La République doit protéger tous ses enfants. C’est le message porté ce matin à la première heure devant les grilles du Palais Bourbon par le mouvement associatif et unitaire rassemblé sous le label « Marchons Enfants ! ». Au cours d’une démonstration visuelle, une douzaine de Marianne portant un masque ont dénoncé la mascarade d’un examen en douce du projet de loi bioéthique. Au lieu de profiter du contexte sanitaire pour éviter toute forme de débat, le gouvernement et sa majorité feraient mieux de répondre à l’urgence sanitaire, économique, sociale et environnementale.
« L’urgence santé, c’est pressé: PMA-GPA, laissez tomber ! », « Traiter la crise, c’est la priorité : PMA-GPA, arrêtez ! », « L’urgence, c’est la solidarité : PMA-GPA, tout sauf ça ! », L’urgence emploi, c’est maintenant : PMA-GPA, c’est pas l’moment », « L’urgence, c’est l’unité : PMA-GPA, ne font que fracturer ! »… Le message des multiples panneaux brandis aux premières heures du jour par une douzaine de jeunes femmes portant les habits de Marianne était clair : ce n’est pas le moment de reprendre en urgence et de manière précipitée le projet de loi bioéthique, alors que les députés ont commencé l’examen du texte en commission hier soir.
Débat public confisqué, démocratie en danger
Pour les Français, fortement mobilisés contre ce projet injuste qui conduira à priver volontairement des enfants de père et de l’amour de celui-ci, la pilule est amère. Et pour plusieurs raisons. Cet examen en 2e lecture intervient alors que l’urgence sanitaire est toujours en cours en raison de la circulation active du virus sur le territoire et du nombre élevé de clusters. Comble du cynisme de la majorité, la fin de l’examen du texte en séance publique est prévue le 10 juillet, c’est-à-dire le jour où prendra fin l’état d’urgence sanitaire. Hors de question pour Marchons Enfants d’organiser des manifestations sur la voie publique. Rassemblant des centaines de milliers de personnes, dans le calme et la détermination, ces manifestations ne peuvent être envisagées dans le contexte sanitaire actuel. Conséquence : il est plus difficile, voire carrément mission impossible, de créer les conditionspour un débat public de qualité sur ces enjeux majeurs. Même du côté des parlementaires, l’annonce surprise le 16 juin dernier du retour précipité du texte ne leur a laissé qu’une semaine à peine pour déposer des amendements, alors même que la version adoptée par le Sénat modifie en profondeur le projet de loi par rapport à sa version adoptée en 1ère lecture à l’Assemblée nationale.
Autres priorités
Santé, emploi, pouvoir d’achat, environnement, sécurité : les priorités des Français sont bien connues. Ils attendent des réponses du gouvernement et du Président de la République alors qu’une crise historique s’abat sur notre société. Le retour précipité et en urgence du projet de loi bioéthique n’est pas la réponse attendue par les Français. Loin d’affaiblir la famille et la filiation, il faut au contraire la soutenir par une politique ambitieuse. Tous les observateurs ont été unanimes pour saluer le rôle de la famille pendant le confinement. Premier lieu de solidarité et refuge pour les plus vulnérables, la famille est chère au cœur des Français. Envisager d’autoriser la fabrication d’enfant délibérément privés de père est une aberration autant qu’une injustice et une inégalité inacceptable.
Ce calendrier est incompréhensible : même les parlementaires les plus militants et idéologues n’en demandaient pas tant. Une poignée d’entre eux avaient appelé à un retour du texte en septembre. Le Président de la République et son gouvernement en ont décidé autrement. Pourquoi ? Si la véritable raison est le refus du débat, nul doute que les Français s’en souviendront dans quelques mois si d’aventure le processus législatif, qui est encore très long, devait à nouveau reprendre au Sénat. Privés de paroles cet été, ils seront alors très nombreux à faire entendre leur voix pour défendre celles des enfants que les désirs d’adultes risquent de priver de père, pour toute leur vie.