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Un avortement qui les a “beaucoup abîmés”

L’ancien directeur de Sciences Po Paris, Mathias Vicherat, et son ex-compagne, Anissa Bonnefont, ont fait face au tribunal jeudi 24 octobre, pour des violences conjugales dont ils s’accusent mutuellement. Ils sont l’un et l’autre poursuivis comme auteur et potentielle victime.

Pendant de longues heures, les deux prévenus ont détaillé tour à tour un quotidien de couple ponctué de disputes “quasi-quotidiennes” qui pouvaient durer “jusqu’à douze heures”, les tromperies supposées de Mathias Vicherat “avec une femme mariée” et les séjours en service de psychiatrie.

On apprend ainsi qu’un avortement les a “beaucoup abîmés”.

Faudra-t-il poursuivre les promoteurs de l’avortement qui ne préviennent jamais qu’un avortement est susceptible de détruire un couple (au-delà d’une vie qui a été tuée) ?

Rendre payant l’accès à Notre-Dame de Paris ? Pour Mgr Rey, c’est non

Alors que Rachida Dati propose de rendre payante (5€)  l’entrée des touristes dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, voici la réaction de Monseigneur Dominique Rey, qui rappelle que la gratuité de ces édifices sacrés incarne l’universalité de l’Église et de l’Évangile :

L’Etat a spolié les biens de l’Eglise à deux reprises, une première fois sous la Révolution et une seconde fois en 1905. Ce faisant il est désormais responsable de leur entretien (l’Etat pour les cathédrales, les communes pour les églises). Seules les églises construites après 1905 appartiennent à l’Eglise. Aujourd’hui, incapable d’assumer ses obligations, l’Etat ressort l’idée de faire payer les nombreux touristes qui entrent chaque année dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. Cette idée est un marronnier que l’on voit fleurir régulièrement (même à Rome l’idée a effleuré les autorités ecclésiales de faire payer l’entrée dans la Basilique Saint-Pierre…).

Il existe pourtant une solution qui devrait pouvoir convenir, en traçant un chemin de visite qui se termine par le passage au sein d’une boutique de souvenirs, ce qui devrait inciter les touristes à y dépenser leur argent après avoir traversé l’édifice.

Un mois avec les âmes du purgatoire – Petite histoire….

Cet article est une tribune libre, non rédigée par la rédaction du Salon beige. Si vous souhaitez, vous aussi, publier une tribune libre, vous pouvez le faire en cliquant sur « Proposer un article » en haut de la page.

Il est un petit livret qui vous propose de passer un mois avec les âmes du Purgatoire…
Tout a commencé par une mort tragique. Une jeune maman, mère de quatre enfants, décède dans un accident de voiture. Sa soeur pleurait sa disparition. Elle pensait au vide qu’elle laissait, mais aussi et surtout, étant fervente, elle songeait à son âme ! Oui, où est son âme ? En paradis ? c’est difficile à imaginer. En enfer ? non, elle était trop généreuse. En purgatoire alors ?
Mais du Purgatoire, on n’en parle plus. Existe-t-il vraiment ? Si oui, que se passe-t-il dans ce Lieu ?
C’est ainsi que d’églises en librairies, de recherches en recherches, elle finit par dénicher un petit livre sur le Purgatoire dans le grenier d’un ami !

Ce livre, de l’abbé Berlioux, datait de 1880 et n’avait jamais été ouvert – ses pages n’étaient pas découpées ! Mais, bien qu’un peu vieilli, il a tellement plu à sa lectrice qu’elle a souhaité le faire réimprimer auprès d’une Maison d’Editions : « Impossible ; le purgatoire, ça ne se vend plus actuellement !» lui a-t-on répondu avec un petit sourire.
Il restait à demander à « l’Etoile Notre Dame » maison d’éditions qui parlait souvent du purgatoire dans ses bulletins. Celle-ci a accepté sans hésitation après avoir rajeuni certaines expressions courantes au XIX° siècle !

On sait bien dans le monde chrétien, que la prière des vivants est utile aux morts, mais on ne sait pas assez que les suffrages pour les morts sont utiles aux vivants. Oui, la puissance et la gratitude des saintes âmes du purgatoire sont trop peu connues et appréciées, et l’on ne se préoccupe pas assez de recourir à leur intercession. Et pourtant, leur crédit est si grand que si l’expérience de chaque jour n’était là pour en rendre témoignage, à peine pourrait-on le croire. A la vérité, ces âmes bénies ne peuvent plus gagner de mérites, mais elles ont la faculté de faire valoir leurs mérites antérieurs en notre faveur. Elles ne peuvent rien obtenir pour elles -même mais les prières qu’elles font pour nous et les souffrances qu’elles endurent touchent vivement le Cœur de Dieu. Et si elles peuvent déjà nous être grandement utiles pendant qu’elles sont dans le lieu de l’expiation, que ne feront-elles pas pour nous lorsqu’elles seront au Ciel ! Comme elles seront reconnaissantes envers leurs bienfaiteurs !

Aussi, le plus grand nombre des théologiens, entre autres les saints Liguori, Bellarmin, … enseignent que l’on peut légitimement et très utilement invoquer les âmes du purgatoire, pour obtenir de Dieu les grâces et les faveurs dont on a besoin, soit pour l’âme, soit pour le corps. Sainte Thérèse avait coutume de dire que tout ce qu’elle demandait à Dieu par l’intermédiaire des fidèles trépassés, elle l’obtenait. « Quand je veux obtenir sûrement une grâce, disait Sainte Catherine de Bologne, j’ai recours à ces âmes souffrantes, afin qu’elles présentent ma requête au Seigneur, et la grâce est toujours accordée. » Elle assurait même qu’elle avait reçu par leur entremise bien des faveurs qui ne lui avaient pas été accordées par l’intercession des Saints.
Il y a notamment certaines faveurs temporelles qui semblent être plus particulièrement réservées à ces âmes : la guérison d’une maladie grave, la préservation d’un danger physique, moral ou spirituel, le mariage et l’entente dans les foyers, trouver un travail… Dieu, sachant combien les hommes attachent de prix à ces biens de second ordre, les a mis, pour ainsi dire, à la disposition des âmes souffrantes, afin de nous inciter par là à leur procurer les plus abondants suffrages.

Il y a donc tout à gagner pour nous à échanger ainsi nos prières contre celles de nos frères les morts. Admirable don de la Providence et mystère de la Communion des Saints ! En même temps que nous les soulageons par nos prières et que nous les délivrons du purgatoire, ils offrent à Dieu pour nous, leurs mérites acquis sur la terre et nous recevons ainsi, des bénédictions spirituelles et temporelles. Que d’avantages, que de consolations de toutes sortes dans la pratique de la charité chrétienne à l’égard des membres de l’Eglise souffrante !
Connaître les âmes du purgatoire, les délivrer, les prier : voilà les trois raisons de ce livret. Qui pourrait affirmer qu’il n’y a personne de sa famille ou de ses proches au purgatoire ?

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Un mois avec les âmes du Purgatoire, Abbé Berlioux, Etoile Notre-Dame, 3€

La Renaissance aura été un changement de paradigme qui imposa la primauté de l’homme sur son Créateur

Extrait d’un article d’Anne Bernet dans France catholique :

L’enthousiasme des historiens laïcs à l’égard de la Renaissance devrait éveiller chez les catholiques une certaine méfiance, tout comme, d’ailleurs, cette appellation de Renaissance, tardivement apparue sous la plume de l’historien et peintre Giorgio Vasari (1511-1574), dans un strict contexte artistique de retour aux techniques des maîtres antiques, mais dévoyée par la suite.

S’il y eut renaissance, il faut bien, en effet, qu’il y ait eu mort et qu’un printemps prometteur ait succédé à un trop long hiver, « arrachement au tombeau de la nuit médiévale » (Daniel-Rops). Autrement dit, une rupture assumée et définitive avec ce Moyen Âge qui vit naître et grandir la chrétienté, univers mental, politique et social où tout tournait autour de Dieu.

Malgré ses splendides réalisations, ses génies, ses chefs-d’œuvre, la Renaissance aura donc été d’abord un changement de paradigme qui imposa la primauté de l’homme sur son Créateur.

Tout cela ne s’est pas fait en un jour, n’en déplaise aux simplificateurs et la crise polymorphe qui aboutit, au XIVe siècle en Italie, au XVe siècle en France, à cette véritable révolution intellectuelle et morale vient de loin.

Peste, guerres et crises

Faut-il l’attribuer à la peste noire qui, en cinq ans (1347-1352), tue entre 30 et 60 % de la population européenne et provoque un vide démographique impossible à combler, brisant ainsi l’élan vital ? À la guerre de Cent Ans ? À une crise de l’autorité qui atteint les gouvernements laïcs mais davantage encore le pouvoir spirituel avec le Grand Schisme d’Occident et une papauté éloignée de Rome prêtant le dos aux scandales en tous genres ? À une rupture d’unité encore inédite dans le tissu chrétien avec les précurseurs du protestantisme, Wiclef en Angleterre, Huss en Europe centrale, puis la perte pourtant annoncée de l’empire byzantin à laquelle les princes chrétiens ne sauront rien opposer d’efficace en temps utile ? À une rupture dans les façons d’être, prévisible dès le XIIIe siècle, avec le monde féodal, le modèle chevaleresque dépassé par une vision plus pragmatique des affaires de ce temps, se laissant subvertir par une morale de commerçants et grands bourgeois incarnée par les banquiers lombards et les marchands toscans ? À l’émergence des États-Nations qui feront passer leurs intérêts propres avant ceux de la chrétienté et refuseront la tutelle du pape ? Ou plutôt à tout cela en même temps… […]

“L’immigration n’est que la conséquence de notre effondrement culturel”

Frédéric Saint Clair, politologue, analyste en stratégie et en communication politique, ancien chargé de mission auprès du Premier Ministre Dominique de Villepin, auteur de plusieurs ouvrages dont “La Droite face à l’islam” (Salvator, 2018) et dernièrement “L’extrême-droite expliquée à Marie-Chantal” (Nouvelle Libraire, 2024), a été interrogé sur Ligne Droite, l’émission du matin de Radio courtoisie :

En avril, il était interrogé dans l’Incorrect :

Qui est Marie-Chantal ? Le mouvement sinistrogyre ayant fait son œuvre, ne sommes-nous pas tous, d’une manière ou d’une autre, des Marie-Chantal ?

Ha ha ! Vous risquez de fâcher une partie de votre lectorat avec votre deuxième question. Cependant, d’une certaine manière, vous avez raison. Si l’on prend la conception « bourgeoise » dans son sens le plus large, celui d’un attachement au principe libéral et démocratique, alors nous avons tous été plus ou moins contaminés. Nous réclamons tous davantage de libertés. Et nous aspirons tous à plus de démocratie, ou à ce que nous estimons être une « vraie démocratie ».

Sauf que le profil politique de Marie-Chantal ne se limite pas à un attachement à la démocratie libérale. Bourgeoise, citoyenne du monde, bien-pensante, elle incarne une idéologie propre à notre temps, une classe composée d’un « petit nombre de privilégiés » qui monopolisent « les avantages de l’argent, de l’éducation et du pouvoir » pour parler comme Christopher Lasch ; des privilégiés qui n’aspirent au statut d’élite que pour « échapper au sort commun », et qui ne se reconnaissent pour ainsi dire aucune obligation envers « leurs prédécesseurs », ni envers « les communautés qu’ils font profession de diriger ». Cette bourgeoisie ne comprend rien à la « fragilité de la civilisation » ni au « caractère tragique de l’histoire ». Elle vit « étourdiment dans l’assurance que demain [le monde] sera plus riche, plus vaste, plus parfait. » Il faut lire le chapitre 2 de La Révolte des élites de Lasch, car il y dresse un portrait, certes sans concession mais très fidèle, de cette classe sociale admirablement (ou tristement) incarnée par l’électorat macroniste.

Qu’appelez-vous extrême droite, et en quoi est-elle un « rempart du politique » ? Pourquoi vous revendiquer d’un concept que beaucoup considèrent infâmant ?

Le terme « extrême droite » est effectivement infâmant. Pierre-André Taguieff explique dans Sur la Nouvelle Droite, que ce qualificatif est un « instrument d’illégitimation de l’adversaire, traité comme un ennemi absolu ». Lors de nos rendez-vous réguliers au Café de Flore, j’ai commencé par expliquer à une Marie-Chantal affolée par la montée des extrêmes pourquoi les partis politiques (RN, Reconquête, etc.) et les médias (CNews, Valeurs actuelles, L’Incorrect) ne pouvaient raisonnablement pas être étiquetés « extrême droite ».

Je l’ai ensuite interrogée. Et à la question : « C’est quoi l’extrême droite ? », elle a été incapable de répondre de manière objective. Je lui ai donc proposé une définition initiée, une fois encore, par Taguieff : prise de pouvoir par la force (coup d’État) ; exercice du pouvoir par la force (dictature) ; discrimination volontaire. Lorsque ces trois critères sont réunis, alors on peut parler d’extrême droite. Il est évident que ni les partis politiques ni les médias cités plus haut n’entrent dans cette catégorie. Marie-Chantal m’a alors demandé : « Qui coche les trois cases ? » J’ai bien été obligé de lui répondre, honnêtement : « Moi ! » Mais si je suis un intellectuel d’extrême droite, c’est principalement parce que mon travail consiste à penser cette notion qu’est l’usage politique de la force (à la fois pour prendre le pouvoir dans les cas extrêmes, et pour gouverner dans les situations d’exception), et la notion d’ennemi, qui induit celle de discrimination – un travail de réflexion qui s’inscrit dans la lignée de Machiavel, de Hobbes ou encore de Carl Schmitt.

Pour réponse à votre question concernant le rempart, je dirais : la question de l’ennemi et celle de la force sont essentielles en politique. Julien Freund a rappelé que : « Il n’y a de politique que là où il y a un ennemi. » Il s’est d’ailleurs fait virer par son premier directeur de thèse à cause de cela. Les penseurs démocrates et sociaux-libéraux refusent de penser la violence physique et l’ennemi. C’est pour cette raison même qu’ils sont impuissants à nous défendre contre les diverses menaces auxquelles nous sommes confrontés actuellement. Et c’est pour cela que l’« extrême droite » intellectuelle à laquelle j’appartiens, en repensant l’ennemi et l’usage de la force, constitue un « rempart du politique ». Si la classe politique – de Macron à Zemmour – refuse de réactualiser son logiciel, alors nous sombrerons.

Pourquoi sommes-nous obligés d’en passer par un coup d’État ?

Rien ne nous y oblige, sauf les circonstances. Les formes de coups d’État sont multiples dans l’Histoire. La seule qui soit digne d’intérêt politiquement est celle qui consiste à mettre un terme à ce que les Romains de l’Antiquité nommaient le « tumultus », le chaos, la guerre civile, afin de rétablir la paix civile et un système institutionnel stable et pérenne. Nous avons deux exemples magistraux de coup d’État en France : Bonaparte, le 18 Brumaire de l’an VIII ; Charles de Gaulle, lors des journées qui ont suivi celle du 13 mai 1958. Les deux ont pris le pouvoir au moyen de la force armée. Premier point clef : zéro mort ! Le coup d’État n’est pas une violence exercée contre les hommes, mais contre les institutions, contre l’État de droit.

Second point clef : dans ces deux cas historiques, l’objectif a consisté à réformer la Constitution, afin de mettre un terme à une forme de guerre civile – Révolution dans le premier cas ; guerre d’Algérie dans le second. Pourquoi était-il nécessaire d’en passer par là ? Principalement en raison de la déliquescence du système démocratique. Michel Winock a pris pour titre de son livre (qu’il faut absolument lire !) consacré au coup d’État gaullien : L’Agonie de la IVe République. Cela résume toute la question. À certains moments de l’histoire, le chaos, la confusion politique et la faillite démocratique sont tels que seule la force devient envisageable. Certains responsables politiques ont suggéré à de Gaulle d’essayer de former un gouvernement selon la procédure démocratique alors en vigueur. Ce dernier a refusé de se soumettre à des « procédures périmées ». Il a réclamé les pleins pouvoirs. Il fallait que cet état d’exception fut acté par la classe politique pour parvenir à mettre un terme à l’agonie de la IVe République. Nous vivons aujourd’hui dans la République la plus pérenne de notre histoire. Ce que beaucoup ignorent, notamment Marie-Chantal, est qu’elle est née d’un coup d’État.

Selon vous, Éric Zemmour n’a pas vu un moment politique propice…

Face à Alain Duhamel, sur BFMTV, le 18 octobre 2021, Éric Zemmour a affirmé : « Je pense que la guerre civile est déjà là. » C’est un désaccord profond entre lui et moi. Car, nous serons d’accord pour dire que la capacité d’action du pouvoir politique a été à ce point rognée (par l’UE, par les juges « rouges », le Conseil constitutionnel, le Conseil d’État, etc.) que nos institutions ne parviennent plus à nous protéger contre le chaos civil. Nous serons d’accord pour dire que la démocratie est fortement abimée. Deux des trois conditions sont donc réunies pour une prise de pouvoir par la force. Ce qui me fait dire que le moment n’est pas encore venu (même s’il viendra probablement), c’est que nous ne sommes pas en situation de guerre civile. Mais si Éric Zemmour le pense sérieusement, et qu’au lieu de prendre les mesures qui s’imposent – lui qui a pour principales références historiques Napoléon et de Gaulle – il se contente de former un mouvement politique et de discourir sur les plateaux télévisés, c’est qu’il n’a pas saisi ce que les Grecs nommaient le Kaïros, le moment opportun. S’il y a guerre civile et s’il y a agonie de notre système politique, alors la seule réponse politique envisageable est une réponse d’exception.

Au moment de vous distinguer de Carl Schmitt, vous dites que « la politique n’est pas volonté d’annihilation, effective ou virtuelle, mais volonté de domination ». Qu’entendez-vous par là ? Quelles sont les conséquences pratiques de cette relecture critique du « matérialisme théologique » schmittien ?

Je ne saurais répondre à une question d’une telle densité en quelques lignes seulement. Voici quelques éléments de réponse parcellaires : Carl Schmitt est probablement le penseur du politique le plus sulfureux du XXe siècle. Mais c’est un génie ! On ne peut pas penser le politique sans lui. Sa définition du politique, fondée sur la notion d’ennemi, est une référence. Elle a repoussé bien des intellectuels, et elle en a subjugué d’autres. Elle comporte cependant une faille, qui n’est pas morale, mais philosophico-politique. Une faille majeure : elle ne nous protège plus ! Tant que l’ennemi était armé, on pouvait l’affronter de la manière décrite par Schmitt. Il demeure pertinent face aux terroristes et aux criminels. Mais désormais, une guerre civilisationnelle d’un autre type – où l’ennemi utilise les faiblesses politiques des démocraties libérales pour nous dominer culturellement – s’est superposée à la première, plus violente. Cette nouvelle menace qui mélange les dimensions culturelle et politique offre à voir un visage renouvelé de l’ennemi. Un ennemi qui peut être, à titre privé, fort sympathique, mais qui publiquement halalise notre pays, voile nos femmes et fait disparaître notre « art de vivre à la française ». Face à un tel ennemi, Schmitt est impuissant !

Pour nous défendre, il faut repenser la notion d’ennemi, c’est-à-dire dépasser Schmitt. Pour y parvenir, il m’a fallu creuser sa réflexion jusqu’à ses fondements, qui sont théologico-politiques. C’est dans les Écritures, et plus particulièrement dans l’épitre aux Éphésiens, que se situe la racine de notre désaccord. J’aborde cette question brièvement dans cet essai, car je l’ai développée plus largement dans un essai précédent, Le Christ guerrier, où j’ai tenté d’expliciter la manière dont l’Évangile permet de répondre au choc des civilisations. En bref, je prétends qu’il est à la fois possible d’aimer nos frères musulmans, de cesser de les stigmatiser publiquement au sujet du voile, du burkini – et ainsi d’obéir à l’injonction chrétienne –, tout en mettant un terme au basculement civilisationnel qui nous frappe. Mais tant que nous ne comprendrons pas la dynamique spirituelle de l’Occident, nous ne parviendrons pas à renoncer véritablement aux « vieilles méthodes », à une façon périmée d’envisager la guerre, les relations de puissance, et donc l’ennemi – sous toutes ses formes.

« Les droites ont trente ans de retard en matière de théorie politique » dites-vous. Pourquoi ?

C’est Simone Weil qui disait qu’un parti politique est un lieu où on ne pense pas. Or, à force de ne pas penser, on prend du retard sur l’Histoire… Plus précisément, je dirais que l’essentiel de la classe politique n’est pas encore entrée dans le XXIe siècle. Leurs raisonnements sont structurés, et même cohérents, mais ils sont périmés. La porte du XXIe siècle est constituée, peu ou prou, par trois politistes américains : Fukuyama, Huntington et Brzezinski. Le troisième est largement ignoré, ce qui montre la faillite de l’approche française des relations internationales. Quant aux deux autres, l’équation se résume à un « pour ou contre le choc des civilisations ? », et à un « Fukuyama s’est trompé, car les démocraties libérales n’ont pas gagné ». N’importe quoi ! Juste un mot au sujet de ce dernier intellectuel : Fukuyama ne dit pas que les démocraties libérales ont gagné ; il dit que le modèle démocratique et libéral est le plus haut qu’il soit possible d’atteindre. Et aujourd’hui, de la gauche modérée à la droite la plus radicale, tout le monde acquiesce.

Résultat : personne n’est capable de se libérer de l’idéologie molle qui gouverne la pensée politique contemporaine. Il n’y a plus que des Marie-Chantal dans toute la classe politique ! Quel responsable politique est capable de penser l’état d’exception, et donc l’imperium romain ? Lequel est capable de repenser véritablement l’ennemi ? Sans compter qu’ils sont tous effrayés à l’idée de faire usage de la fameuse « violence légitime », que même Foucault défendait pour éviter la dissolution de la République et l’anarchie.

Qu’appelez-vous « libéralisme identitaire », et en quelles en sont les implications concrètes ?

C’est un concept absolument clef pour comprendre le piège multiculturaliste dans lequel nous sommes pris. Le théoricien de ce multiculturalisme n’est pas un gauchiste woke, c’est un pur libéral « républicaniste » : Charles Taylor. Un penseur absolument brillant. Il est Canadien, et il a développé une théorie qui avait pour objet d’éviter que la minorité française ne meure étouffée sous l’avalanche culturelle anglo-saxonne. Et là, normalement, tout le monde devrait applaudir des deux mains, y compris la droite radicale. Sauf que c’est en fonction des mêmes arguments qu’il autorise l’islamisation et l’africanisation de la France. Et là, tout le monde se retrouve piégé, la mine déconfite, y compris la droite radicale. Tant que nous demeurons attachés aux concepts de liberté et d’égalité, il est impossible de renverser Taylor. Et notre histoire moderne nous interdit d’y renoncer brutalement, sinon c’est le retour à la tyrannie, ce que personne ne souhaite. Conclusion : dans un Occident résolument bourgeois, Taylor gagne. Nous disparaîtrons donc dans le grand bain du progressisme multiculturel. Notez que ce n’est pas la faute de Mélenchon, car à ma connaissance, il n’a jamais pris le pouvoir, ni en France ni en Europe.

Vous êtes critique du « grand remplacement » et lui préférez une approche par les « diasporas ». Que ce déplacement nous permet-il de mieux comprendre ?

Le grand remplacement est une réalité. Mais une réalité démographique. Or, la démographie, comme l’ethnos, se révèlent assez peu politiques. Je n’ai pas assez d’espace ici pour développer ce point qui est un peu technique. Mais, pour résumer, je dirais qu’on commet une grave erreur en analysant le basculement civilisationnel qui nous frappe sous l’angle « démographiste ». Je vais en heurter quelques un en disant cela, mais tant pis : la question du nombre est importante mais elle demeure secondaire. On pense souvent, assez naïvement, que les individus sont porteurs d’une culture. À première vue, c’est vrai.

Mais si l’on y regarde de plus près, c’est l’inverse qui est vrai : c’est la culture qui porte les individus. Ceci est vrai pour les autochtones, mais encore plus pour les diasporas. Les responsables politiques pensent et agissent comme si les diasporas étaient intellectuellement autonomes, comme si elles pensaient par elles-mêmes. En réalité, les diasporas ne pensent pas, ou plutôt, elles ne pensent que ce que les grands centres spirituels auxquels elles sont culturellement rattachées leur disent de penser. Si demain l’Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie se mettaient à diffuser un islam des Lumières, croyez-vous que la diaspora islamique française continuerait de promouvoir la charia et l’islamisme ? Bien évidemment pas ! Elles obéissent malgré elles à des courants idéologiques structurels qui les englobent et les dépassent. Penser les diasporas, au lieu de comptabiliser le nombre d’immigrés, permet d’envisager le problème des migrations sous un angle géopolitique, et véritablement civilisationnel.

Fondamentalement, est-il possible de sauver notre civilisation chrétienne sans une foi ravivée ?

Je fais le pari que oui, si par « sauver » vous entendez : résorber le chaos civil qui règne aujourd’hui en France, et enrayer le basculement civilisationnel. Nous pouvons aller assez loin sans réinjecter de la religion dans la politique. En revanche, nous ne pourrons pas faire l’économie d’une réflexion théologico-politique renouvelée. Et nous ne pourrons pas non plus faire l’économie d’une réflexion concernant la crise spirituelle que traverse l’Occident. Car la vérité, c’est que la foi aussi est en crise, et pas seulement parce que les églises sont désertes. Un gigantesque aggiornamento dogmatique attend la chrétienté – et pour être honnête, je ne suis pas certains qu’elle soit prête pour cela.

Toulouse : consécration de la ville et du diocèse au Sacré-Cœur de Jésus

Homélie de Mgr de Kérimel, à l’occasion de la consécration de la ville et du diocèse de Toulouse au Sacré-Cœur de Jésus, 16 octobre 2024 :

Jésus est mort sur la croix, seul, abandonné par ses disciples, rejeté par son peuple. Il a crié vers son Père : « Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » ; tout était nuit en Lui et autour de Lui, car une éclipse du soleil avait mis Jérusalem dans l’obscurité. Jésus est mort, parce qu’Il a pris sur Lui, dans sa chair, tout le mal accumulé depuis les débuts de l’humanité et jusqu’à la fin des temps. Satan, le Prince de ce monde, semble vainqueur : Jésus est mort.

Et voici qu’un soldat, d’un coup de lance, perce son Côté et atteint son Cœur. Du Cœur de Jésus sort du sang et de l’eau, semence, dans les ténèbres de la mort, d’une création nouvelle qui surgira du tombeau le troisième jour. L’amour, le véritable amour dont la source est le Cœur de Dieu, n’est pas mort ; il est immortel, incorruptible, vainqueur du péché et de la mort, source de vie nouvelle. Le Cœur de Dieu est ouvert définitivement pour toute l’humanité, pour les justes et les pécheurs, pour les victimes et les bourreaux. Le Sacré-Cœur de Jésus est la révélation la plus éloquente de la victoire de l’Amour divin manifesté par Jésus, Fils de Dieu et Fils de l’homme, mort pour nos péchés et ressuscité d’entre les morts pour notre salut.

La Vierge Marie, figure de l’Église, avec Saint Jean apôtre de Jésus-Christ, sont au pied de la croix. Ils recueillent, en quelque sorte, le sang et l’eau qui coulent du Cœur du Christ, symboles des sacrements, pour que tous ceux qui ont soif viennent puiser aux sources vives du salut et renaissent à la vie nouvelle d’enfants de Dieu. Depuis la mort de Jésus, ces quelques gouttes de sang et d’eau sont devenus un fleuve immense qui assainit tout sur son passage.

Dans notre monde, là où règnent les ténèbres de la guerre, de la corruption, des diverses formes d’esclavage et d’abus, les ténèbres du mensonge, de la haine, de la désespérance, partout où règnent les ténèbres, l’amour n’est pas mort : des cœurs d’hommes et de femmes s’ouvrent, se laissent blesser par la souffrance de leurs contemporains et agissent pour que le mal n’est pas le dernier mot. Dans les ruines fumantes des destructions opérées par les bombes, des hommes et des femmes ouvrent leur cœur pour chercher les survivants et les libérer des décombres. Dans une société où grandit la violence, l’exclusion, la solitude, des cœurs s’ouvrent pour inviter au respect et à la confiance ; dans une société qui a perdu le sens et se laisse fasciner par les ténèbres, des cœurs s’ouvrent pour témoigner de l’espérance. Ces hommes et ces femmes de cœur témoignent d’un autre monde possible, en apportant un peu de réconfort, des soins médicaux, une libération, la lumière. Au cœur de situations dramatiques, des pardons sont donnés, des gestes d’amour sont accomplis, dans la discrétion, tous les jours.

Si nous voulons être disciples de Jésus, disciples de son Sacré-Cœur, il nous faut être des hommes et des femmes de cœur, vulnérables à la souffrance de nos contemporains. Notre place est là où l’humanité est sous l’emprise des ténèbres, confrontée au mal et à la mort obscure.

Si nous voulons vaincre avec le Christ, si nous voulons que règne le Cœur de Jésus sur la ville et le diocèse de Toulouse, il nous faut combattre les racines du mal et du péché dans notre propre cœur, rechercher, avec la grâce de Dieu, l’humilité, fuir l’indifférence, renoncer à la violence, œuvrer à la justice, être artisans de paix, rechercher la pureté de cœur, être serviteur de la miséricorde, accepter de subir la contradiction.

La consécration de la ville et du diocèse au Sacré-Cœur de Jésus, ne portera ses fruits que dans la mesure où nos cœurs s’ouvriront toujours plus à l’amour miséricordieux de Dieu. Laissons-nous introduire dans le Cœur de Jésus, pour connaître et expérimenter la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur de l’amour du Christ dans notre propre vie ; alors nous saurons le voir à l’œuvre dans le monde. Nous apprendrons à voir chaque personne humaine avec le regard aimant du Christ ; nous apprendrons à discerner les évènements à partir de cette source.

La consécration de la ville et du diocèse au Sacré-Cœur de Jésus est donc pour nous une invitation à la conversion pour donner à voir, dans notre monde blessé, quelque chose du monde nouveau, né du Cœur transpercé de Jésus. Comment les communautés chrétiennes, avec toutes les personnes de bonne volonté, sont-elles témoins et acteurs de la victoire de l’amour dans le monde, aujourd’hui ?

Nous sommes, parfois à juste titre, scandalisés par le mal, et il est tentant de réagir par la manière forte, mais ce serait entrer dans une logique qui n’est pas celle de la création nouvelle, elle n’est celle du Sacré-Cœur de Jésus. Le mal n’est jamais vaincu par la force ; il est tout au plus freiné, empêché de se répandre, mais il n’est pas éradiqué. « Rien par la force, tout par amour », disait Saint François de Sales. Le mal n’est jamais vaincu par le mal ; les guerres nous le montrent, elles sont toujours un échec. « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien », écrit St Paul dans sa lettre au Romains.

Saint Paul atteste la victoire de l’amour du Christ. « Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ?… Mais, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rom. 8, 34-35 ; 37-39).

+ Guy de Kerimel

Archevêque de Toulouse

Retailleau veut ce qu’il ne veut pas

Cet article est une tribune libre, non rédigée par la rédaction du Salon beige. Si vous souhaitez, vous aussi, publier une tribune libre, vous pouvez le faire en cliquant sur « Proposer un article » en haut de la page.

Bruno Retailleau voulait un « pacte législatif », pour faire des lois sans être au gouvernement. C’est-à-dire sans avoir à se soucier de leur application. C’était absurde, comme nous l’avons montré ici.

Finalement, M. Retailleau est au gouvernement. Il veut une nouvelle « loi immigration », et il est en poste pour la faire appliquer. Cela semble plus cohérent. Mais… ?!

Mais… il sait que l’Assemblée Nationale actuelle n’ira pas très loin dans cette « loi immigration ». Elle est déjà réticente à “revoter” les lois censurées par le Conseil Constitutionnel en janvier dernier.

Alors M. Retailleau explique qu’il est favorable à un référendum sur le sujet, et même « mille fois favorable ». Cela semble plus cohérent. Mais… ?!

Mais… il sait que le gouvernement actuel ne fera pas ce référendum. Il est déjà réticent à choisir entre la position de Retailleau et celle du ministre (de gauche) de la Justice Didier Migaud.

Bref, M Retailleau veut des évolutions censées, mais il veut qu’elles arrivent par miracle, abracadra. Il refuse évidemment toujours toute alliance avec le RN, seul parti important qui veut un tel référendum.

La politique, c’est l’art du POSSIBLE. M. Retailleau, croyez-vous vraiment qu’il soit POSSIBLE de changer suffisamment de députés centristes et de gauche, qui seraient alors prêts à appliquer la politique que vous souhaitez ?

Ou bien n’est-il pas plutôt POSSIBLE que vous changiez, vous, pour enfin travailler avec ceux qui veulent la même chose que vous ?

Demain, M. Retailleau, vous ne pourrez pas nous dire « je voulais, et je n’ai pas pu ».

Certes, vous VOULEZ une politique POSSIBLE : arrêter le suicide français, dont l’immigration est un facteur décisif. Mais vous le voulez D’UNE MANIERE IMPOSSIBLE : convertir beaucoup de vos opposants. Vous REFUSEZ LA SEULE MANIERE POSSIBLE d’arrêter ce suicide, alors même que vous reconnaissez l’urgence : avec le RN.

Si la volonté n’est pas cohérente, ce n’est pas de la volonté, c’est de l’affichage.

Demain, M. Retailleau, vous ne pourrez pas nous dire « je voulais, et je n’ai pas pu ». Si vous avez encore un peu d’honnêteté, vous devrez dire : « je voulais, mais en même temps je ne voulais pas ».

Charles Rosiers, ancien chroniqueur au quotidien Présent, [email protected]

Ordinations dans le diocèse de Toulon

Peu de temps après la publication du texte de Jean-Pierre Maugendre, Mgr Touvet annonce :

Je me réjouis d’annoncer l’ordination de six séminaristes de la Société des Missionnaires de la Miséricorde Divine, qui aura lieu le 1er décembre à 15h30, à la Collégiale de Lorgues.
Ces ordinations sont le fruit d’un dialogue confiant et paisible entretenu avec le supérieur de la communauté et le Dicastère pour le Culte Divin. En effet, les statuts de cette communauté indiquent l’utilisation pour les prêtres et diacres des livres liturgiques d’avant le concile. Or, l’emploi de l’ancien missel nécessite une concession qui ne peut être octroyée à un prêtre récemment ordonné que par le Saint-Siège. J’avais donc initié des échanges loyaux avec le Dicastère compétent pour favoriser les ordinations et suis heureux de cette issue favorable.
Je suis attentif aux différentes sensibilités qui rayonnent dans le diocèse de Fréjus-Toulon, au regard des normes liturgiques et de la fidélité à l’Église. Il est primordial de poursuivre notre travail pour l’unité.
Je me suis engagé avec détermination pastorale et sollicitude paternelle auprès des Missionnaires de la Miséricorde Divine qui reconnaissent la validité du missel actuel et recherchent depuis leur fondation, il y a presque 20 ans, une véritable insertion dans la vie diocésaine sous l’autorité de l’évêque. Je suis heureux de les accompagner et les remercie de leur confiance et de leur générosité au service de l’Église.
J’invite chacun à prier pour eux et pour les artisans d’unité, afin que la liturgie ne soit pas le lieu d’un combat, mais d’une communion en Jésus-Christ Sauveur.
Mgr François TOUVET
Évêque coadjuteur de Fréjus-Toulon

L’actualité du chant grégorien, « chant propre de la liturgie romaine »

La prochaine édition des Rencontres grégoriennes aura lieu du 25 au 27 octobre, à Strasbourg, avec près de 120 participants. Entretien dans France catholique avec le Frère Médéric Bertaud, Missionnaire de la Miséricorde divine et organisateur de ce week-end.

Pourquoi ces Rencontres ?

Elles sont un lieu de transmission et de formation du grégorien, pour les catholiques de toutes sensibilités liturgiques, attachés à la belle liturgie et désireux d’apprendre ce chant. Les intervenants sont tous de très haut niveau mais les participants, eux, sont de tous niveaux : 25 % sont débutants. Il y a donc des ateliers adaptés.

Quel est l’objectif ?

Il est triple. Nous souhaitons former les personnes – jeunes, laïcs et clercs – engagées en paroisse pour le service musical de la liturgie. Nous espérons aussi renforcer l’unité au sein de l’Église, afin de sortir des préjugés. Le chant grégorien est souvent confondu avec la liturgie traditionnelle. Or 50 % des participants de ces rencontres n’en sont pas des habitués, et la moitié des offices de la session ne le sont pas non plus. Enfin, nous désirons développer la connaissance de ce chant, en vue d’une nouvelle évangélisation – dans un esprit d’obéissance à l’Église – car nous constatons qu’il touche beaucoup de personnes non croyantes ayant une grande soif spirituelle.

En quoi ce chant est-il actuel ?

C’est un trésor qui appartient à la Tradition vivante de l’Église qu’elle reconnaît, selon la Constitution sur la liturgie du concile Vatican II, comme « le chant propre de la liturgie romaine », qui doit y « occuper la première place ». Le grégorien répond à une soif de beauté, de sacralité, d’ancrage et de mystère chez de plus en plus de jeunes. Les moins de 30 ans représentent 43 % des inscrits ! Il faudrait donc que, dans toutes les paroisses, la liturgie – traditionnelle ou non – réponde à l’urgence de cette soif. Le grégorien peut y contribuer. […]

Guadalupe, Mère de l’humanité

Saje annonce la sortie au cinéma du film docu-fiction Guadalupe, Mère de l’humanité,  le 4 décembre prochain.

Il y a près de 500 ans, la Vierge Marie est apparue au jeune Aztèque Juan Diego. Aujourd’hui encore, Notre-Dame de Guadalupe est la représentation de Marie la plus vénérée au monde. Que s’est-il vraiment passé lors des apparitions ? Peut-on percer le secret de la Tilma, ce tissu qui a miraculeusement recueilli l’image de la Vierge Marie ?

A travers des témoignages actuels et bouleversants, ce film documentaire nous révèle l’immense tendresse de la mère de Dieu pour chacun de nous.

 

La faillite de la Ligue arabe

Lu dans Conflits :

Fondée le 22 mars 1945 au Caire par sept pays arabes : l’Égypte, l’Arabe saoudite, l’Irak, la Jordanie, le Liban, la Syrie et le Yémen du Nord, à travers la ratification d’un pacte constitutif, la Ligue des États arabes est une organisation régionale dont l’objectif est, selon sa charte, de promouvoir les relations entre les pays arabes et de défendre leurs intérêts dans le respect de la souveraineté et de l’indépendance de chaque État membre. Force est de constater que les résultats demeurent plus que mitigés.

La fondation de la Ligue arabe répond à l’objectif premier d’unifier la position arabe sur la question de la Palestine, une antienne qui reviendra en boucle dans tous les discours, à chaque sommet, mais à des degrés d’intensité variable. La ligue s’est élargie au fil des indépendances, la Libye (1954), le Soudan (1956), le Maroc et la Tunisie (1958), le Koweït (1961), l’Algérie (1962), le Yémen du Sud (1967), le Bahreïn, le Qatar, les Émirats arabes unis et Oman (1971), la Mauritanie (1973), la Somalie (1974), l’OLP (1976), Djibouti (1977), les Comores (1993). À l’image de la plupart des organisations régionales, la Ligue des États arabes repose sur cinq organismes principaux : le Conseil de la Ligue, le Conseil économique et social, le Conseil des ministres, les comités permanents et le secrétariat général. Depuis sa fondation, son siège se trouve au Caire et son secrétaire général est égyptien, mise à part la période de 1979-1990 où le siège fut transféré à Tunis.

Des divergences insurmontables…

Les élargissements successifs n’ont pas atténué les dissensions entre des pays aux relations conflictuelles ou aux désaccords idéologiques. Celles-ci sont accentuées après le renversement des monarchies égyptienne en 1953 et irakienne en 1958 par des mouvements nationalistes d’inspiration socialiste. Dès le départ, on observe que si les Hachémites qui règnent en Irak et en Jordanie aspirent à un grand État arabe réunifié, Égyptiens, Saoudiens et Yéménites préfèrent parler de coopération dans le respect de l’indépendance et de la souveraineté de chaque État. Aux yeux du Caire et de Riyad, la Ligue est un outil au service de leur affirmation sur la scène internationale comme puissance régionale. Ils sont soutenus par la Grande-Bretagne qui dispose alors de leviers très importants dans la région tout en demeurant hostile à la création d’un État panarabe réunifié. Les principaux poids lourds de l’organisation s’attachent au début à ménager Londres, de sorte que la décolonisation du monde arabe ne figurait pas de manière explicite parmi les objectifs du pacte constitutif. Rien d’étonnant si les termes alliance, unité, fédération, confédération, ne figurent nullement dans le texte fondateur. Cette position change avec l’arrivée au pouvoir en Égypte des officiers libres en 1952, sous la conduite du colonel Nasser, qui se hissera en hérault de l’unité arabe et du combat anti-impérialiste. La nationalisation du canal de Suez en 1956, suivie de l’acte d’union avec la Syrie deux ans plus tard, marque l’affaiblissement des puissances coloniales franco-britanniques, en moindre mesure italienne. Mais l’aspiration à l’unité arabe se heurte dès le début à une absence de consensus sur les moyens d’y parvenir.

Si le combat pour la cause palestinienne est présenté comme un moyen, la Ligue se retrouve paralysée tout au long de son histoire par des conflits et des ingérences étrangères. Mais aussi une charte ambiguë et des ambitions limitées.

Presque quatre-vingts ans après sa création, ni la question de la périodicité des sommets arabes n’a été tranchée, ni celles de la procédure des votes, ou encore du caractère contraignant des décisions et du recouvrement des cotisations. Des décisions non contraignantes qui s’accompagnent du non-respect des engagements pris par les dirigeants arabes. Le diagnostic est établi en son temps par l’économiste universitaire et futur ministre égyptien des Affaires étrangères Boutros Ghali en 1968. Pour pallier les nombreux écueils, la Ligue a créé des organes et structures qui n’ont fait qu’accentuer la paralysie. Le Conseil, les commissions spécialisées, le secrétariat général… une inflation structurelle aux résultats désastreux qui ont pour noms lourdeur, inefficacité de l’appareil, doublons, incoordination, querelles d’ego entre dirigeants arabes, asphyxie et crise de confiance. La souveraineté étatique prévaut sur l’intérêt panarabe dont la question palestinienne était censée incarner le dénominateur commun. Le processus de prise de décision par consensus conduit dans la plupart des cas à des décisions vides de leur substance.

Le politologue franco-libanais Antoine Basbous explique la faillite de la Ligue arabe par le fait qu’elle soit devenue une chambre d’enregistrement des querelles interarabes. Les considérations locales (au niveau de chaque État) et subjectives ou personnelles au niveau de chaque chef d’État, offre à l’occasion de chaque sommet un spectacle théâtral où le colonel Kadhafi se distingua en son temps par ses joutes provocatrices et insultes à l’encontre du roi Abdallah d’Arabie saoudite lors des sommets de 2003 et de 2009. Outre ses clivages d’ego incompatibles se greffent les tensions héritées de la guerre froide qui déchirent la Ligue entre un camp pro-occidental, mené par l’Arabie saoudite, enclin à une coopération avec les États-Unis face à un camp nassérien, plus proche de l’Union soviétique, comptant l’Égypte, l’Algérie, la Libye et la Syrie. Au sein de ce dernier, les frères ennemis du baasisme que sont l’Irak et la Syrie adopteront des positions antagonistes tout en jouant de la surenchère pour le leadership de la nation arabe et du combat pour la cause palestinienne. Ajoutons à cela les clivages entre pays riches et pays pauvres et entre dynasties et républiques. […]

Le professeur Grillo et la détestation du monde traditionnel

De Philippe Pelissier pour le Salon beige:

Le Salon beige a déjà parlé de l’entretien du Prof Grillo à Messa in Latino (traduit ici par Yves Daoudal), mais il me semble utile d’y revenir.

1 – qui est Andrea Grillo ?

N’ayant qu’une connaissance tout à fait superficielle de l’Italie contemporaine, j’associais le nom de Grillo à un comique plus ou moins passé en politique. Je crois cependant avoir fait une erreur car il semblerait que le Grillo interviewé par le blog Messa in latino, soit en fait un honnête homme, marié et père de deux enfants qui gagnerait sa vie comme professeur de liturgie à Rome – et pas n’importe où puisqu’il s’agit de l’institut des Bénédictins : Saint-Anselme. Quoi qu’il en soit, la lecture de la prose de Monsieur Grillo nous conduit à passer du rire aux larmes et témoigne finalement que la confusion entre le comique et le liturgique n’était pas entièrement injustifiée. Si on me demandait mon avis sur la façon dont le professeur Grillo a répondu aux questions du blog Messa in latino, je répondrais “qui suis-je pour juger ?” En effet qui suis-je pour juger un professeur de Saint-Anselme ? Cela dit “qui suis-je pour juger ” n’est pas au cœur de la réflexion ni de l’expression de Monsieur Grillo qui nous explique plutôt ce que nous devons penser et ce que nous vous devons faire … Par exemple, il commence en qualifiant de ” totalement erroné” le motu proprio Sumorum Pontificum et n’hésite pas à juger le pape Benoît XVI et à le condamner …

2 – l’unité de l’Eglise

On voit aussi dans cette interview que, pour lui, l’unité de l’Église se réduit à la fidélité à Rome et à ses figures présentes – et surtout repose sur une conception particulièrement rigide de la liturgie et de la discipline ecclésiale. Par exemple, il nous explique que le catholique authentiquement fidèle à Rome devrait impérativement acquérir le ” langage rituel ” (sic) selon ce que Rome a communément établi et qui refléterait étroitement et exclusivement l’enseignement du Concile Vatican II. Alors qu’un observateur, même superficiel, des réalités catholiques sait qu’existent depuis de nombreux siècles de multiples formes rituelles. Benoît XVI en a même créé une pour les Anglicans souhaitant rejoindre l’Eglise catholique – comme Jean-Paul II en avait approuvé une autre pour les Zaïrois (redevenus congolais depuis). Et François lui-même envisage de le faire pour les Amazoniens.  Ex-Anglicans, ex-Zaïrois et Amazoniens seraient donc infidèles au pape en refusant d’employer son langage rituel ? Et hier dominicains, chartreux, prêtres diocésains de Lyon ou de Milan auraient-ils été en rupture avec Rome parce qu’ils auraient usé d’un missel qui n’était pas celui du Pape ? Ou alors faudrait-il imaginer que le Professeur Grillo aurait clandestinement fréquenté le séminaire d’Ecône ? En effet, il semble considérer qu’il y a d’un côté le missel de Paul VI expression d’une interprétation complètement novatrice de la foi catholique issue du Concile de 1962-65 et, d’un autre côté, l’ancien Missel qui serait synonyme de refus du magistère récent de la hiérarchie catholique ? Dans une formule appréciable, il ne connaît qu’une seule boussole ” una cum papa ” Quiconque n’est pas dans l’obéissance absolue à Rome ne serait à ses yeux qu’un ” bavard“. Dira-t-on que j’exagère si je qualifie ce jugement méprisant de digne d’un instituteur de CM2 parlant d’un de ses élèves ? On apprend en outre que Monsieur Grillo considère que les formes rituelles sont historiques et l’essence de la tradition serait son aptitude au changement ! et oui regarder vers le passé c’est se préparer à changer … ne faudrait-il pas que le Professeur commence à réfléchir aux futurs changements et après tout le retour à la Tradition ne pourrait-il pas être la nouvelle conception de la liturgie ? suffirait-il que le Pape change d’avis demain pour qu’il adopte un nouveau discours ? Au passage, la sainte Ecriture n’est elle pas elle-même un peu ancienne ? faut il en changer ? 

3 – qui sont les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle ?

Cela dit, « Qui suis-je pour juger » Monsieur Grillo qui est non seulement liturgiste mais aussi statisticien. Il nous explique en effet que les 18 000 pèlerins de Chartres ne pèsent rien en comparaison du milliard de catholiques. Peut-on lui suggérer respectueusement qu’une comparaison plus légitime pourrait porter leur nombre à celui des pèlerins de la forme ordinaire qui marchent (ou plutôt qui marchaient) de Paris vers Chartres il y a quelques années dont le nombre est aujourd’hui tombé à zéro ? Faut-il aussi comparer ce nombre à celui des pèlerins qui vont de Chartres vers Paris et dont le nombre n’est que de 6000 – or ces 6000, en effet, sont bien des adeptes exclusifs de l’ancien Missel et des adversaires résolus de la nouvelle liturgie et de l’Eglise telle qu’elle fonctionne depuis le dernier Concile. Le professeur Grillo ne devrait-il pas se préoccuper de savoir que, parmi les 18 000, au moins la moitié pratique habituellement ou occasionnellement dans la forme rénovée ? Avec une certaine franchise (ou une certaine inconscience ?) ; il n’hésite pas d’ailleurs à étendre son discours de haine à certains de ceux qui pratiquent dans la forme rénovée mais qui n’ont pas l’heur de lui plaire. En effet, manifestement l’Eglise de Monsieur Grillot n’est pas ouverte à “todos todos todos” car, dans la suite dans son interview, notre professeur condamne très violemment le “fondamentalisme“, la recherche de l’identité et les langues mortes (en oubliant ce que St Jean XXIII puis le Concile lui-même ont enseigné sur la valeur de la langue latine). La liste semble longue de ceux qu’il veut exclure ! il est très loin du saint Père qui en 2019 demandait de respecter les « groupes sociaux marginalisés » (15 novembre 2019). Au Pape de construire des ponts – tandis que M Grillo préfère manifestement les murs. Le professeur de Saint-Anselme semble également disposer d’informations très précises sur les opinions politiques et les origines sociales des fidèles attachées à la liturgie traditionnelle (à moins qu’il ne se borne à exhaler des préjugés un peu rance ?). Manifestement, ces opinions politiques lui déplaisent profondément – tout comme leur sociologie –  mais, dans son discours de haine assez systématique, le professeur oublie que depuis 1965 nous sommes devenus des chrétiens adultes qui pensons par nous-mêmes et voulons choisir nos orientations politiques librement.

4 – une liturgie purement intellectuelle ?

On notera également la volonté du Professeur de rompre le lien entre la liturgie et la sensibilité humaine. On a vraiment l’impression qu’il considère la messe comme une construction intellectuelle sans rapport avec des coutumes, les apparences ou simplement les émotions qui caractérisent la vie humaine. Pour lui il n’y a aucun rapport entre la liturgie et l’architecture d’une église. Et d’ailleurs, il ne voit pas un seul instant que la forme rénovée pourrait avoir été très fortement marqué par l’esthétique des années 70 mais peut-être qu’il ne voit pas non plus que l’être humain n’est pas un pur esprit complètement coupé des formes et des sentiments. Plus audacieusement, le Professeur n’hésite pas à affirmer que la Tradition serait « une facilité ». Tous ceux qui ont passé quelques jours au Barroux ou à  Fontgombault comme tous ceux qui qui marchent de Paris à Chartres ou appliquent « Humanae vitae » pourront méditer sur le concept de facilité proposé par le Professeur… Je ne crois d’ailleurs pas que les zélateurs du Concile  auraient sincèrement adhéré à l’idée que la Tradition était facile et que le but pastoral du Concile aurait été de proposer aux fidèles une voie nouvelle et moins facile que la Tradition. Au passage, le Professeur aurait-il oublié que selon l’Evangile « Mon joug est léger » !

5 – pour conclure

Pour conclure, ce monsieur Grillo n’est pas seulement professeur de liturgie, il se présente aussi comme un théologien. Lorsqu’il emploie ce mot, revient alors à notre esprit cette belle formule du pape François qui nous avait expliqué que ” Dieu n’était pas théologien“. Manifestement Andrea Grillo n’est pas Dieu !

Saint Jean-Paul II et la musique

D’Aurelio Porfiri, éditeur et écrivain catholique italien, pour le Salon beige:

On peut dire beaucoup de choses sur saint Jean-Paul II, un Pape qui a traversé des périodes historiques très difficiles. De nombreux aspects de son pontificat devraient être examinés, étudiés et évalués à la lumière de leurs causes et de leurs effets. Un aspect qui m’est particulièrement cher est la relation entre ce Pontife et la musique.
Une chose qui m’a toujours frappé à propos de ce Pape, même en comparaison avec ses prédécesseurs et successeurs, c’était cette image précise d’un homme doté d’une grande vigueur physique. Lorsqu’il fut élu Pape, beaucoup furent surpris que nous ayons désormais un Pape sportif, un homme qui aimait marcher, skier et nager. Bien sûr, cela contraste avec les dernières années de souffrance, mais rappelons-nous que Jean-Paul II était un homme qui aimait profiter de la vie, dans le sens le plus beau et noble de cette expression. Et parmi ces plaisirs, il y avait sans aucun doute son appréciation pour la musique, qu’il aimait profondément. Cet amour se percevait, par exemple, dans la façon dont il chantait lors des célébrations liturgiques, avec sa belle voix pleine et puissante. Je me souviens que le franciscain Emidio Papinutti, que j’ai rencontré il y a plusieurs décennies et qui fut organiste lors des célébrations liturgiques du temps de Jean-Paul II, avoua qu’à l’occasion de la canonisation de Maximilien Kolbe, une figure à laquelle le Pape tenait visiblement beaucoup, le Pontife lui-même chanta la Préface sur une note très aiguë, tant la joie qu’il ressentait était évidente.
Même jeune, lorsqu’il s’occupait des jeunes en Pologne, il montrait un profond respect pour la musique et la musique sacrée, confessant dans plus d’une interview son amour pour le chant grégorien. Dans son Chirographe à l’occasion du centenaire du Motu Proprio de saint Pie X sur la musique sacrée, Jean-Paul II déclarait notamment :
“À plusieurs reprises, j’ai moi aussi rappelé la fonction précieuse et la grande importance de la musique et du chant pour une participation plus active et plus intense aux célébrations liturgiques, et j’ai souligné la nécessité de ‘purifier le culte des défauts de style, des formes négligées d’expression, des musiques et des textes bâclés et peu adaptés à la grandeur de l’acte qui est célébré’, pour assurer dignité et qualité aux formes de musique liturgique.”
Cependant, le Pape aimait toute la musique, et il fut parfois impliqué dans des initiatives mettant en avant un type de musique plus commercial, ce qui laissa certains quelque peu perplexes. Sur affaritaliani.it, on lit à propos d’une tentative d’intervention du cardinal Ratzinger lors d’une de ces occasions :
“Le pape Benoît s’opposa à la participation de Bob Dylan à un concert rempli de jeunes en présence de Jean-Paul II lors du Congrès eucharistique de Bologne en 1997, car il considérait la popstar comme le mauvais type de ‘prophète’, écrit Ratzinger lui-même dans son nouveau livre.”
Mais Jean-Paul II était un Pape généreux, qui n’avait pas peur de se donner de toutes les manières possibles. Il n’avait pas peur de se mettre en avant, et je suis sûr que même lui, en voyant les nombreuses initiatives auxquelles il avait participé rétrospectivement, en aurait vu les bienfaits, mais aussi les difficultés.
En parlant en 1983 à la fin d’un concert offert en son honneur au Teatro alla Scala de Milan, le Pape disait :
“Et le monde de la culture et de l’art est appelé à construire l’humanité : à soutenir la marche dans la recherche, souvent tourmentée, de la vérité, du bien, de la beauté. La culture et l’art sont unité, non dispersion ; ils sont richesse, non appauvrissement ; ils sont recherche passionnée, parfois tragique, mais enfin aussi une synthèse magnifique, dans laquelle les valeurs suprêmes de l’existence, même dans ses contrastes entre lumière et ténèbres, entre bien et mal – clairement identifiés et identifiables – sont ordonnées à la connaissance profonde de l’homme, à son amélioration, non à sa dégradation.”
Ainsi, le Pape envisageait un rôle fondamental pour la culture, celui même de “construire l’humanité”. À la lumière de cela, on ne peut s’empêcher de penser à l’échec de nombreux projets culturels, y compris dans la musique, où l’Église, autrefois phare de la culture occidentale des deux derniers millénaires, s’est retrouvée à courir après des modes sans jamais réussir à les rattraper, ou en les rattrapant seulement lorsqu’elles sont déjà dépassées par d’autres modes éphémères.
À l’occasion d’un concert pour ses 80 ans, le Pape affirmait :
“Frères et Sœurs ! Merci de nous avoir offert cette expérience singulière de méditation spirituelle et esthétique sur le mystère de la création, qui fonde la certitude de notre origine commune. Je souhaite qu’à travers l’art et la musique, même à notre époque, l’attention à l’homme et le respect de la nature puissent toujours être vivants. J’invoque la bénédiction divine pour chacun des interprètes de cet événement.”
Je peux conclure par un souvenir personnel. Pendant environ sept ans (jusqu’en 2008), j’ai été organiste attitré pour l’audience papale du mercredi. Ainsi, j’ai vécu les dernières années de Jean-Paul II et les trois premières de Benoît XVI. Je me souviens de Jean-Paul II, bien qu’il fût déjà très affaibli physiquement, qui essayait toujours d’entonner le Pater Noster, même s’il n’y parvenait parfois pas en raison de son déclin physique. Mais cet effort de toujours louer Dieu par le chant et la musique m’a toujours semblé très significatif et exemplaire.

Icône

Saje a acquis les droits d’un film d’origine russe, intitulé ICÔNE, qui mélange fiction et histoire vraie. C’est l’histoire d’un agent du NKVD, Maria Petrova, chargée par sa hiérarchie, alors que les troupes allemandes cernent Moscou, d’aller chercher au péril de sa vie, une icône miraculeuse orthodoxe de l’autre côté de la ligne du front, icône qui pourrait sauver Moscou de la destruction, si l’on en croit les prophéties d’une mystique aveugle appelée Matrona. L’histoire est légendaire mais sainte Matrona est bien réelle. Née aveugle, elle avait un don particulier de clairvoyance et accomplit de nombreux miracles durant sa vie et après sa mort. En voici un extrait.

Moscou, 1941. Fille de prêtre orthodoxe, Maria a renié la foi de son père pour entrer au NKVD. A la veille de la bataille qui devrait voir Moscou anéantie par l’armée d’Hitler, elle fait la connaissance de la voyante Matrona, avant d’être chargée par ses supérieurs de rapporter à Moscou une icône soi-disant «miraculeuse» de la Mère de Dieu, située derrière la ligne de front, en plein territoire occupé…

L’art cherche « à lier le beau et le bien »

460 ans après la mort de Michel-Ange, France catholique consacre son numéro sur ce génie et précurseur inégalé. Sculpteur, peintre, architecte, poète : il incarne l’artiste complet. À travers sa quête de la beauté parfaite, il fut aussi, et surtout, un chercheur de Dieu. Emilie Pourbaix écrit :

«Je suis Celui qui fit, dès tes primes années,/tes yeux ingénus se tourner vers la beauté/Qui, de la terre au Ciel, tout vivant vous élève. » Dans ces vers, issus de ses poèmes, Michel-Ange, faisant parler Dieu, évoque sa soif absolue de beauté, derrière laquelle, de plus en plus, il discernera l’appel de Dieu. Cette soif, qui a irrigué et orienté toute son œuvre, est la principale clé de lecture de cet artiste hors du commun dont l’art, cherchant « à lier le beau et le bien », est « comme l’ombre des perfections divines », écrit Henri Charlier (1883-1975), lui-même peintre et auteur d’essais sur l’art (L’Art et la Pensée, 1972).

En plein Quattrocento – l’âge d’or de la Renaissance italienne –, Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni naît, en 1475, dans une famille pauvre de Caprese, près de Florence. Après avoir perdu sa mère à l’âge de 6 ans, il quitte sa famille et l’école à 12 ans, pour assouvir sa passion du dessin et réaliser son rêve, en entrant à l’atelier du célèbre peintre Ghirlandaio. Deux ans plus tard, ce dernier l’envoie auprès de Laurent de Médicis – le Magnifique –, mécène éclairé et tyran politique de Florence.

Ce grand amateur d’art cherche alors de jeunes sculpteurs prometteurs pour copier, dans son école d’artistes, des statues romaine et grecque, que la Renaissance redécouvre avec fascination. Située dans les jardins du couvent San Marco, les Médicis y ont réuni leur collection de statuaire antique, pour former une académie, véritable petit centre du monde artistique et intellectuel. Le jeune apprenti de 14 ans y devient élève de Bertoldo di Giovanni, lui-même élève du grand Donatello. Il se définira désormais toujours comme un sculpteur. Le Magnifique est conquis par son talent précoce et en fait son protégé. En ce lieu d’élite, l’adolescent reçoit aussi l’enseignement humaniste de la philosophie néoplatonicienne, avec Jean Pic de la Mirandole et Marsile Ficin. […]

Crise de civilisation : la modernité nous enferme dans une impasse

Préface de Michel De Jaeghere de l’ouvrage Quand la mer se retire sur la tragédie de l’Eglise au XXIe siècle publié par Jean-Pierre Maugendre et qui rassemble des textes des presque vingt années passées sous les pontificats des papes Benoît XVI et François :

Quand la mer se retire, on a d’abord le cœur serré à la vue du grand vide qu’elle a laissé derrière elle. Les plus optimistes se rassurent devant les quelques flaques qui se sont formées ici et là sur la grève. Ils font cercle autour d’elles, mains levées, en chantant. Les pessimistes observent le sable mouillé comme une étendue désertique, à jamais abandonné par la vie. Ils jugent que tout est perdu sans retour. D’autres estiment qu’il faut s’adapter aux nouvelles conditions climatiques sans absurde nostalgie d’un passé révolu. Faire une opportunité de la sécheresse. D’autres encore placent leur espérance dans un retour qu’ils jugent inéluctable, et qu’il s’agit de préparer en repoussant la triple tentation de la résignation, de l’aveuglement et du désespoir. Jean-Pierre Maugendre est de cette dernière race.

Président de Renaissance catholique, une association dédiée à la promotion du règne social du Christ, il commente depuis de nombreuses années, à ce titre, l’actualité politique et religieuse. Il a réuni ici quelques-unes des chroniques et des tribunes qu’il lui a consacrées, entre 2005 et 2024 : depuis l’élection du cardinal Ratzinger sur le siège de Pierre jusqu’au synode sur la synodalité du pape François. Le recueil fait défiler sous nos yeux vingt ans de la vie de la France et de l’Eglise, et c’est peu dire que l’auteur jette sur eux un regard critique : qu’il traite du quinquennat de Nicolas Sarkozy ou de de ceux d’Emmanuel Macron, du pontificat de Benoît XVI ou de la Révolution ecclésiastique en cours, le spectacle qu’il fait défiler sous nos yeux est celui d’un double effondrement de l’Eglise et de l’Etat.  C’est ici le scandale suscité par le discours par lequel Benoît XVI avait prêché, à Ratisbonne, en 2006, pour la réconciliation entre foi et raison en pointant le divorce que provoquait entre eux l’islam ; ce sont là les motu proprios contradictoires consacrés à la liberté de la messe grégorienne par le pape Ratzinger et par son successeur. Au spectacle d’une Eglise ébranlée par l’immense scandale de la pédophilie, peu sûre de sa doctrine et abjurant sa propre liturgie, répond celui d’un Etat qui a abdiqué sa souveraineté et démantelé ses frontières, et s’échine à masquer son impuissance en rejetant sur les générations à venir le règlement des drames dont il a laissé prospérer les prémisses en les cachant sous le tapis. Parfois, les deux décadences se conjuguent, lorsque la hiérarchie catholique participe au désarmement de l’Etat en stigmatisant toute politique restrictive de la marée migratoire qui déferle sur l’Europe, ou quand l’Etat croit pouvoir lutter contre la menace de l’islamisme conquérant en promouvant la déchristianisation de la France au nom d’une laïcité dont il veut croire qu’elle permettra de « vivre ensemble » à deux peuples sur le même sol, alors même qu’elle consiste à priver le pays de la source vive de son identité et de son héritage. Passent, au fond du tableau, politiciens imbus de faux principes et prélats résignés à trahir les devoirs de leur charge.

Le livre de Jean-Pierre Maugendre n’a rien pourtant d’un recueil de lamentations. Il y signale parfois quelques « divines surprises » propres à nourrir notre espérance, comme la réhabilitation de la messe de Saint Pie V par Benoît XVI, ou l’immense mobilisation de la jeunesse à l’occasion de la Manif pour tous.  Il y fait apparaitre quelques figures qui s’élèvent au-dessus de la tourbe des évènements comme des phares : Jean Madiran, Hélie de Saint Marc, le docteur Xavier Dor. Il ouvre, plus encore, d’utiles pistes de réflexion sur les limites de l’obéissance catholique, ou sur la conciliation de la prudence politique avec la proclamation de la vérité. Il rejette, toujours, la naïveté comme une forme supérieure de la lâcheté ou du cynisme.

Mais en signalant les impasses dans lesquelles la modernité nous enferme, Jean-Pierre Maugendre a surtout le mérite de montrer que ce à quoi nous assistons, c’est en réalité à une crise de civilisation nourrie par la fin de la prédication des fins dernières, l’inflation continue des droits de la personne, le triomphe de la pensée 68 et sa métamorphose en wokisme. A ce délabrement des fondements de l’Eglise et de la cité, il pense vain de se contenter d’opposer des espérances électorales, un simple changement de personnel politique et ecclésial. Il lui parait bien plutôt nécessaire de préparer une Réforme intellectuelle et morale. Quand l’Eglise de Dieu semble tentée de cesser de prêcher aux hommes qu’il n’est d’autre salut qu’en Jésus Christ, d’autre voie que la Croix, quand un pays forgé par le christianisme croit se grandir par la constitutionnalisation de l’avortement et la proclamation du droit au Blasphème, on ne peut se contenter de faire la chronique résignée du grand déclassement. Il faut reprendre les principes qui ont fait la grandeur de la civilisation chrétienne, et s’interroger sur les conditions dans lesquelles ils pourraient être revitalisés, mis à l’honneur et en pratique. C’est à quoi ce livre précieux nous invite. En analysant quelques-uns des épisodes-clés de notre plus récent passé, il nous appelle à préparer, sur des bases autrement plus solides que les mots d’ordre d’un facile électoralisme, notre avenir.

Michel De Jaeghere

Les abus de pouvoir de Mgr Touvet

De Jean-Pierre Maugendre sur Renaissance catholique :

À l’occasion des 3e Assises de la Tradition qui se sont déroulées le 12 octobre dernier à Paris les participants ont découvert, un peu abasourdis il faut le dire, les derniers rebondissements de la persécution menée par Mgr Touvet contre les tenants de la liturgie traditionnelle au diocèse de Fréjus-Toulon.

Les abus de pouvoir de Mgr Touvet

Si certains avaient pu croire que Mgr Touvet, nommé en 2023 comme coadjuteur de Mgr Rey au diocèse de Fréjus-Toulon, parviendrait à maintenir l’unité du diocèse les faits semblent contredire ces perspectives optimistes. En effet s’il est désormais bien connu que Mgr Touvet bloque toujours les ordinations des Missionnaires de la Miséricorde Divine (voir notre chronique du 20 septembre 2024, Missionnaires de la Miséricorde. Toujours pas d’ordinations), d’autres faits, accablants, ont été portés à la connaissance du public, indigné, par le porte-parole de l’union Lex orandi : Philippe Darantière. Ainsi Mgr Touvet a fait signer à un futur diacre, cinq jours avant son ordination, selon le nouveau rituel mais en latin et dos au peuple, à la paroisse St Pie X de Toulon le 21 septembre dernier, un document dans lequel l’abbé Thomas Duchesne s’engageait à ne célébrer la messe que selon le missel de Paul VI, à ne donner les sacrements que selon le rite réformé et à n’utiliser que le bréviaire actuel. Il était également interdit de reprendre dans la liturgie conciliaire des éléments de l’ancien rite, soit de rajouter des signes de croix ou des génuflexions, voire de réciter le canon en silence. Il était également demandé de ne pas refuser de donner la communion dans la main. Nous ne sommes pas tout à fait dans la logique de l’enrichissement mutuel des deux rites, chère à Benoît XVI… Ce texte a également été proposé, par la suite, à neuf futurs diacres du diocèse de la part de Mgr Touvet. La réaction de la plupart d’entre eux a été très négative, ceux-ci dénonçant un abus de pouvoir. Mgr Touvet qui était venu avec le texte à distribuer est reparti avec ses exemplaires en disant que le sujet avait besoin d’être retravaillé. On a connu des actes de management plus éclatants et couronnés de succès plus manifestes ! Les séminaristes furent, à bon droit, scandalisés et si, comme l’affirme un grand classique des séminaires d’entreprise sur le management : « Le pouvoir se reçoit. L’autorité se construit. La légitimité se voit dans le regard des autres », Mgr Touvet a dû observer d’étranges et incrédules lueurs dans le regard de ses jeunes lévites. Quelqu’un pourrait-il expliquer à Mgr Touvet qu’un séminaire n’est pas l’école des Fusiliers et qu’un séminariste n’est pas un quartier-maître, fut-il chef ?

En outre, plusieurs nouveaux curés du diocèse ont reçu, à la rentrée, une lettre de nomination leur demandant de ne pas célébrer la messe uniquement dos au peuple, de ne pas utiliser l’offertoire de la messe tridentine, ni exclusivement le canon N° 1, dit romain, du Novus ordo.

Le mépris du passé

Mgr Touvet a rencontré le conseil presbytéral qui lui a fait part de son désaccord et lui a rappelé l’histoire du diocèse et, en particulier, l’accueil de prêtres de sensibilité traditionnelle depuis Mgr Madec, un morbihannais évêque de Fréjus-Toulon de 1983 à 2000, et créateur du séminaire de la Castille. C’est Mgr Madec qui a initialisé la bienveillance du diocèse envers la Tradition, attitude dont Mgr Rey s’est positionné comme le légitime héritier. Mgr Touvet semble tout à fait ignorant de cette histoire récente. On pense au « carme naval », l’amiral Thierry d’Argenlieu, à la rigidité proverbiale, débarquant en Indochine, après la guerre, sans rien connaître du pays et de son histoire, multipliant bévues, vexations, injustices et altercations en particulier avec le général Leclerc qui fut finalement rappelé à Paris. Mgr Touvet apparaît, ainsi, très gêné pour assumer cette histoire et très embarrassé dans ses réponses.  Bien sûr, pendant que Mgr Touvet fait la chasse aux « tradis » rien n’est fait pour rappeler à l’ordre les prêtres qui innovent en manière liturgique ou ne transmettent plus la foi. Citons les messes charismatiques avec rayon laser et ambiance boîte de nuit dans l’église Saint Louis de Toulon, les célébrations minables des écoles Bon accueil des Salésien qui obligent les enfants à communier debout dans la main, la catéchèse lamentable de l’institution Notre Dame à Toulon ou celle tout aussi indigente des Maristes à Fénelon. Ce constat est l’occasion de rappeler que Fréjus-Toulon n’est pas un diocèse « traditionaliste » mais un diocèse dans lequel les traditionalistes ont, aussi, leur place, ce qui n’est pas la même chose.

Mgr Touvet a donc décidé de faire la guerre non seulement aux tenants du rite traditionnel de la messe mais aussi aux conservateurs conciliaires. Cette ouverture simultanée de deux fronts risque bien d’être une erreur stratégique fatale. Ainsi Mgr Touvet a réussi, en l’espace d’un an, à se mettre à dos la majorité des séminaristes et des prêtres de son diocèse. On n’a malheureusement pas deux fois l’occasion de faire une première bonne impression ! Mgr Touvet n’est que coadjuteur, il ne peut pas légiférer en matière liturgique et n’a pas le droit d’obliger des prêtres à célébrer face au peuple ou d’imposer l’utilisation de certains canons.

D’autres priorités ?

À l’heure de la multiplication de la révélation d’abus sexuels commis par des clercs et couverts par la hiérarchie (voir l’abbé Pierre), de l’ignorance religieuse généralisée, de la baisse de la pratique religieuse Mgr Touvet n’a -t-il pas d’autres chantiers plus urgents à entreprendre que de détruire ce qui fonctionne à peu près correctement ? Sans changement d’orientation il est écrit que le séminaire de la Castille, à terme, disparaîtra : il n’y a eu aucune rentrée cette année en propédeutique. De même l’avenir des Missionnaires de la Miséricorde divine qui attendent six ordinations est sérieusement obéré. En effet Mgr Touvet a accepté que les ordinations aient lieu avec la messe traditionnelle mais selon le nouveau rite d’ordination. Formule liturgiquement un peu étrange dans la mesure où dans la réforme liturgique les ordres mineurs et le sous-diaconat ont été supprimés. Cependant solution déjà expérimentée pour des ordinations à l’abbaye de Lagrasse, dans l’Aude, il y a quelques mois. En revanche Mgr Touvet refuse que les prêtres des Missionnaires de la Miséricorde ainsi ordonnés puissent célébrer ensuite la messe traditionnelle, célébration pourtant inscrite dans leurs constitutions. Pendant ce temps, signe indubitable de la vitalité de la Tradition catholique dans le Var, notons le succès – 2 000 participants – pour la première édition-du pèlerinage Nosto Fe les 5 et 6 octobre à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume. Il faut souhaiter, pour l’avenir du diocèse, que Mgr Touvet aura l’intelligence et la charité de respecter l’identité liturgique et doctrinale de ce beau témoignage d’une jeunesse avide de transcendance, de beauté et de vérité.

Où est le soin des âmes ?

Mgr Touvet a été curé. Il se rappelle donc que le beau titre de curé renvoie à sa responsabilité première : « cura animarum », le soin des âmes. Ce n’est pas la préoccupation qui apparaît comme majeure dans les relations entre les fidèles attachés à la Tradition de l’Église et certains de leurs évêques. On a plus souvent l’impression d’avoir à faire à des fonctionnaires ecclésiastiques ou des « préfets violets » qu’à des pères. En témoigne la réponse type adressée par Mgr Jordy, archevêque de Tours, aux participants de l’UDT de Renaissance Catholique à l’été 2024 qui s’étaient étonnés, auprès de lui, d’avoir dû assister à la messe dans une salle municipale à 100 mètres d’une église vide mais interdite : « Vos courriers manifestent un manque d’information concernant le régime de célébration selon ce missel (de Jean XXIII) (…) En effet depuis le motu proprio Traditionis custodes du 16 juillet 2022 (sic, il s’agit en fait de 2021) et le rescrit pontifical concernant cette liturgie, la messe ne peut être célébrée que dans certains lieux prescrits. » Apparaît bien ainsi une logique de réserve d’Indiens dont les évêques de France seraient les gardiens, voire les gendarmes, maritimes dans certains cas. Le jour de son intronisation Mgr Touvet s’était engagé à ne pas être instrumentalisé et à ne pas devenir l’homme d’un parti. Il serait temps qu’il se rappelle ses belles résolutions.

Jean-Pierre Maugendre

Sainte Ursule, entre Dieu et le monde

D’Aurelio Porfiri, éditeur et écrivain catholique italien, pour le Salon beige:

Si l’on réfléchit attentivement à l’histoire de l’Église et à ses revers au fil du temps, on se rend compte que tout se ramène finalement à sa relation avec le monde, parfois en opposition à celui-ci, parfois en sa faveur. Celui qui lit l’histoire du christianisme sous l’angle de la relation entre l’Église et le monde détient une clé de lecture essentielle pour comprendre les différents moments de son existence.
Quand on parle du “monde” dans un sens chrétien, il ne s’agit pas simplement de ce qui nous entoure, mais aussi du domaine du Malin, qui agit dans le monde et contre lequel nous devons lutter. C’est pourquoi nous sommes dans le monde, mais non du monde. Nous sommes le sel de la terre, mais nous n’appartenons pas essentiellement à cette terre, que nous sommes appelés à transformer au cours d’une bataille qui se déroule depuis l’origine des temps et qui oppose les forces du bien d’un côté et celles du mal de l’autre. Si les termes de cette bataille sont clairs pour tous, il est vrai que les conséquences de cette lutte, celles qui nous touchent de plus près, sont souvent difficiles à interpréter. Il ne faut donc pas tomber dans des attitudes manichéennes qui, très souvent, sont tout à fait inappropriées.
Cette bataille a été menée par tous les grands saints, comme sainte Ursule, que l’Église célèbre le 21 octobre. Sa vie est rapportée dans divers récits qui nous disent qu’elle aurait vécu entre le IVe et le Ve siècle. Elle était la fille d’un roi et secrètement consacrée à Dieu. Mais un roi païen nommé Ætherius demanda sa main. Ursule était très belle et dut accepter ce mariage, car cela éviterait une guerre.
Elle posa certaines conditions : la conversion de son fiancé, trois ans d’attente, et un pèlerinage avec lui à Rome. Les conditions furent acceptées et, au moment fixé, elle partit avec quelques vierges (on parle de onze, chiffre qui devint onze mille à cause d’une erreur de transcription). Elles atteignirent Cologne puis Rome, où son fiancé, entre-temps converti au christianisme, les rejoignit. Sur le chemin du retour à Cologne, elles furent martyrisées pour leur foi en Christ (voir Mario Benatti sur santiebeati.com). Voici une autre information que nous avons sur cette sainte :
“Le point de départ de la légende d’Ursule et des onze mille vierges est principalement une épigraphe de la seconde moitié du IVe ou du Ve siècle, dans laquelle un certain Clématius déclare avoir été divinement averti de reconstruire une basilique sur le lieu où des ‘saintes Vierges ont versé leur sang pour le nom du Christ.’ L’épigraphe a suscité d’innombrables discussions. Aujourd’hui, on s’accorde à la considérer comme authentique. D’ailleurs, l’inscription parle de vierges martyrisées sans mentionner leur nom ni leur nombre, ce qui ne sera précisé qu’à la fin du Haut Moyen Âge” (Cecchelli-Gnoli-Cecchelli dans treccani.it).
Sainte Ursule a dû se confronter aux exigences du monde et de la politique, et elle a cherché à les transformer pour la gloire de Dieu et pour l’édification de tous. Elle affronta le martyre pour avoir confessé sa foi en Christ, son Seigneur. Elle accepta également un mariage qu’elle n’aurait probablement pas souhaité, car elle comprit que faire la volonté de Dieu signifie souvent prendre sa croix. C’est pourquoi elle est considérée comme la protectrice des bons mariages, et si nous regardons autour de nous, nous pouvons comprendre combien cette protection est nécessaire. Quelle institution est plus en crise aujourd’hui que celle de la famille ? Même dans le monde catholique, elle peine à affronter les exigences d’un monde de plus en plus hostile.
Avec Ursule et ses compagnes, nous avons un autre exemple de femmes chrétiennes, des femmes qui peuvent être considérées comme des modèles de féminité et qui, comme dans ce cas, savent aussi fixer les conditions de leur existence parce qu’elles sont animées d’une profonde foi. Une belle antienne médiévale nous invite à chanter à ces vierges glorieuses afin que, inspirés par leur exemple, nous puissions, dans la chair renouvelée, vivre la pureté, et ainsi ne pas être condamnés pour l’éternité.
Sainte Ursule a inspiré les Ursulines, des congrégations féminines fondées à l’origine par Sainte Angèle Mérici, aujourd’hui présentes, sous différentes formes, dans diverses parties du monde.

Islam : la nouvelle offensive des “Hijabeuses” pour imposer le voile dans le sport

Nicolas Bauer, chercheur associé à l’ECLJ (le Centre européen pour le droit et la justice) et Alain de Peretti, président de Vigilance Halal étaient invités de la matinale de Radio courtoisie le 17 octobre.

Le collectif « Les Hijabeuses », fondé en 2020, demande que les footballeuses puissent porter le voile islamique en compétition. Cela n’est pas prévu dans la tenue réglementaire de la Fédération Française de Football (FFF), dont les statuts contiennent une clause de « neutralité du sport ». Un recours des « Hijabeuses » a été rejeté par le Conseil d’État le 29 juin 2023, au motif que l’interdiction du voile islamique dans les matchs de football était « nécessaire pour assurer leur bon déroulement en prévenant notamment tout affrontement ou confrontation sans lien avec le sport ».

Le collectif a alors déposé une requête à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) contre la France, alléguant une violation de sa liberté de religion. Le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ), en tant qu’expert de la liberté de religion, a été autorisé par la CEDH à intervenir dans cette affaire en tant que tierce-partie (observations écrites).

Ces observations rappellent notamment que les tenues de football féminin dans la plupart des pays à majorité musulmane ne comportent pas de voile islamique : Algérie, Maroc, Tunisie, Turquie, Palestine, Pakistan… Seuls les pays les plus islamistes, comme l’Arabie Saoudite ou l’Iran, prévoient un hijab pour jouer au football.

Par ailleurs, imposer une tenue pour des compétitions est indispensable dans tout sport, surtout collectif. La FFF permet quelques ajustements à la tenue réglementaire : des accessoires sont ainsi autorisés pour se couvrir la tête. Elle cite comme exemples les bandanas et les bonnets. Il est donc possible pour les footballeuses de se couvrir la tête à l’occidental. Les Hijabeuses refusent cette possibilité : cela montre que leur objectif n’est pas que moral ou religieux, mais politique et civilisationnel.

 

« Enquête sur l’Ultra gauche : Entre révolte et impasse »

L’Homme nouveau consacre un dossier à l’extrême gauche, pour savoir quelle réalité ce terme recouvre, sur quelles forces et quelles faiblesses elle s’adosse et quel travail doctrinal elle produit.

La radicalisation de certains mouvements contestataires transforme profondément la scène politique française. Les affrontements violents et les prises de position de plus en plus tranchées marquent une rupture nette avec la gauche réformiste. Ces changements, qui se traduisent par une opposition directe aux institutions, posent de nombreuses questions sur l’avenir des luttes sociales.  Les mouvements écologistes radicaux, souvent associés à des confrontations, illustrent ce désir de rompre avec les méthodes traditionnelles de mobilisation. En parallèle, des tendances plus violentes émergent au sein de l’ultra gauche, révélant des divergences idéologiques et stratégiques qui compliquent la formation d’une vision partagée du changement. Certains oscillent entre l’engagement au sein des institutions et le rejet total de celles-ci, ce qui accentue les tensions entre les différents acteurs du mouvement.  Dans ce contexte, le rôle des intellectuels devient essentiel. Frédéric Lordon, figure majeure de la critique du capitalisme, propose une réflexion sur la relation entre désir, domination et émancipation collective. L’apparition des Black blocs, quant à elle, incarne la radicalité d’une contestation plus visible, mais aussi la difficulté de fédérer ces forces éparses autour d’un projet politique cohérent. Ces dynamiques montrent un paysage politique marqué par des tensions internes. La quête de transformation sociale se heurte souvent à l’incapacité de s’unir autour d’une cause commune. Entre espoir de renouveau et impasse stratégique, ces mouvements interrogent sur les fractures et les enjeux qui définissent la gauche aujourd’hui.

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