Ce soir, à 20 h 55, TF1 propose un docu-fiction, Ils voulaient tuer de Gaulle, sur l’attentat manqué du 22 août 1962 au Petit-Clamart contre le général de Gaulle, commandité par Jean-Marie Bastien-Thiry. Sa longue déclaration à son procès mérite d’être lue si l’on veut bien comprendre les motivations qui ont poussé ce lieutenant-colonel, à la carrière brillante, à vouloir éliminer le chef de l’Etat.
Il avait justifié lui-même son action au cours de son procès : "Selon saint Thomas, le chef d’état a pour devoir premier et principal de gouverner ses sujets selon les règles du Droit et de la Justice, en vue du bien commun de la collectivité ; si, perdant de vue la fin pour laquelle il exerce ce pouvoir, il s’en sert pour lui-même et pour satisfaire ses passions et ses conceptions, il ne règne plus que sur un troupeau d’esclaves. Nous croyons donc que les ecclésiastiques éminents qui ont été consultés, et qui n’ont pas déconseillé notre action, n’ont fait que rappeler les commandements de Dieu, le principe et le droit de légitime défense, et la morale traditionnelle enseignée par l’Eglise en la personne d’un de ses plus grands philosophes. La tyrannie du Général de Gaulle n’appartient pas à ce genre de tyrannie "douce" à laquelle certains Pères de l’Eglise conseillent de se résigner par esprit de patience et de mortification chrétienne. C’est une tyrannie violente, sanglante, qui divise, qui détruit et qui est responsable de la mort d’innombrables victimes"."Nous n’avons pas agi par haine de Gaulle, mais par compassion pour les victimes de Gaulle et pour sauvegarder des vies humaines innocentes sacrifiées par un pouvoir tyrannique."
Une occasion de mieux connaître Bastien-Thiry, qui a dit, devant la Cour militaire de Justice, lors de son procès le 2 février 1963 : "Le danger que court actuellement ce pays ne vient pas d’un risque de destruction physique ou matérielle : il est plus subtil et plus profond car il peut aboutir à la destruction de valeurs humaines, morales et spirituelles qui constituent le patrimoine français. Ce patrimoine provient d’un héritage qui est à la fois grec, latin, occidental et chrétien et repose sur une conception précise de la liberté et de la dignité de l’homme et des collectivités humaines et sur la mise en application de principes fondamentaux qui sont la recherche et le souci de la justice, le respect de la vérité et de la parole donnée et la solidarité fraternelle entre tous ceux qui appartiennent à la même collectivité nationale. Nous croyons qu’on ne viole pas impunément et cyniquement ces différents principes sans mettre en péril de mort, dans son esprit et dans son âme, la nation tout entière."
"Le sens de l’Histoire, le grand vent de l’Histoire, sont des notions matérialistes et marxistes ; il n’y a pas de sens de l’Histoire, il n’y a pas de vent de l’Histoire, car ce qui fait l’Histoire, selon notre conception occidentale et chrétienne, qui est vérifiée par tous les faits historiques, c’est la volonté des hommes, c’est l’intelligence des hommes, ce sont leurs passions bonnes ou mauvaises."
"Nous n’appartenons pas à cette droite qui est non seulement la plus bête, mais la plus lâche du monde"."Nous sommes pour l’Europe, car nous croyons que la France peut s’intégrer à l’Europe sans renoncer à (…) ce qui fait son patrimoine moral et spirituel."
Des propos qui demeurent terriblement actuels.