Lu dans Minute :
"Bernard Maris était l’un des rares journalistes économique à rejeter la doxa monétariste et à faire prévaloir le primat du politique sur la gouvernance économique. Son aisance financière lui permettait une véritable indépendance d’esprit. Récemment, il s’était rallié aux thèses préconisant la sortie de l’euro, sur une ligne proche de celle de Jacques Sapir. Sa femme, Sylvie, était la fille unique de Maurice Genevoix (1890-1980), l’écrivain combattant de Ceux de 14, récompensé en 1925 par le prix Goncourt pour Raboliot. Cette rencontre le marquera à jamais et l’oeuvre de Genevoix nourrira son patriotisme comme elle a nourri celui du préfet Michel Bernard (lire son Pour Genevoix, La Table Ronde). Bernard Maris portait la chevalière de Genevoix et écrivait dans sa maison de Vernelles, sur les bords de Loire. « La lecture de Ceux de 14 fut un éblouissement », écrira-t-il.
Après la mort de sa femme en 2012, Bernard Maris, par devoir filial, avait repris le flambeau du souvenir la Grande Guerre. En 2013, il avait ainsi fait paraître L’homme dans la guerre (Grasset), un essai comparant la vision de Maurice Genevoix et celle d’Ernst Jünger qui se firent face aux Eparges le 25 avril 1915. Maurice Genevoix témoignait pour les hommes tombés dans les tranchées, Jünger exaltait l’armée et la nation. A trois mois près, Bernard Maris ne goûtera pas à ce centenaire. La mort prématurée de Sylvie Genevoix l’avait aussi rapproché du catholicisme de son enfance. Il avait retrouvé, à l’occasion de ce déchirement intime, le chemin de la confession et de la communion."