Les conséquences diplomatiques, économiques et politiques d’une victoire de Donald Trump
Nicolas Bay, député français au Parlement européen au sein du groupe ECR, a publié une tribune dans Frontières sur l’élection de Donald Trump
Indépendamment même du plaisir de voir les mines des journalistes de France Télévisions et les animateurs de Quotidien se décomposer en direct, comme ce fut le cas il y a 8 ans, l’éventuelle élection de Donald Trump devrait être, pour nous Français et Européens, un motif de réjouissance. Les conséquences diplomatiques, économiques et politiques d’une victoire du candidat républicain seraient vraisemblablement positives pour notre nation et notre continent.
Déjà, en 2016, les médias occidentaux étaient unanimes et sentencieux : Donald Trump était imprévisible, stupide, violent, voire totalement fou (!), et son élection devait donc entraîner des conséquences dramatiques : guerre nucléaire, effondrement des marchés, nuées de sauterelles… Il n’en fut rien. Ce fut même l’inverse : une période de stabilité géopolitique, sans conflit militaire majeur, et une phase de prospérité économique ainsi que de courage politique aux États-Unis.
En affirmant sa doctrine « America First » et en renouant avec une tendance isolationniste, vieille tradition politique américaine, Trump avait envoyé un signal aux Européens : pensez à vous-mêmes, car nous ne serons pas toujours là, nous ne jouerons plus le rôle d’éternel tuteur. C’est le sens de ses coups de menton s’agissant, par exemple, du financement de l’OTAN. Le président des États-Unis nous rappelait ainsi que la politique est toujours un rapport de force, et qu’en matière de relations internationales, il vaut mieux des alliés forts que des vassaux faibles.
Nos dirigeants avaient fermé les yeux, attendant que l’orage passe et aspirant à un retour à la normale qu’ils ont cru possible avec Joe Biden. Même lui, toutefois, ne s’est pas révélé l’allié bienveillant espéré. Un deuxième mandat de Donald Trump représenterait donc une réelle opportunité : celle d’une prise de conscience européenne de la nécessité, pour affronter les défis à venir, de penser et défendre nos intérêts nationaux et civilisationnels propres en acquérant l’indispensable autonomie stratégique qui en est la condition sine qua non. […]
Enfin, la défaite de « Camarade Kamala » témoignerait d’un reflux notable du wokisme au pays qui l’a vu naître. Socialisme mental, immigration de masse, drague outrancière des minorités ethniques et religieuses, idéologie LGBT… Harris incarne ce qu’il y a de pire dans la gauche radicale américaine et occidentale.
À l’inverse, la politique nationale pragmatique de Trump, un conservatisme moderne et plaçant l’intérêt supérieur du pays avant d’autres considérations, pourrait inspirer l’Europe. Au lieu de composer avec une gauche dont les dérives sont de plus en plus dangereuses, il veut mener le combat politique et métapolitique contre elle. Le choix de JD Vance comme colistier en est un témoignage, tout comme le ralliement à sa cause d’une partie de la Silicon Valley menée par Elon Musk. D’autres grandes figures, Jeff Bezos et Mark Zuckerberg en tête, se sont dans le même temps prudemment distanciées de Kamala Harris.
La question migratoire est, comme souvent, au centre de ce combat politique et culturel. Protection des frontières, obligation pour les électeurs de prouver leur citoyenneté américaine, promesses de « remigration » massive… Trump a conscience du fait que la gauche américaine cherche à changer de peuple pour s’assurer une majorité électorale pérenne. Le temps presse, autant qu’en Europe où l’on observe le même schéma. Notre alliée Giorgia Meloni a déjà réussi à impulser un véritable changement de mentalité en la matière à Bruxelles : les choix politiques de Trump pourraient décomplexer la droite européenne et ouvrir un nouveau champ des possibles.
Loin des caricatures, l’élection de Donald Trump offrirait aux Européens de vraies perspectives, en particulier celle d’une Amérique alliée, mais aux intérêts distincts et assumés comme tels. À nous de saisir cette opportunité pour construire une Europe puissante et autonome, au service de nos nations.
Profanation de l’église d’Herlies (59)
Un cambriolage a été commis à l’église Saint-Amé d’Herlies. Les voleurs s’en sont pris au Saint Sacrement. L’église ne pourra rouvrir ses portes qu’après la messe de réparation de ce lundi 4 novembre.
Enquête en cours.
Duel entre bûcherons ?
Une altercation a eu lieu entre plusieurs personnes lundi 4 novembre, vers 8 heures, dans le RER E, en gare d’Ozoir-la-Ferrière (Seine-et-Marne). Une dizaine de personnes, armées, habillées en noir et le visage dissimulé, ont attendu que la rame du RER en provenance de Paris s’arrête pour monter dans le dernier wagon. Les images de vidéosurveillance de la gare montrent qu’ils étaient munis d’une hache, d’une machette, de gazeuses et d’un katana, un sabre japonais.
À l’ouverture des portes, ils ont demandé aux personnes en provenance de Pontault-Combault de descendre du train, et ils ont attaqué les lycéens originaires de Roissy-en-Brie. Quatre lycéens, âgés de 15 à 17 ans, ont été blessés à coups de hache, dont deux grièvement. L’une des victimes a eu le petit doigt sectionné et une autre le crâne ouvert.
Un mineur de 16 ans, connu de la justice, a été interpellé ensuite à son domicile. Les policiers ont trouvé une hache. Ils ont aussi trouvé et saisi des vêtements noirs, des gants de moto et son téléphone portable.
Le Nouveau conservateur devient mensuel
Guillaume de Thieulloy et Paul-Marie Coüteaux l’annoncent dans l’éditorial du n°14, où l’on peut notamment lire cette conclusion:
Que l’on nous comprenne bien : le redoublement de nos efforts s’inscrit dans le constat que, parvenus à la déréliction que tout révèle autour de nous, ce n’est certainement pas par des élections seules que le pays pourra reprendre pied. La France, d’ailleurs, ne s’est pas faite à coup d’élections et celles-ci sont assez vaines quand se brouille tout consensus minimal sur le Bien commun, et sur l’idée même qu’il existe un intérêt supérieur de la nation. Certes, nous nous sommes réjouis que les élections législatives de juillet dernier fussent l’occasion d’un pas vers l’union des droites – plus limité et fragile, hélas, qu’il eût été nécessaire pour réaliser une véritable réconciliation des Français sur la France ; cela, nous l’appelons de nos vœux depuis longtemps notamment en décernant, dans notre n°9 (décembre 2022) notre « Prix du Courage politique » à Éric Ciotti, choix qui s’avérait prémonitoire. Mais il ne s’agit pas simplement de remplacer une majorité par une autre, mais de remplacer une majorité anti-nationale par une majorité nationale – et qui ne sera vraiment nationale que si elle s’émancipe vite de la tutelle de l’UE et de l’OTAN. Sans recouvrement de notre souveraineté politique en tous domaines, et de notre identité, il sera impossible, quel que soit le sort des urnes, de restaurer la France abîmée par des décennies d’abandon. L’œuvre est donc plus profonde que seulement politique : elle est civilisationnelle, la fameuse « réforme intellectuelle et morale » réclamée par Renan après le désastre de 1870 étant plus que jamais nécessaire. Intensifiant nos liens et nos échanges avec les publications dont l’inspiration nous est proche, nous mènerons cette œuvre ensemble, responsables de la revue, contributeurs, lecteurs et abonnés – quoi qu’il advienne dans les années agitées que nous abordons les yeux ouverts.
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Élections aux États (dés)Unis d’Amérique
D’Aurelio Porfiri, éditeur et écrivain catholique italien, pour le Salon beige:
“Projetant son profond réalisme stratégique sur les États-Unis, Pékin a conclu que les Américains se tiendraient à l’écart d’une guerre dont ils ne seraient pas sûrs de sortir vainqueurs, afin de ne pas compromettre irrémédiablement la puissance, le prestige et la stature mondiale de leur pays. Mais la Chine n’inclut pas dans son calcul l’éventualité opposée : que renoncer à se battre pour une démocratie qu’elle a soutenue depuis la Seconde Guerre mondiale pourrait s’avérer catastrophique pour Washington. Surtout en termes de crédibilité aux yeux des alliés asiatiques, qui pourraient conclure que la garantie de sécurité américaine sur laquelle ils comptent pleinement est écrite dans l’eau et qu’il convient donc de négocier avec Pékin.”
Guerre scolaire : face aux attaques, il faut réagir fortement
Dans La Nef du mois de novembre, Anne Coffinier alerte sur la guerre scolaire, face à un certain déni :
[…] Si la gauche sait et dit clairement qu’elle fait la guerre, l’Église catholique, elle, préfère le silence, les litotes et le déni, tandis que la droite est trop occupée par ses manœuvres politiciennes court-termistes pour se mobiliser efficacement sur cette question pourtant fondamentale. Le secrétaire général de l’Enseignement catholique, Philippe Delorme, a dénoncé lors de sa conférence de presse de rentrée la « chasse aux sorcières » livrée contre l’enseignement catholique. Et de s’indigner :
« Quelle est la prochaine étape ? Nous interdire de voir un crucifix dans les salles de classe ? Mon Dieu, mais où va-t-on ? »
Je constate pourtant, qu’au-delà de cette colère d’apparat, il abandonne ses hommes aux griffes des ennemis de la liberté scolaire et de la foi. Lorsque le directeur de l’Immaculée Conception à Pau est suspendu par le rectorat, selon une procédure sans précédent quasi inconnue de tous, Delorme s’étonne du caractère « disproportionné » des sanctions prises, là où il devrait en dénoncer l’illégitimité, l’iniquité et l’illégalité avec la plus grande fermeté. Il dénonce qu’il ait été reproché au directeur Christian Espeso d’avoir organisé une conférence de son évêque, Mgr Aillet, dans son établissement. Mais l’argument mis en avant par le secrétaire général est que c’est « une conférence comme les autres ». Mais non ! Un évêque est chez lui dans un établissement catholique de son diocèse, et ce n’est pas une conférence comme les autres. Nous vivons donc une époque où nos impôts, à travers le Pass culture, permettent aux lycéens d’entrer gratuitement à la fête de l’humanité mais où l’État prétend interdire de parole un évêque dans un établissement dont il a la tutelle directe !
Face à des attaques aussi massives et malhonnêtes, il faut réagir for-te-ment ! Mais l’Enseignement catholique semble paralysé par la peur bourgeoise de perdre le peu de liberté qui lui reste et les larges financements publics dont il bénéficie. Le « pas de vagues » encore et toujours. Si l’on veut garder le goût de la liberté, il ne faut probablement pas mettre le doigt dans l’engrenage de la gloire et de l’argent. Il se peut qu’on ait plus de chance de rester fidèle à la radicalité évangélique et à la liberté qui va avec, lorsqu’on n’a ni subvention ni légion d’honneur, que lorsqu’on est tout embarrassé de considérations matérielles.
Marguerite Stern : “Il y a un climat de haine envers les catholiques auquel j’ai participé.”
Marguerite Stern, ex femen, a longtemps fait partie d’une opposition dite de gauche, ouvertement opposée à la droite, représentante du patriarcat. Aujourd’hui elle aborde son virage conservateur et souhaite publiquement présenter ses excuses à l’Église catholiques et aux croyants. Elle a répondu aux questions de Frontières. Aujourd’hui, visiblement, elle ne croit plus en l’idéologie du genre, et le lobby LGBTXYZ ne lui pardonne pas :
L’influence croissante du Hamas en Occident, non seulement dans les milieux musulmans, mais aussi dans la gauche européenne
Dans La Nef, Annie Laurent évoque le livre publié cette année par Mohamed Sifaoui sous le titre Hamas. Plongée au cœur du groupe terroriste :
[…] L’histoire des origines du Hamas, ses fondements idéologiques, son organisation interne (d’une extrême complexité, gage de son efficacité), sa stratégie et son avenir constituent l’essentiel de cet ouvrage qui fera date. L’enracinement de l’islamisme contemporain dans la doctrine des Frères musulmans, élaborée au début du XXe siècle par l’Égyptien Hassan El-Banna, et nonobstant la variété de ses dénominations actuelles, est une réalité bien connue. Mais – et on l’oublie souvent –, la restauration du « tout islam », promue par le frérisme pour résister à l’influence croissante de l’Europe au Proche-Orient consécutive à l’abrogation du califat par Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne, visait aussi le rejet du sionisme naissant. La création d’un État juif en Palestine serait « cause de désordre et de conflit », souligne le programme frériste. Pour El-Banna, la Palestine est une « terre d’islam », et elle l’est « pour toujours », « ce qui rend obligatoire le recours au djihad pour la délivrer du sionisme ». Telle est bien la consigne que le Hamas s’emploie à observer, comme le montre le Déluge d’El-Aqsa, nom de l’opération terroriste du 7 octobre 2023.
Cet antisionisme est présent dans la charte que le Hamas s’est donnée en 1987, moment où il acquérait l’autonomie d’un mouvement politique sans renoncer pour autant à sa matrice originelle. Mais il se double d’un « antisémitisme pathologique » reposant sur l’enseignement du Coran où les Juifs sont qualifiés de « pervers » (3, 110) et sur un récit de la tradition islamique où Mahomet conditionne la fin du monde au massacre de tous les Juifs. Cela explique pourquoi le Hamas n’accepte pas un règlement fondé sur la reconnaissance officielle de deux États, explique Sifaoui. « Il ne veut pas d’une solution pacifique mais d’une solution finale ». Le parti terroriste s’est d’ailleurs opposé aux accords d’Oslo conclus en 1993 entre le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin et Yasser Arafat, chef de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP).
Sur ce point, sa position rejoint celle du Hezbollah, le parti chiite allié de l’Iran, engagé depuis sa base au Liban dans un soutien politico-guerrier au Hamas. Dans un discours prononcé le 24 janvier 2024, son chef, Hassan Nasrallah, contestait toute légitimité à l’État hébreu.
« Israël est une entité préfabriquée. Israël c’est un peuple collé, constitué de personnes venues de partout à travers le monde […]. Le lien avec cette terre est basé sur la sécurité et ils considèrent que c’est la terre du lait et du miel […]. Quand ils perdront la sécurité, c’est terminé. Ce que nous voyons pour Israël ce sont ces sionistes qui ramassent leurs bagages et partent vers les aéroports, les ports et les frontières. »
La raison d’être du Hamas repose aussi sur la « légitimation religieuse », exprimée par l’islamisme. « Il nous est impossible de troquer l’islamité actuelle et future de la Palestine pour l’adoption de l’idée laïque », affirme sa charte. Un tel choix implique le rejet absolu de l’orientation plus ou moins sécularisée caractérisant les structures établies par l’OLP. Bien avant la naissance officielle du Hamas, son chef, Ahmed Yassine, avait élaboré un programme d’islamisation de Gaza. En vingt ans (1966-1986), le nombre de mosquées est passé de 70 à 150. À partir de 1973, Israël, qui occupait le territoire depuis 1967, autorisa la création de services sociaux et culturels ainsi que des instituts d’enseignement religieux fondés sur la pensée frériste. Les dirigeants israéliens, qui percevaient alors l’islamisme comme un « simple intégrisme » dépourvu de toute visée totalitaire et antidémocratique, y voyaient le moyen d’écarter la jeunesse palestinienne des milieux de la gauche. C’est aussi pour affaiblir l’OLP, rival du Hamas, que l’État hébreu laissait arriver à Gaza les aides financières arabes destinées aux islamistes. Le journaliste israélien Amir Tibon, rescapé du massacre du 7 octobre, insiste sur ce point dans le livre qu’il vient de publier sous le titre Les portes de Gaza.
Toutes ces mesures, expression du « grand aveuglement » d’Israël, explique Sifaoui, ont préparé l’islamisation systématique de Gaza programmée par le Hamas lorsque ce dernier en prit le contrôle en 2007, deux ans après son évacuation par les colons juifs et l’armée israélienne.
Quel serait le statut des non-musulmans dans une Palestine gouvernée par le Hamas ? La réponse est dans sa charte : « Il est du devoir des disciples des autres religions de s’abstenir de concurrencer l’islam dans sa souveraineté sur cette région car le jour de leur propre souveraineté serait celui des massacres, de la torture et de l’exode. » Les juifs et les chrétiens d’Israël sont évidemment confrontés à une « guerre existentielle ».
Enfin, selon Sifaoui, le lien établi par le Hamas entre patriotisme et religion dépasse les limites d’une démarche nationaliste pour s’élargir à un projet global visant à mobiliser le milliard et demi de musulmans dans le monde. « Il serait faux, et dangereusement naïf, de croire que l’action du Hamas ne se limite qu’au seul contexte palestinien », note-t-il, soulignant son influence croissante en Occident, non seulement dans les milieux musulmans « impactés par le conflit israélo-palestinien » mais aussi dans la gauche européenne « qui se laisse manipuler par le discours soi-disant “anticolonialiste” des dirigeants du Hamas ». Il s’agit donc d’un « choix stratégique » universel qui rend impensable toute correction du parti terroriste, estime aussi l’auteur, malgré l’illusion qu’il peut entretenir par des tactiques trompeuses telles que la dissimulation propre à l’islam.
Réouverture de Notre-Dame : un discours d’Emmanuel Macron dans la cathédrale
L’archevêque de Paris Mgr Laurent Ulrich a cédé. Esquissant les contours de la cérémonie de réouverture de Notre-Dame de Paris, il a évoqué une prise de parole d’Emmanuel Macron « dans la cathédrale » le 7 décembre.
Au cours de cette cérémonie « le président de la République prendra la parole pour dire, nous avons tenu le pari » d’une réouverture en cinq ans. Emmanuel Macron parlera « dans la cathédrale » et non sur le parvis.
« On va peut-être couper un ruban, mais ce qui est sûr est surtout que je vais frapper à la porte de la cathédrale » pour signifier « que de nouveau le clergé et le peuple sont dans la cathédrale pour le service de Dieu ».
La cérémonie comportera un « éveil de l’orgue » principal qui a été « complètement démonté, nettoyé, et remis en état de marche » et « le magnificat qui va conclure la prière des vêpres ».
Le dimanche 8 décembre aura lieu « la première messe au cours de laquelle je consacrerai le nouvel autel ».
Un ancien graphiste de Pixar et Disney condamné à 25 ans de prison pour pédocriminalité
Lu dans Le JDD :
« Côté jardin, vous avez le graphiste qui émerveille les enfants, puis côté cour, Bolhem Bouchiba est un metteur en scène pédophile qui scénarise ses propres films d’horreur. » C’est par ces mots que l’avocat général avait introduit son réquisitoire au procès de Bolhem Bouchiba, condamné cette semaine à vingt-cinq ans de réclusion criminelle assortis d’une période de sûreté aux deux tiers.
L’ancien graphiste des studios Pixar et Disney – qui a notamment travaillé sur Les Indestructibles et Ratatouille – a reconnu les faits : complicité de viols, agressions sexuelles sur mineurs, en récidive, et complicité de traite d’êtres humains. Entre 2012 et 2021, cet homme originaire des Deux-Sèvres (79) payait des femmes pour violer des centaines de petites filles âgées de 5 à 10 ans, aux Philippines, face caméra, c’est-à-dire en « live-streaming ».
Une pratique en hausse aux Philippines, consommées par les pays occidentaux – principalement en France, en Allemagne et aux États-Unis –, qui ont valu à l’accusé l’ajout de la circonstance aggravante d’actes de tortures et de barbarie. Déjà en 2014, il était condamné pour avoir agressé sexuellement sa belle-fille de 9 ans, et son nom figurait alors dans le fichier des délinquants sexuels.
Science-Po : une association étudiante organise une réunion non-mixte et non-blanche
Sujet abordé vendredi sur Europe 1 :
Quand Envoyé Spécial (du gouvernement) désinforme
En 2014, l’émission Envoyé Spécial sur France 2 présentait la théorie du genre et la montée de l’immigration dans les villes de province comme une rumeur…
2014 : quand Envoyé Spécial présentait la théorie du genre et la montée de l’immigration dans les villes de province comme une rumeurpic.twitter.com/qdAGLwxykh
— Fdesouche.com est une revue de presse (@F_Desouche) November 3, 2024
Douce France…
- Saint-Brieuc (22) : une altercation dégénère devant une supérette, un migrant pakistanais armé d’un couteau blesse grièvement un homme à la tête.
- Castres (81) : un jeune poignardé “à 20 contre 1” au motif qu’ils voulaient “égorger un Français”.
- Dijon (21) : une mère lance un appel à témoin après le tabassage de son fils par une bande ethnique
- fusillade à Vaulx-en-Velin (69) : un homme connu pour meurtre et trafic de stupéfiants ciblé par un commando armé
- Courbevoie (92) : un jeune de 15 ans poignardé dans un contexte de rixes entre bandes
- Cahors (46) : échauffourées en ville, des hommes cagoulés avec couteaux et battes attaquent le commissariat, la gare et l’hôpital après l’interpellation de 2 migrants algériens dont un sous OQTF
- Ligoté, séquestré, dépouillé… Le médecin du 93 avait été suivi jusqu’à son domicile à Boulogne par Sankouda, Moussa et Ahmed
- Athis-Mons (91) : la rencontre interquartiers dégénère après la victoire de l’équipe de Viry-Chatillon. Un joueur tabassé par 30 individus.
- “vigiles”, “itinéraires déconseillés”, “escortes du bureau au RER” : le calvaire des salariés de BNP Paribas depuis que leurs bureaux ont été déménagés dans le quartier Rosa Parks à Paris (19ème)
- Rennes : Encore un homme poignardé dans le centre-ville. Urgence absolue. 3 suspects africains en fuite.
Normalisation ? La diabolisation est le fait du diabolisateur pas du diabolisé
La stratégie de certains au RN c’est de surtout ne rien dire ou ne rien faire, afin d’éviter les critiques, les attaques, les bévues…
Médiapart relève la frustration de certains électeurs :
« Le RN ne fera rien pour nous. Regarde la députée d’à côté, elle se prend pour Brigitte Macron ! », insiste-t-elle, faisant référence à Christine Engrand, élue dans le Pas-de-Calais, et dont Mediapart a révélé les dépenses très personnelles réalisées avec son enveloppe de frais de mandat. « Ce sont des bourgeois ! », soutient Sophie, une de ses amies, illustrant son propos avec le procès en cours des assistant·es parlementaires du RN.
Sophie s’était déplacée pour Jordan Bardella aux dernières élections européennes, mais elle n’a pas voté RN aux législatives, lassée d’un parti pour lequel elle avait pourtant hésité à tracter. La discussion se poursuit sur le rond-point, mais les deux femmes prêchent un convaincu. Christophe a déjà voté pour Jean-Marie Le Pen et sa fille. Mais depuis 2022, il a choisi Éric Zemmour. « Maintenant, le RN est tellement hanté par la dédiabolisation qu’il ne porte plus aucune idée. C’est un parti qui est devenu peureux », affirme-t-il.
Pour Christophe comme pour d’autres, l’institutionnalisation du RN rime avec l’abandon d’une ambition « anti-système », mais aussi des idées les plus racistes. Géraldine, ancienne gilet jaune à Toulon (Var), a remarqué que beaucoup d’ancien·nes comparses sur les ronds-points, auparavant pro-RN, ont fini par se détourner du parti : « Il y a beaucoup de désabusés qui n’iront plus voter, mais qui gardent leurs opinions racistes. Ils ne veulent plus entendre parler de politique, c’est plutôt l’anarchisme, l’idée que c’est à nous, le peuple, d’aller destituer Macron. »
Car le RN a choisi de ne pas soutenir la proposition de destitution déposée par La France insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale. Or l’idée de renverser le président de la République avait largement motivé le vote d’une frange de l’électorat de Marine Le Pen, notamment parmi les gilets jaunes qui étaient tentés par l’extrême droite. « À l’époque, on venait d’horizons très différents, mais on se retrouvait sur une chose : faire tomber Macron. Quand la dissolution est arrivée, l’option Marine Le Pen était selon moi la meilleure pour y arriver », justifie Lisa, qui a participé aux mobilisations de 2019.
Samedi 12 octobre, cette assistante maternelle a renfilé sa tenue fluo à Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) pour retrouver ses ancien·nes camarades de manifestation. Jointe par téléphone, elle raconte s’être reconnue dans les propos tenus cet après-midi-là par Jérôme Rodrigues, l’un des leaders du mouvement : « Vous avez une Marine Le Pen qui, à défaut de faire élire Macron, […] valide le gouvernement de Macron ! Si vous êtes gilet jaune, vous êtes anti-Macron. Et Le Pen, elle vous a trahi. Votre carte d’électeur, c’est une carte de cocu ! », avait-il lancé.
Lisa, qui élève seule ses trois enfants au Grand-Quevilly, dans le prolongement de la banlieue ouvrière historique de Rouen, explique avoir vécu deux déceptions politiques. La première, après avoir vu le RN interdit de former un gouvernement alors que le parti avait selon elle « largement gagné ». La seconde, après avoir constaté le maintien au pouvoir des macronistes « avec la tolérance de Le Pen ». « Moi, je ne suis pas d’accord avec la gauche, mais j’ai signé pour la destitution tout de suite, sans regarder la couleur », poursuit-elle, en référence à la pétition lancée par LFI en soutien à sa proposition de destitution.
Le texte n’a finalement même pas été soumis au débat dans l’hémicycle, la conférence des président·es de l’Assemblée ayant refusé son examen, aidée par l’abstention du RN. « J’étais dégoûtée. Le RN nous a lâchés aux portes de l’Assemblée », commente Lisa. Le refus du groupe de Marine Le Pen de censurer le gouvernement Barnier a aussi amplifié la colère d’une partie de l’électorat du RN. Sur les réseaux sociaux, les arguments de la triple candidate à la présidentielle pour justifier une telle bienveillance peinent à convaincre ses anciens soutiens.
« Je ne voterai plus pour Le Pen », écrit par exemple Alexandre dans un groupe de gilets jaunes toujours actif sur Facebook. Le post a entraîné des dizaines de commentaires similaires. « Le RN, j’ai toujours voté pour eux, maintenant je n’ai plus confiance », assure Marylise. « Trahison de tous ses électeurs qui ne voulaient plus de Macron », renchérit Pascale. […]
La vacuité du dialogue interreligieux
Selon l’abbé Barthe sur Res Novae :
Dans un ouvrage de 1913, Les religions laïques. Un romantisme religieux[1], Dom Jean-Martial Besse, bénédictin de Ligugé, expliquait que les tentatives de rapprochement des religions dialoguant entre elles sont inspirées par les idéologies modernes nées des Lumières, qui visent à les énucléer. Il y décrivait un ensemble divers de catholiques libéraux (qualifiés par lui « néo-chrétiens ») cultivant ce désir d’entente cordiale et évoluant vers un romantisme religieux inconsistant.
Il évoquait ainsi la première tentative pour établir un dialogue de ce type, le Parlement des Religions du Monde, qui s’était tenu à Chicago en 1893. Le cardinal Gibbons, archevêque de Baltimore, y avait participé, ouvrant la réunion par la récitation du Pater. L’abbé Félix Klein, diffuseur en France des idées américanistes, et l’abbé Victor Charbonnel avaient voulu renouveler l’expérience à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris de 1900, mais la tentative échoua, Léon XIII ayant fait savoir en 1895, dans une lettre à Mgr Satolli, délégué apostolique du Saint-Siège aux États-Unis, qu’il n’était pas favorable à ce que les prêtres catholiques prissent part à des initiatives communes de ce type.
De tels échanges où les partenaires s’appuient sur ce qui, selon eux, les rassemble pour mener des actions communes pour la paix, continuèrent à se développer chez les protestants, mais il fallut attendre le concile Vatican II et la déclaration Nostra Ætate pour qu’ils aient vraiment droit de cité chez les catholiques. Jusque-là il y avait certes eu beaucoup d’échanges entre des catholiques et des membres de religions non-chrétiennes, mais dans la vue de préparer plus efficacement l’évangélisation, et jamais d’institution à institution.
Le processus nouveau est d’ailleurs risqué pour chaque intervenant, mais il l’est évidemment d’abord pour la religion de Jésus-Christ, consciente de jouir de la plénitude religieuse. Le risque le plus immédiat pour le catholicisme est la perte de sa force missionnaire. C’est d’ailleurs le point central de la critique que l’on peut faire au dialogue selon Nostra Ætate : le catholicisme est conduit à reconnaitre un statut positif, non pas à tel ou tel élément de præparatio evangelica, que contiennent les autres traditions religieuses, « rayons de vérité » (et qui appartiennent en réalité au Christ et à son Épouse) brillant au milieu d’une foule d’erreurs et de voies erronées, mais à ces traditions religieuses comme telles qui sont ainsi déclarées dignes de « respect sincère »[2].
Nostra Ætate ne dit pas que ces traditions sont des voies parallèles ayant en soi une existence surnaturelle pouvant procurer le salut, mais évite de dire qu’elles sont des voies fausses (elles « diffèrent sous bien des rapports de ce qu’elle-même [l’Église] tient et propose »). Vatican II, comme en d’autres domaines, a cherché un entre-deux, si tant est que cela soit possible, entre orthodoxie et hétérodoxie, une hétérodoxie modérée en somme. De sorte que la Commission théologique internationale, appuyant le doigt sur l’ambiguïté, a pu s’interroger : « Quant à dire que les religions en tant que telles peuvent avoir une valeur dans l’ordre du salut, c’est là un point qui reste ouvert[3]. »
Trois phases peuvent être distinguées à propos de ce dialogue voulu par le concile Vatican II, les deux premières étant finalement très proches, la troisième étant à venir, même si elle a déjà commencé :
- la phase d’Assise, où le catholicisme convoque les autres religions au dialogue ;
- la phase bergoglienne, où le catholicisme explique aux autres religions l’unité dans la diversité ;
- la phase enfin où la confrontation religieuse est en train de retrouver sa violence, qu’elle n’a à vrai dire jamais perdue.
Assise : le christianisme convoque les confessions chrétiennes et les religions
La première rencontre d’Assise du 27 octobre 1986, organisée par Jean-Paul II, reste la vitrine historique du dialogue interreligieux, même si, pour répondre aux critiques, il n’était pas question de converser comme à Chicago ou dans des réunions semblables, mais de prier pour la paix. Et, tenant compte des avertissements de Léon XIII, il s’agissait « non pas de prier ensemble, mais d’être ensemble pour prier ». Les 150 représentants d’une douzaine de traditions religieuses se tinrent d’abord séparément dans les diverses églises d’Assise pour prier selon leurs coutumes propres, les représentants des différentes confessions chrétiennes se retrouvant ensemble dans la cathédrale San Rufino. Puis tous se réunirent sur l’esplanade de la basilique Saint-François, où chaque religion émit séparément sa prière.
Le hiatus avec la tradition missionnaire de l’Église apparaissait non seulement dans le spectacle inouï donné au peuple catholique du Vicaire du Christ se tenant à égalité au milieu des fausses religions, mais aussi dans les justifications biaisées qui étaient données. Ainsi Assise avait été choisie pour cette réunion notamment parce que, lors de la cinquième croisade, saint François avait rencontré (au risque du martyre, il faut le préciser) le sultan d’Égypte Al Kâmil pour converser avec lui. Le but de François n’était nullement, il va de soi, d’exprimer son « respect sincère » pour l’islam, qu’il considérait comme diabolique, mais de convertir le sultan et à sa suite son peuple. Référence était faite aussi aux deux interventions de Pie XI, qui avait appelé tous les hommes à prier pour la paix en 1932 (encyclique Caritate Christi) et en 1937 (Divini Redemptoris). Mais dans les deux cas, ce n’était nullement les autres religions que Pie XI invitait à prier, mais les hommes pris individuellement, ceux qui reconnaissent naturellement l’existence de Dieu créateur et rémunérateur et qui l’adorent.
On dit souvent que la déclaration Dominus Jesus de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sur l’unicité et l’universalité salvifique de Jésus-Christ et de l’Église, du 6 août 2000, corrigeait Assise. Le choc avait en effet été considérable, tout comme sera plus tard celui produit par le baiser de Jean-Paul II au Coran offert par une délégation irakienne le 14 mai 1999. Cette volonté de recadrage se trouve peut-être de manière plus développée dans l’encyclique Redemptoris missio du 7 décembre 1990, qui affirme que « Le dialogue inter-religieux fait partie de la mission évangélisatrice de l’Église » (n. 55), qui insiste sur l’existence de « tout ce qui est vrai et saint dans les traditions religieuses », et sur la découverte par le dialogue des « semences du Verbe » (n. 56) dans les traditions religieuses. Néanmoins même ces documents parlent positivement de ces religions qui sont comme telles « une expression principale et essentielle » des richesses spirituelles des peuples[4]. En fait, Assise, comme ces textes et le Concile lui-même rappellent à la fois, et l’unicité du salut en Jésus-Christ (voir : Tribune d’un théologien – Res Novae – Perspectives romaines), et que les autres religions, dignes d’un « respect sincère », peuvent pratiquer avec le catholicisme un « enrichissement mutuel »[5].
Alors, le catholicisme se met-il à égalité des autres religions ? Pas tout à fait. Pour la journée d’Assise (et aussi pour celles qui suivirent en 2011, sous Benoît XVI, et en 2016, sous François), c’est la religion catholique qui invitait ses partenaires à se rassembler afin de prier pour la paix. On a parlé parfois d’un subtil retour de l’« impérialisme » papal, qui se déployait d’autant mieux en 1986 que Jean-Paul II assumait alors un rôle politique contribuant à faire craquer l’empire soviétique.
Du point de vue du dialogue, cet « impérialisme » va même plus loin qu’on le dit. Car en réalité, les autres traditions religieuses et les autres Églises chrétiennes n’ont pas la forme centralisée et doctrinalement unifiée (au moins en temps normal) de l’Église catholique. Il faut donc que la Rome dialoguante, tant dans le dialogue œcuménique que dans le dialogue interreligieux d’ailleurs, recherche et choisisse parmi les religieux qui veulent bien s’y prêter ceux qu’elle estime les plus représentatifs, chez les orthodoxes, les protestants, comme chez les bouddhistes et les shintoïstes, en en éliminant bien d’autres. Finalement, en dehors du poids sociologique qu’ont en elles-mêmes ces religions, ce qui les fait exister comme partenaires ayant capacité pour dialoguer, c’est le choix de la partie catholique. Elle leur confère – on n’ose pas dire magistériellement – une existence, elle en fait des entités unifiées semblables à elle, ce qui est particulièrement évident lorsqu’elle cherche à mettre un peu d’ordre dans la poussière des religions animistes, mêlées et remêlées de mille syncrétismes, pour y trouver des interlocuteurs.
Et en retour, même s’il est la religion convoquant au dialogue, le catholicisme se trouve du fait être l’une de ces religions, placé au milieu d’elles. C’est le péché originel du dialogue selon Nostra Ætate, qui génuflecte devant la société libérale, laquelle considère l’Église comme une association spirituelle parmi d’autres.
François : le catholicisme explique aux autres religions l’unité dans la diversité
Comme au sujet de toutes les « intuitions » de Vatican II, le débat est ouvert, dans l’espace ouvert par le compas conciliaire, entre « herméneutique de réforme dans la continuité », avec les précautions entourant la journée d’Assise de Jean-Paul II et « herméneutique de la discontinuité et de la rupture », avec les déclarations du Pape François sur le sujet des religions : « Le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine » [c’est nous qui soulignons] (Abu Dhabi, 4 février 2019). Mais on reste dans l’espace ouvert par le compas conciliaire : interprétation modérée ou interprétation maximale. La Déclaration d’Abu Dhabi a d’ailleurs été revendiquée par lui comme une interprétation du Concile dans le vol de retour à Rome : « Du point de vue catholique, ce document n’a pas dépassé d’un millimètre le Concile Vatican II. » Affirmer que la diversité des religions découle de la volonté divine reste en effet dans le registre de l’accord du respect que leur porte désormais l’Église, mais en le portant au maximum.
Le thème a été souligné par les discours et déclarations qu’il a faites en Asie du Sud-Est, au cours d’un récent voyage. À Jakarta, en Indonésie, le 5 septembre 2024, dans la mosquée Istiqlal : « Que tous, tous ensemble, chacun cultivant sa propre spiritualité et pratiquant sa propre religion, nous puissions marcher à la recherche de Dieu. » Et surtout à Singapour, le 13 septembre, dans une rencontre interreligieuse avec des jeunes au Collège Catholique Junior : « Toutes les religions sont un chemin vers Dieu. Elles sont – je fais une comparaison – comme des langues différentes, des idiomes différents, pour y parvenir. Mais Dieu est Dieu pour tous. Et parce que Dieu est Dieu pour tous, nous sommes tous fils de Dieu. “Mais mon Dieu est plus important que le vôtre !” Est-ce vrai ? Il n’y a qu’un seul Dieu, et nous, nos religions sont des langues, des chemins vers Dieu. »
Il faut dire que dans la visite en Indonésie et dans ces discours, il y a une part très politique. Qui s’en étonnerait de la part de François ? Dans un pays où la pluralité religieuse extrême (plus de 209 millions de musulmans, 23 millions de chrétiens et plus de 10 millions de bouddhistes, hindous et confucéens) devient explosive du fait du réveil des religions en Asie, de la montée de l’islamisme, et de la création de groupes d’auto-défense religieux extrêmement musclés, le président Jokowi met en place un programme de « modération religieuse », en essayant de mettre en valeur des idéaux religieux paisibles qui facilitent la tolérance. Tout se passe comme si François était venu apporter son aide à Jokowi. D’où la signature de la Charte de Jakarta avec l’iman de la mosquée Istiqlal, charte de « modération religieuse » : « Le dialogue interreligieux doit être reconnu comme un instrument efficace pour résoudre les conflits […]provoqués par l’abus de la religion. »
« Les rites, les pratiques, et autres, constituent un patrimoine traditionnel qui doit être protégé et respecté [c’est nous qui soulignons] ; mais ce qui se trouve “en dessous”, ce qui coule de façon souterraine comme le “tunnel de l’amitié”, c’est-à-dire la racine commune à toutes les sensibilités religieuses est unique : c’est la quête de la rencontre avec le divin, la soif d’infini que le Très-Haut a mis dans notre cœur », disait-il à Jakarta, 5 septembre 2024, mosquée Istiqlal. On pourrait à la limite faire valoir que François parlait du sentiment religieux se trouvant en tout homme, et qu’il voulait dire qu’il ne faut rien rejeter « de ce qui est vrai et saint dans ces religions », le tout dans la ligne de Nostra Ætate[6]. Car après tout, la reconnaissance d’une religion entraîne nécessairement plus ou moins la reconnaissance d’une certaine efficacité salutaire, d’un certain « chemin vers Dieu ». François désenveloppe ainsi la portée relativiste du dialogue interreligieux conciliaire.
Mais ce faisant, paradoxalement, il accentue aussi l’« impérialisme » de ce dialogue, puisqu’il fait la leçon aux autres religions, à l’islam notamment (dont il affirmait dans Evangelii Gaudium : « Le véritable Islam et une adéquate interprétation du Coran s’opposent à toute violence », n. 253), en leur expliquant qu’elles sont relatives : elles sont des chemins parmi d’autres pour aller à Dieu.
Ainsi le catholicisme, sous les apparences de la plus extrême modestie, par irrépressible habitude, reste celui qui enseigne. Il reste missionnaire, mais sa nouvelle mission est d’inoculer aux traditions religieuses le virus relativiste du respect réciproque des autres voies. Le dialogue selon Nostra Ætate aboutit à un prosélytisme inversé, un prosélytisme de l’anti-prosélytisme.
Le sang de martyrs
Il aboutit aussi à une impasse. Quels résultats, en effet, a-t-il produit ? Il a accentué le fait qu’un nombre important de catholiques versent dans le relativisme sentimental et se conforment à l’air du temps. En Occident, le religieux « dur » disparaît à grande vitesse, sauf en ce qui concerne l’islam dont la présence y est toujours plus forte. Mais le religieux qui subsiste dans l’ultra-modernité est individualisé, désinstitutionnalisé et émietté à l’extrême à l’intérieur même de chaque groupe religieux. Il est devenu une sorte de religieux diffus que chacun organise à sa guise et qui convient à la limite aux sans religion[7].
Sans vraiment d’exception. L’affirmation classique que les États-Unis sont une démocratie laïque très religieuse a de moins en moins de pertinence. Les jeunes moins de 40 ans sont moins pratiquants, toujours plus individualistes, y compris chez les évangélistes qui ont constitué une part non négligeable de l’électorat de Donald Trump et qui sont de plus en plus, chez les jeunes, des évangélistes de tradition plus que de pratique. De nombreux protestants américains abandonnent toute religion, de même que beaucoup de catholiques, même si le déclin du catholicisme est masqué par l’arrivée d’immigrés latinos. La Russie elle-même, plus occidentale qu’on ne le croit, se sécularise et s’individualise. La religion orthodoxe, qui a retrouvé une grande puissance et visibilité, n’exerce cependant pas une grande influence sur la société, notamment en ce qui concerne la morale familiale. Et la pratique religieuse est étonnamment basse : alors que Pâques est une fête très importante pour les Russes, 2% seulement d’entre eux ont participé aux célébrations pascales l’an passé, en 2023.
Et cependant, le dogme catholique résiste, aussi peu défendu qu’il soit par ses gardiens hiérarchiques, de même que les croyances des autres religions. Le Pape François d’ailleurs le relève : « On pense parfois que la rencontre entre les religions consiste à rechercher à tout prix un point commun entre des doctrines et des professions religieuses différentes. En réalité, il peut arriver qu’une telle approche finisse par nous diviser. Car les doctrines et les dogmes de chaque expérience religieuse sont différents[8]. »
Ainsi, malgré le relativisme des déclarations de François à Abu Dhabi, à Jakarta et à Singapour, la conscience des différences s’accroît. Le dialogue ne sert donc à rien ? Certains théologiens disent même qu’il est radicalement impossible, tel Marc Boss, un protestant qui, dans « Plaidoyer pour un inclusivisme paradoxal »[9], estime que les théologiens des religions doivent en définitive admettre le caractère purement intra-religieux de leur démarche : ils ne peuvent parler des autres que s’ils veulent bien appliquer aux autres traditions les constructions de pensées qui leur sont spécifiques. Dans le même sens, le P. Remi Chéno, dominicain, cherche à dépasser le pluralisme (toutes les religions sont des chemins divers qui mènent vers Dieu) par une voie dans laquelle les croyants des diverses traditions conviennent de leurs différences indépassables, avec des visions absolument différentes les unes des autres (y compris les mots Dieu, dieux, divinité, qui résistent à une identification d’un monde religieux à un autre)[10].
Justement, si l’Occident est une preuve pour la dissolution du religieux dans le relativisme, l’Asie pourrait être le lieu de réaffirmation de différences indépassables. Il est vrai que le réveil des intransigeances religieuses et de leur prosélytisme – y compris pour le bouddhisme sous la forme de conquête syncrétiste qui lui est spécifique – est en bien des lieux impressionnant. En Inde, où l’hindouisme, religion dominante qui compte aujourd’hui 74,8 % d’une population de 1,40 milliard d’habitants, les dernières élections législatives gagnées par le premier ministre Narendra Modi, chef de file du parti nationaliste hindou BJP (Parti du Peuple Indien), ont mis en lumière l’influence décisive d’un hindouisme agressif et violent, particulièrement en direction de l’islam. Pour la Chine, Claude Meyer[11] parle aussi d’un « renouveau éclatant » du spirituel, du bouddhisme, du christianisme et du monde immenses des religions populaires, tous bénéficiant désormais d’un libéralisme très encadré par le Parti. Il est d’ailleurs possible que les concessions religieuses du Parti soient dues à l’inquiétude provoquée par un islam combatif et parfois terroriste.
Jusqu’au catholicisme qui se soutient admirablement, aussi miné qu’il soit par le libéralisme de l’ultra-modernité et accessoirement par le dialogue qui tente de s’y accorder : en Corée du Sud, il y a eu une augmentation de 50% du nombre des catholiques de 1999 à 2018. Et la Corée du Nord renforce « négativement » cette donnée dans la mesure où elle est en tête du classement sinistre des pays persécuteurs du christianisme, avec emprisonnements, tortures, exécutions. Pour le monde entier, les statistiques font état de plus de 360 millions de chrétiens persécutés, chiffre qui ne cesse d’augmenter : 1 chrétien sur 7 est persécuté sur la planète, 1 sur 5 en Afrique et 2 sur 5 en Asie et Moyen-Orient, où la persécution est telle que le christianisme est en train de disparaître des terres qui l’ont vu naître. Bientôt en Europe ? En Europe déjà, par la marginalisation agressive, la dictature des idéologies dominantes, les agressions et les profanations[12]. Comme depuis l’origine, le caractère absolu du catholicisme s’affirme dans la souffrance et dans le sang de la troupe innombrable des martyrs qui pénètrent le ciel de gloire.
Abbé Claude Barthe
[1] Paris, Nouvelle Librairie nationale.
[2] « L’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines [c’est nous qui soulignons] qui, quoiqu’elles diffèrent sous bien des rapports de ce qu’elle-même tient et propose, cependant reflètent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes. Toutefois, elle annonce, et elle est tenue d’annoncer sans cesse, le Christ qui est « la voie, la vérité et la vie » (Jn 14, 6), dans lequel les hommes doivent trouver la plénitude de la vie religieuse et dans lequel Dieu s’est réconcilié toutes choses » (Nostra Ætate, n. 2).
[3] « Le christianisme et les religions », 1997, n. 81.
[4] Redemptoris missio, n. 55.
[5] Dominus Jesus, n. 8.
[6] « Depuis les temps les plus reculés jusqu’à aujourd’hui, on trouve dans les différents peuples une certaine perception de cette force cachée qui est présente au cours des choses et aux événements de la vie humaine, parfois même une reconnaissance de la Divinité suprême, ou même d’un Père. Cette perception et cette reconnaissance pénètrent leur vie d’un profond sens religieux. Quant aux religions liées au progrès de la culture, elles s’efforcent de répondre aux mêmes questions par des notions plus affinées et par un langage plus élaboré » (Nostra Ætate, n. 2).
[7] Cf. Jean-Claude Basset, « Les chrétiens face à la diversité religieuse », dans Les chrétiens et la diversité religieuse. Les voies de l’ouverture et de la rencontre, Jean-Claude Basset et Samuel Désiré Johnson (sous la direction de), Karthala, 2011.
[8] Mosquée Istiqlal, Jakarta, 5 septembre 2024.
[9] Dans Les chrétiens et la diversité religieuse, op. cit.
[10] Remi Chéno, Dieu au pluriel. Penser les religions, Cerf, 2017.
[11] Claude Meyer, Le renouveau éclatant du spirituel en Chine. Renaissance des religions, répression du Parti, Bayard, 2021.
[12] Marc Eynaud, Qui en veut aux catholiques ?, Artège, 2022.
Bientôt des euthanasies sans consentement
… au Québec (en attendant la France où, bien sûr, les fameux “garde-fous” ne tiendront que le temps de faire voter les idiots utiles!), comme le signale ce communiqué de la Société française de soins palliatifs:
Ce 30 octobre 2024, une nouvelle extension de l’euthanasie entre en vigueur au Québec : les demandes anticipées d’aide médicale à mourir. Celles-ci permettent aux personnes diagnostiquées avec des maladies cognitives et incurables de consentir à l’aide médicale à mourir avant de perdre leurs facultés décisionnelles. L’euthanasie pourra donc être réalisée sans consentement final de la personne une fois l’inaptitude constatée.
Depuis l’adoption de la loi sur l’aide médicale à mourir en 2016, l’accès à cette aide était limité aux personnes en phase terminale souffrant de douleurs intolérables, qui devaient donner leur consentement juste avant l’acte. Cette nouvelle extension de 2023 étend cette législation aux cas de patients qui deviendraient inaptes à donner leur accord en amont, notamment ceux atteints de maladies neurodégénératives.
Cela pose évidemment des questions en matière de pratiques médicales : faudra-t-il pratiquer une sédation ou une contention sur une personne qui refuserait finalement l’injection létale ?
Cette évolution rappelle les débats de mai dernier l’Assemblée nationale, au cours desquels une proposition similaire avait été avancée. Celle-ci visait à permettre aux patients souhaitant l’aide à mourir de le faire même s’ils perdaient leur conscience de manière irréversible, via les directives anticipées. Les débats parlementaires nous montrent que les dérives québécoises adviendraient très vite dans notre pays.
Cette nouvelle extension de l’euthanasie intervient alors que vient d’être publié le rapport de la Commission sur les soins de fin de vie pour 2023-2024. Il en ressort que 7,3% des décès enregistrés au Québec sont dus à la mort provoquée, soit une augmentation de près de 10% par rapport à l’année précédente. A l’échelle des 638 266 en France en 2023, cela représenterait 46 593 décès annuels.
Lettre du père Danziec à Marguerite Stern : “en Israël même je n’ai pas trouvé une si grande foi “
Suite aux excuses publiques de l’ex-Femen, le père Danziec lui adresse cette lettre dans Valeurs Actuelles :
Chère Marguerite,
Nous ne nous connaissons pas mais permettez-moi de vous appeler par votre prénom. N’y voyez ni procédé cavalier, ni volonté de jouer aux intimes. Simplement l’enchantement d’un pasteur d’appeler une brebis par son prénom de baptême. « Il appelle ses brebis par leur nom, et il les mène aux pâturages » (Jean 10, 3). J’ignore d’ailleurs laquelle des saintes Marguerite est votre patronne. La martyre sous Dioclétien ? Celle-là même qui est apparue à Jeanne d’Arc aux prémices de sa grande épopée nationale à Domrémy ! Ou bien sainte Marguerite-Marie, la religieuse visitandine de Paray-le-Monial à qui le Christ fit connaître les secrets de son cœur brûlant, notamment en lui adressant cette impressionnante sentence : « Voici ce cœur qui a tant aimé les hommes, et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes par leurs irrévérences et leurs sacrilèges… » ? Vous me direz, dans l’un et l’autre cas de ces patronages, vous vous trouvez en bonne compagnie ; et c’est, en effet, bien là l’essentiel.
Vous vous en douterez, chère Marguerite, ces quelques lignes, je vous les adresse en écho à votre récente sortie médiatique. Comme beaucoup de croyants, j’ai effectivement lu avec intérêt votre tribune « Pourquoi je m’excuse auprès des catholiques » publiée dans l’hebdomadaire Famille Chrétienne. Surtout, mieux encore, je vous ai écoutée, je vous ai regardée dire ce texte sur vos réseaux. Eh bien, chère Marguerite ! En un mot comme en cent, disons-le tout net, je vous ai trouvée poignante.
A vos excuses publiques, j’ose donc réagir par cette lettre ouverte. Avec l’audace de l’Evangile (Mt 10, 27), j’entreprends de publier sur les toits ce qui, à votre sujet, m’habite. Un mélange de reconnaissance et d’action de grâce. D’émerveillement aussi. Je ne doute pas que de nombreux catholiques, hier profondément blessés par votre coup d’éclat en tant que Femen dans la cathédrale Notre-Dame de Paris se soient sentis, tout comme je l’ai été, vivement émus par votre mea culpa sans fioritures. D’autant que, accordez-moi de le souligner, demander pardon sans battre sa coulpe sur la poitrine des autres, voilà chose bien singulière aujourd’hui pour ne pas être saluée.
Après vous avoir écoutée attentivement, comment ne pas voir un réconfortant signe du Ciel dans votre prise de parole. Voyez-vous, c’est également cela le miracle de Notre-Dame. En bonne mère, elle n’est pas rancunière. Vous l’avez outragée en 2013. Son incendie vous fait pleurer en 2019. Et, en 2024, à l’approche de sa réouverture, elle nous offre votre joli visage – bien qu’empreint d’une certaine gravité – auquel s’ajoute une voix claire et sans emphase, posée et réfléchie. En 3 minutes et 48 secondes, vous nous expliquez pourquoi vous avez changé, pourquoi vous voulez présenter vos excuses aux catholiques, ceux-là dont « c’est la mode actuellement de dénigrer, de faire passer pour des idiots vieille-France, insuffisamment branchés pour mériter le statut d’êtres humains ». Bien chère Marguerite, nous vivons dans un monde qui se moque tant des vérités du Christ, qui piétine si impunément l’enseignement constant de l’Eglise, que les petites étincelles d’espérance qui brillent dans l’obscurité n’en paraissent que plus incandescentes. Un peu de feu dans quelque coin du monde et tous les miracles de grandeur restent possibles.
Ma chère Marguerite, certains loueront votre courage, d’autres fustigeront votre retournement. Moi, je veux particulièrement rendre grâce pour votre cheminement intérieur, intime et secret, mystérieux. Celui d’une femme qui a certes l’appétit de l’action mais surtout soif de cohérences et de vérités. La Providence se plaît, dans l’histoire des hommes et les événements qui parcourent leurs vies, à confondre les orgueilleux et les superbes. Votre demande de pardon en témoigne. Que le nom de Dieu soit béni !
Je ne saurais vous le cacher, lorsque vous soulignez dans votre tribune que « bon nombre de nos rites reposent sur l’Eglise catholique et même les incroyants devraient se battre pour les préserver », j’ai souri. Christopher Lasch avait bien raison de constater que « Le déracinement coupe de tout, sauf du besoin de racines ». Mais surtout, je me suis plu à repenser au Seigneur Jésus parlant du Centurion de l’Evangile : « Je vous le dis, en vérité, en Israël même je n’ai pas trouvé une si grande foi » (Lc 7, 9). Ce païen, occupant le territoire des descendants du peuple élu, par sa simplicité d’âme et son humble respect, venait d’attester avec une tranquillité déconcertante la toute-puissance du Fils de Dieu. Dans votre tribune, vous nous dites : « Sans croire en Dieu, finalement, sur certains points, j’arrive aux mêmes conclusions que les catholiques. » Alors qu’au sein même de nos institutions publiques – et parfois même ecclésiales, vous l’aurez sans doute remarqué – des déconstructeurs sont à l’œuvre, vous venez prouver à ceux qui l’auraient oublié que les meilleurs apôtres du bon sens de la Foi ne viennent pas forcément des sentiers battus par les réformateurs progressistes et autres comités Théodule d’Etat ou d’Eglise… Oui, assurément, les incroyants devraient se battre pour préserver les rites et les coutumes de l’Eglise catholique et oui, parmi eux, il s’en trouve de plus en plus qui, arrivant aux mêmes conclusions que les catholiques, s’interrogent sur le sens de leur vie et la raison de leur destinée. Chère Marguerite, évidemment, je vous espère d’en arriver, non pas seulement « sur certains points » mais sur tous les points, aux mêmes conclusions que la Tradition de l’Eglise.
Ce n’est pas tout. Votre témoignage transparent manifeste combien Dieu écrit droit avec des lignes courbes. « En creusant le sujet trans, j’ai compris que le transgenrisme était une forme de transhumanisme où l’être humain se comporte comme son propre créateur. Cela m’effraie car que fait-on de l’inconnu, de l’enchantement, du mystère, de ce qui nous dépasse ? » confiez-vous. Le Christ affirme dans l’Evangile : « Je suis la voie, la vérité et la vie » (Jn 14, 6) et de préciser durant sa discussion privée avec Pilate : « Quiconque est de la vérité écoute ma voix » (Jn 18, 37). La féministe radicale que vous avez été, par des chemins de traverse, en est arrivée à formuler ce pardon. Le prêtre que je suis y voit un motif supplémentaire d’espérance.
Ah ma chère Marguerite ! Je vous souhaite – si vous saviez comme je vous le souhaite ! – de rencontrer Jésus. La recherche honnête du vrai, du bien, du bon et du juste mène l’âme, inexorablement et parfois malgré elle, à rejoindre la voie du Christ, à embrasser la vérité et à vivre de sa vie surnaturelle. Vous l’avez dit avec une franchise confondante : « Il arrive que l’on aime mal ». Je ne prétendrais pas, pour ma part, aimer convenablement le Bon Dieu. Qui pourrait, du reste, s’en prévaloir ? Mais je sais, par la Foi, qu’en se mettant à son école, il est possible d’envisager d’aimer mieux. J’espère de grand cœur que vous aurez la possibilité un jour, voire prochainement, de le contempler à l’œuvre ce bon Dieu d’amour, dans le cœur de saintes femmes. J’en connais et j’en vois autour de moi. On ne parle pas d’elles. Elles ne font pas la une des magazines féminins. Elles ne posent pas pour des publicités proposant des produits de luxe inabordables. Elles sont plus humbles mais tellement extraordinaires. Elles sont le plus souvent écartelées entre leurs enfants, leur mari et une vie professionnelle harassante, car un seul salaire suffit rarement à faire vivre une famille. Elles sont parfois mères au foyer, parfois au couvent, mais dans les deux cas elles subissent l’incompréhension – quand ce n’est pas la réprobation – du monde actuel. Ces saintes femmes, ce sont des mères de familles courageuses qui tentent de préserver leurs petits des horreurs du wokisme. Des épouses fidèles, sentinelles de l’Invisible, soucieuses de leur rôle pour préserver la paix du foyer et entretenir la joie familiale. Ce sont encore des religieuses, qui ont donné leur vie, librement, pour chanter les louanges du Seigneur du cœur de la nuit jusqu’à la tombée du jour. A l’occasion, peut-être, aurez-vous la possibilité de vous arrêter dans une de ces abbayes féminines. Allez chère Marguerite, allez visiter les cisterciennes de Boulaur ou les bénédictines du Barroux ! Profitez de leur hôtellerie durant quelques jours, vous serez touchée par leur accueil évangélique, leur vie verticale et ce fluide mystérieux qui donne à leur visage ce reflet indéfinissable de divin. Vous découvrirez qu’il jaillit dans les profondeurs de l’intimité prolongée du cœur-à-cœur avec Dieu. Vous verrez comme ces consacrées attestent, avec une grâce sans pareille, combien la féminité devient plénière lorsqu’elle est vécue dans une amitié intense avec le Créateur.
Chère Marguerite, vous avez dit bien des choses dans votre courageuse intervention publique et il y aurait encore beaucoup à vous partager si je m’arrêtais sur chacune de vos phrases. Je crains cependant que cette lettre ouverte se charge inutilement lorsqu’elle voudrait, au contraire, contribuer à rendre votre cœur léger. Mais puisque nous nous trouvons au début du mois de novembre, mois dédié dans la Tradition de l’Eglise à la prière pour nos chers défunts, je voulais terminer ces lignes en vous disant que votre témoignage sur les obsèques de Philippine et la prise de conscience qui en a résulté pour vous, m’a paru très fort. Merci d’avoir eu la simplicité de le confesser. Avec Cocteau, nous savons que « Le tombeau des morts, c’est le cœur des vivants ». Je suis certain, chère Marguerite, que Philippine intercédera depuis son éternité à vos intentions auprès de Dieu. Et que votre cœur s’en trouvera béni.
En vous assurant de ma prière, je me permets de me confier aux vôtres.
Bien respectueusement à vous,
Père Danziec +
Aller prier sur une tombe
De Véronique Jacquier dans France catholique :
[…] Depuis 1963, l’Église n’interdit plus la crémation, qu’elle avait condamnée en 1886 quand elle était l’apanage des anticléricaux et des francs-maçons. Le Code de droit canon de 1983 y met cependant une réserve : « L’Église n’interdit pas l’incinération à moins que celle-ci n’ait été choisie pour des raisons contraires à la doctrine chrétienne. » Dans le même article du droit canon, elle recommande « vivement que soit conservée la pieuse coutume d’ensevelir les corps des défunts ». […]
La multiplication des incinérations modifiera-t-elle la façon dont les hommes perçoivent le cimetière ? Ce lieu n’est plus guère l’endroit du dialogue entre les vivants et les morts depuis qu’il a été installé en lisière des agglomérations et non plus en leur sein, autour de l’église du village ou de celle du quartier d’une ville. Raison de plus pour que la tombe soit l’affirmation d’une foi chrétienne au-delà de la mort. L’artiste Augustin Frison-Roche s’interroge : « Pourquoi l’art funéraire a-t-il disparu des cimetières ? Plus encore que les églises qui se vident, je trouve que cela en dit long sur la déchristianisation de notre pays et la perte du sacré. Depuis des milliers d’années, l’humanité se préoccupe en premier lieu de construire des tombeaux et des temples. » Le peintre et sculpteur réalise un monument par an sur commande, en aimant se souvenir de « la tombe comme d’un lieu de rencontre avec la transcendance, où le Beau a toute sa place puisque la mort n’est pas une fin ». […]
Guerre d’Algérie : la communication incohérente d’Emmanuel Macron
A peine rentré d’un voyage officiel au Maroc, le chef de l’État a reconnu la responsabilité de la France dans l’assassinat de Ben M’hidi, chef du FLN, en 1957. Dans le long communiqué, l’Élysée précise que
« la reconnaissance de cet assassinat atteste que le travail de vérité historique, que le président de la République a initié avec le président Abdelmadjid Tebboune, se poursuivra. C’est le rôle dévolu à la commission mixte d’historiens, mise en place par les deux chefs de l’État, et dont le président de la République a validé récemment les conclusions ».
A propos de vérité historique, il faudrait aussi reconnaître l’abominable terrorisme mis en place par le FLN, comme en témoigne cet ancien terroriste, qui explique doctement qu’il fallait assassiner les femmes et les enfants :
Algérie : Témoignage glaçant d’un ancien du FLN sur les massacres de 1955pic.twitter.com/heONVHUMFZ
— Fdesouche.com est une revue de presse (@F_Desouche) November 1, 2024
Quel cherche à gagner Emmanuel Macron avec ce communiqué ? Professeur émérite à Sorbonne Université et grand spécialiste de l’histoire de la colonisation en Algérie, Jacques Frémeaux est interrogé dans Le Figaro. Extrait :
les observateurs reconnaissent que jamais l’Algérie n’avait eu un président français aussi bien disposé qu’Emmanuel Macron, notamment sur la mémoire de la guerre d’Algérie. Ces efforts ont-ils été suffisants ?
On peut dire qu’en tout cas ils n’ont pas suscité de la part du gouvernement algérien une véritable contrepartie, ni même une certaine détente. Il est vrai que la reconnaissance par le président Macron de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental a suffi à bloquer tout progrès, entraînant par là l’effondrement de tout un pan de la diplomatie africaine et saharienne prorusse de l’Algérie, alors que l’affaire de Gaza et le conflit Iran-Israël enflamment le Proche-Orient.
Et qu’en est-il des 2375 Français disparus, civils et militaires, dont la famille, n’a toujours aucune nouvelle ?
Bernard Lugan rappelle aussi que la guerre d’indépendance algérienne se fit également en métropole, y provoquant des milliers de morts. Pour la période du 1° janvier 1956 au 23 janvier 1962, 10 223 attentats y furent ainsi commis par le FLN. Pour le seul département de la Seine, entre le 1er janvier 1956 et le 31 décembre 1962, 1433 Algériens opposés au FLN furent assassinés et 1726 autres blessés. Au total, de janvier 1955 au 1er juillet 1962, en Métropole, le FLN assassina 6000 Algériens et en blessa 9000.