Professeur émérite à l'université Paris Descartes et ancien président du Comité consultatif national d'éthique (CCNE), Didier Sicard est interrogé dans Le Figaro à propos des États généraux de la bioéthique. Extrait :
"J'ai avant tout été frappé par une forme de diabolisation des opposants à l'évolution de la loi dans les débats auxquels j'ai participé et dans les médias. Ceux qui ne sont pas d'accord avec l'ouverture de la PMA ou la modification de la loi sur la fin de vie sont très souvent traités de «réacs», d'obscurantistes ou désignés comme croyants. Ils sont accusés de mépris envers les couples homosexuels ou les femmes célibataires. C'est une manière de fermer le débat, de dénier à l'autre sa capacité de réflexion ou de mettre en doute son raisonnement en le considérant comme biaisé par une idéologie. J'y vois une confusion entre le débat politique et la dimension anthropologique de ces thèmes.
En quoi le débat sur l'ouverture de la PMA vous semble-t-il complexe?
L'ouverture de la PMA peut paraître une demande simple et légitime au plan de la liberté mais transforme la société en faisant des enfants un enjeu et non plus une finalité. Certes, des situations particulières peuvent justifier l'ouverture de ce droit. Mais faire de la PMA une thérapeutique banale interroge. N'est-ce pas faire fi de la complexité de ce qui se joue dans la filiation? On se moque de la question de la place du père en disant que ce n'est pas très grave, mais n'y a-t-il pas un risque de donner aux enfants le sentiment d'être des clones de leur mère? Un désir d'enfant pour soi me paraît un peu contradictoire. Oublier qu'un enfant résulte du désir entre une femme et un homme, c'est peut-être faire prendre un risque à notre humanité future. Ce risque semble particulièrement important dans le cas de l'ouverture de la PMA aux femmes célibataires, alors que l'on pourrait comprendre que le mariage pour tous entraîne la PMA pour les couples de femmes. Ces questions bioéthiques sont comme des poupées russes, car elles peuvent entraîner des conséquences en cascade. Ainsi, l'extension de la PMA peut aboutir à la fin de l'anonymat, de la gratuité du don de gamètes et remettre en cause l'interdiction de la procréation post mortem.
Cette complexité ne va pas faciliter la tâche du CCNE et des parlementaires…
Le CCNE n'a pas à prendre position. Il va synthétiser de la manière la plus honnête possible tous les arguments qui ont émergé lors de ces débats. Son rôle n'est pas de faire des pourcentages comme un institut de sondage. Mais le débat laisse effectivement présager une forme d'embarras pour les parlementaires. La révision de la loi de bioéthique sera un exercice périlleux, car il est très difficile d'avoir des positions médianes ou consensuelles sur certains sujets. D'autant que tout le monde a en tête le débat trop houleux du mariage pour tous."
Letalle
Quel débat sur « le mariage pour tous » ?
DUPORT
Le rôle du CCNE est de donner un avis…
Le seul problème c’est que le “E” signifie éthique et que précisément ces gens n’ont aucune éthique.
lesgourgues dominique
le E de CCNE veut dire ” environemental”