Le curé de la paroisse Sainte-Jeanne-de-Chantal à Paris écrit à ses paroissiens :
L’objet de ce texte n’est pas de vous parler de la loi contre laquelle une mobilisation aura lieu dimanche.
C’est en fait une réaction à cette phrase que nous entendons depuis des mois – “Ça ne sert à rien… La loi sera votée”. Cette phrase fait écho à celle-ci, attribuée à Bernanos : “Le démon de notre cœur s’appelle “A quoi bon !” “
Et pourtant… Cette loi qu’Emmanuel Macron disait il y a peu ”la loi de tous les dangers”, cette loi est celle de toutes les transgressions, mais elle est surtout un danger pour E. Macron et pour son parti. Ça dépend de nous.
Nous ne nous bougeons pas ? Alors oui, le gouvernement pourra dire qu’il y avait consensus. Les opposants à cette loi de bioéthique (députés, Église, manifestants, psychologues, philosophes, associations, etc) qui s’y opposent, qui consacrent leur temps à y faire un barrage, voient leurs efforts neutralisés par cet “à quoi bon” qui nous aura poussés à rester chez nous.
Si, au contraire, nous sommes très nombreux dimanche prochain, la situation devient plus compliquée – surtout à quelques mois des élections municipales ! Cette manifestation est alors une démonstration de force ; c’est le gouvernement qui apparaît comme ce qu’il est, en promouvant cette loi : un diviseur, alors qu’il prétendait ne pas vouloir cliver la société française !…
La loi a des opposants à droite, à gauche, chez LREM… Tout est donc possible.
Le groupe LREM est lui-même très gêné. Je reprends le bref compte rendu d’un RV avec une députée, reçu samedi sur un fil Whatsapp : ‘’Le projet passe car il y a consensus chez LREM pour… Par contre, si nous sommes nombreux dans la rue, ils reconsidèreront la situation”… Ce message, qui met en évidence le malaise du groupe, recoupait celui du témoignage sur certains entretiens qui montraient combien des députés restaient mal à l’aise sur ces sujets.
Tout est donc possible.
On prête à Edmund Burke cette phrase : “Pour triompher, le mal n’a besoin que de l’inaction des gens de bien”. Certes , je ne suis pas certain d’être un de ces “gens de bien”. Mais ce que je sais, c’est que la seule certitude que nous avons de perdre est de ne rien faire.
C’est une certitude de perdre non seulement cette fois-ci, mais les fois suivantes, car nous aurons donné la preuve de notre inexistence, de notre indifférence et de notre découragement. […]