Dieu sur sa vie et d’accepter de donner radicalement celle-ci.

Du cœur offert de Marie naît un cantique dont l’Église s’est souvenu et qu’elle redit chaque jour à la fin de l’office des vêpres : le Magnificat. Oui, Dieu se penche sur chaque vie offerte et fait des merveilles pour chacun de ses serviteurs. L’épisode de la Présentation au Temple repris dans son ensemble, ne fait que confirmer cela. Alors que Joseph et Marie s’approchent du Temple pour obéir au rite imposé par la loi, voici qu’un vieillard du nom de Syméon, et qu’une femme prophète, Anne, viennent à eux ; rencontre improbable au milieu d’une foule d’anonymes, rencontre nécessaire à l’accomplissement d’une promesse. Syméon avait en effet « reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur. » (Lc 2,26) Dieu est toujours fidèle.

Au moment où notre pays se prépare à légiférer sur l’avortement et sur l’euthanasie, soulignons comment Dieu se penche sur deux vieillards qui consacrent leur vie autour du Temple, le lieu
de la rencontre avec Dieu, le lieu de l’offrande et le lieu de la bénédiction. N’oublions pas que c’est un enfant qui les convoque en ce lieu. Aucune vie n’est trop frêle, trop insignifiante pour
être ignorée dans le plan du salut par son Créateur et Sauveur.

Mais quelle est la première des merveilles que Dieu fait à l’âme consacrée, si ce n’est le don de sa vie, le don de l’Esprit ? Ainsi l’ange Gabriel commence-t-il par annoncer à Zacharie au
sujet de Jean-Baptiste : « Il sera rempli d’Esprit Saint dès le ventre de sa mère. » (Lc 1,15) Il salue ensuite Marie comme la « comblée de grâce » et reconnaît : « Le Seigneur est avec toi ».
À Marie qui l’interroge sur sa conception, il répond : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre. » (Lc 1,35) Lors de la Visitation, Élisabeth, elle
aussi, est remplie de l’Esprit-Saint après que l’enfant a tressailli en elle. (Lc 1,41) C’est rempli de l’Esprit-Saint que Zacharie prononce les paroles prophétiques du Benedictus. (Lc 1,67)
Syméon était de ces âmes. Il « attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui. » (Lc 2,25) Sous l’action de ce même Esprit, il vint au Temple. (Lc 2,27) C’est enfin sous la motion
de l’Esprit qu’il prophétise :

Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction et toi, ton âme sera traversée d’un glaive : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. (Lc 2,34-35)

Anne prophétise également, proclamant les louanges de Dieu et parlant de l’Enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. (cf Lc 2,38)

Mais l’appel reçu par Syméon et Anne à venir à la rencontre du Seigneur, ne s’adresse pas, encore aujourd’hui, qu’aux seuls religieux. C’est toute âme, et en particulier toute âme baptisée,
qui est appelée à se mettre en route vers son Seigneur. Nulle âme ne ressortira indemne de la rencontre, de l’accueil de son Seigneur.

Implorons par l’intercession de Marie pour les communautés religieuses le don de vocations ; demandons au Seigneur la grâce de la persévérance dans la fidélité pour les consacrés, afin que le Benedictus et le Magnificat continuent de retentir à travers des vies totalement données, et que la grâce de Dieu rayonne sur le monde. Amen.

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