La foule est présente.
A l'occasion de la Rencontre Mondiale de Familles, un concert en l'honneur du Saint-Père, dirigé par Daniel Baremboim, a été donné à La Scala. Il s'agissait de la IXe symphonie de Beethoven. Benoît XVI a ensuite commenté :
"Beethoven, tout en suivant en substance les formes et le langage traditionnel de la Symphonie classique, fait percevoir quelque chose de nouveau déjà dans l'ampleur sans précédent de tous les mouvements de l'œuvre, qui se confirme avec la partie finale introduite par une terrible dissonance, dont se détache le récitatif avec les paroles célèbres: « O amis, pas ces tons, entonnons-en d'autres, plus attrayants et joyeux», des mots qui, dans un sens, «tournent la page» et introduisent le thème principal de l' «Ode à la joie». C'est une vision idéale d'humanité que Beethoven dessine avec sa musique: «la joie agissante dans la fraternité et l'amour mutuel, sous le regard paternel de Dieu» (Luigi Della Croce). Ce n'est pas une joie spécifiquement chrétienne, celle que chante Beethoven, c'est la joie, toutefois, de la coexistence fraternelle des peuples, de la victoire sur l'égoïsme, et c'est le désir que le chemin de l'humanité soit marqué par l'amour, presque une invitation qu'il adresse à tous, au-delà de toute barrière et de toute conviction.
Sur ce concert, qui devait être une fête joyeuse, à l'occasion de cette rencontre de personnes en provenance de presque toutes les nations du monde, il y a l'ombre du séisme, qui a apporté de grandes souffrances à de nombreux habitants de notre Pays. Les parole tirés de l'« Ode à la joie» de Schiller résonnent comme vides pour nous, et même, elles ne semblent pas vraies. Nous n'éprouvons pas du tout les étincelles divines de l'Elysée. Nous ne sommes pas ivres de feu, mais plutôt paralysés par la douleur, pour tant d'incompréhensibles destructions, qui ont coûté des vies humaines, qui ont emporté leur maison et leur demeure à beaucoup. Même l'hypothèse qu'au-dessus du ciel étoilé doit habiter un bon père, nous semble discutable. Le bon père est-il seulement au-dessus du ciel étoilé? Sa bonté ne descend-elle pas jusqu'à nous? Nous cherchons un Dieu qui se tient à distance, mais qui entre dans notre vie et nos souffrances.
En cette heure, les paroles de Beethoven, «Amis, non pas ces tons …», nous voudrions presque les rapporter à celles de Schiller. Non, pas ces tons. Nous n'avons pas besoin d'un discours irréel d'un Dieu lointain, et d'une fraternité qui n'implique pas. Nous sommes à la recherche du Dieu proche. Nous cherchons une fraternité qui, au milieu de la souffrance, soutient l'autre et aide ainsi à nous faire avancer. Après ce concert, beaucoup se rendront à l'adoration eucharistique – au Dieu qui s'est mis dans nos souffrances et qui continue à le faire. Au Dieu qui souffre avec nous et pour nous, et a rendu les hommes et les femmes capables de partager la souffrance des autres et de la transformer en amour. C'est précisément à cela que nous nous sentons appelés par ce concert.
Merci, donc, une fois encore, l'Orchestre et le Chœur du Théâtre de la Scala, aux solistes et à ceux qui ont rendu cet événement possible. Merci au Maestro Daniel Barenboim aussi parce qu'avec le choix de la Neuvième Symphonie de Beethoven, il nous permet de lancer un message à travers la musique qui affirme la valeur fondamentale de la solidarité, de la fraternité et de la paix. Et il me semble que ce message est également précieux pour la famille, parce que c'est dans la famille qu'on expérimente pour la première fois comment la personne humaine n'est créée pour vivre repliée sur elle-même, mais en relation avec les autres; c'est dans la famille que l'on comprend comment la réalisation de soi n'est pas de se mettre au centre, guidés par l'égoïsme, mais de se donner; c'est en famille que commence à s'allumer dans les cœurs la lumière de la paix pour éclairer notre monde."