Extrait d'un article de Valeurs Actuelles sur le bras droit de François Fillon durant la campagne :
"[…] Avant l’automne, Bruno Retailleau publiera un livre « doctrinal ». Son équipe souhaite qu’il y intègre un peu de récit pendant l’été, afin de ne pas réduire le lectorat. Mais la doxa a déjà été accouchée. Elle part d’un postulat : le pacte fondateur de l’UMP, en 2002, rassemblement de toutes les sensibilités de la droite “et” du centre, sonne faux. « On a construit une maison commune sur du sable », estime l’homme de l’Ouest. Pour l’électeur conservateur, pour le citoyen friand de racines, Bruno Retailleau possède une capacité spécifique à verbaliser ce qu’est sa droite désirée, cette droite pour les autres élus indicible. Au printemps, cette année : « une droite qui ne baisse pas le regard ». Après la victoire de Fillon à la primaire : « apporter aux bonapartistes de l’autorité, montrer aux orléanistes qu’on assume la liberté et aux légitimistes les valeurs ». En février : « l’alliance du libéralisme enraciné et du conservatisme territorial ». Non daté : « retrouver la ligne mélodique de la France patrimoniale et d’un conservatisme apaisé ».
Quand les ténors de la droite font d’arrière-salles de restaurants les lieux majeurs de l’élaboration de leur stratégie, Bruno Retailleau organise des colloques dans une ancienne abbaye reconvertie, sans piété mais avec goût, en hôtel de luxe. Cela avait lieu à Fontevraud, le vendredi 24 mars. En pleine campagne présidentielle, le chef d’état-major personnel de François Fillon prend le temps de disserter de « l’idéal républicain » avec un aréopage de penseurs tout droit sortis des pages Idées du Figaro : les philosophes Pierre Manent et François-Xavier Bellamy ou le Québécois Mathieu Bock-Côté. En ouverture des hostilités, hôte en tant que de la région Pays de la Loire, Bruno Retailleau déroule sans notes une réflexion d’une demi-heure sur la République en citant de mémoire Hugo, Tocqueville ou Clemenceau. Il conclut sur du Péguy : « La République, notre royaume de France. » Ancien élève de François Furet à Sciences Po Paris dans les années 1980, il a retenu des cours de ce maître historien que l’essentiel, dans l’analyse du monde, était de « déceler les éléments de permanence ». […]"