Le roman de Vladimir Volkoff deviendrait-il réalité ? A Padoue, la maire de centre-gauche a bouclé la via Anelli, dans les quartiers est de la ville : une palissade destinée à répondre à la colère des habitants qui ne supportaient plus le bruit, les trafics de drogue et les bagarres entre clans. Depuis, les immigrés ont été déplacés. Les six immeubles de la via Anelli, qui ont accueilli jusqu’à 600 personnes, sont vides, en attente d’être détruits. Les familles en situation régulière ont été relogées dans des quartiers de la ville. Les dealers se sont éparpillés. Le mur est resté : 3 mètres de haut et 80 de long.
L’adjointe communiste au maire explique :
"Un régime mafieux régnait via Anelli. Les dealers s’échappaient et se réfugiaient dans les maisons des riverains. Nous sommes intervenus après une bagarre à la hachette entre bandes tunisienne et nigériane."
A 500 mètres, Gisela Scarferla, figure populaire, femme au foyer, a recueilli des signatures pour ériger une autre enceinte via Luciano-Manara :
"Entre la prostitution et la drogue sous mes fenêtres, je ne parvenais plus à dormir, alors j’ai dit "basta". J’ai commencé à hurler […] Les barrières sont des palliatifs. Pour finir, la ville risque d’être emmurée et nous vivrons comme dans une prison. En Italie, on ne fait pas respecter la loi et les extracommunautaires ne veulent pas s’intégrer."
Les travaux de déblaiement ont déjà débuté. Padoue est un résumé des défis posés à tout le pays : en quelques années, un flux massif d’immigrés est venu fournir en main-d’œuvre les entreprises d’une région vieillissante. Aujourd’hui, les étrangers en situation régulière représentent 10% de la population de Padoue. Le secrétaire local de la Ligue du Nord, Fabrizio Borron, affirme :
"Avec le mur, le maire ne va parvenir qu’à nous créer des ghettos. La solution, c’est de renvoyer les étrangers en situation irrégulière. Ceux qui travaillent peuvent rester. Ils ne posent pas de problèmes. Le soir, ils sont fatigués de leur journée et vont dormir."