Le pape Benoît XVI a reçu samedi 24 septembre à Castel Gandolfo le théologien suisse contestataire Hans Küng. Joaquin Navarro-Valls – porte-parole du Vatican – a précisé que le pape avait apprécié "l’effort" du professeur Küng de "contribuer à une reconnaissance renouvelée des valeurs morales essentielles de l’humanité", à travers le dialogue des religions et dans la rencontre avec la raison séculaire. En effet, il faut savoir que l’ex-Cardinal Ratzinger a énormément travaillé sur la reconnaissance d’une éthique mondiale (que l’Eglise nomme la loi naturelle), qui n’est pas le fait d’une croyance ou d’une révélation, mais que la raison peut découvrir. L’encyclique Fides et Ratio traite notamment de ce sujet essentiel. Essentiel, car il permet de dire par exemple que le mariage n’existe que entre un homme et une femme ou que l’avortement est un crime, sans réduire ces ‘positions’ ou ces ‘valeurs’ à des actes de foi catholique (mariage comme institution divine, dignité de la personne humaine car créature de Dieu)…
Le pape et le théologien contestataire ont échangé sur la question de l’éthique mondiale et sur le dialogue de la raison des sciences naturelles avec la raison de la foi chrétienne. "L’entretien s’est par conséquent concentré sur deux thématiques qui ont récemment revêtu un intérêt particulier pour le travail de Hans Küng, la question de l’éthique mondiale – ou Weltethos – et le dialogue de la raison des sciences naturelles avec la raison de la foi chrétienne. "Le pape a souligné que l’engagement pour une conscience renouvelée des valeurs qui soutiennent la vie humaine est aussi un objectif important de son pontificat."
Le théologien et philosophe Küng (prêtre depuis 1954) a participé au Concile Vatican II, nommé par le pape Jean XXIII, et il était consultant officiel en théologie. Mais il a déclenché plus tard des débats controversés dans l’Eglise catholique et Rome lui a retiré, en 1979, la permission officielle d’enseigner au nom de l’Eglise. Hans Küng "ne peut plus être considéré comme un théologien catholique", pour s’être "écarté de la vérité de la foi catholique". Le théologien critiquait la papauté et son infaillibilité. Hans Küng s’est montré très critique face au nouveau pape, qualifiant le choix du collège des cardinaux d’"immense déception". Il est président en Allemagne et en Suisse de la Fondation Weltethos ou Fondation pour une éthique mondiale.
Loin de sa réputation d’inquisiteur, le nouveau pape est en fait très ouvert au dialogue et cherche sans cesse, comme le Bon Pasteur, à remettre ses brebis égarées dans le droit chemin (et non pas à les condamner). Patrice de Plunkett explique très bien cela dans son ouvrage, Benoît XVI et le plan de Dieu, le nouveau pape voulant, selon lui, développer une véritable théologie de la libération, fondée sur l’Evangile et non sur le marxisme. Une théologie traitant de l’action des chrétiens dans la société et donc, notamment, du problème épineux de la laïcité et de l’éthique fondamentale qui s’impose, rationnellement, à tout homme.