Le JDD a mis en ligne l'intégralité de l'entretien avec le cardinal Sarah. Extraits :
"Divorces, mariage pour tous, unions libres, familles recomposées… La notion de famille change. Le Vatican vient d'envoyer un questionnaire aux chrétiens du monde entier pour les interroger sur ces questions. L'Église est-elle prête à une plus grande ouverture?
Mais l'Église est déjà ouverte! Les divorcés y ont leur place, leurs enfants également. Tout comme les homosexuels, qui doivent être accompagnés dans leur foi.
La question n'est pas là. L'Église doit-elle aller plus loin pour suivre les évolutions de la société?
Je pense souvent à l'histoire de Naboth, qui possédait une vigne que convoitait le roi Achab. Naboth est mort car il a refusé de vendre sa terre qui lui venait de son père et de ses ancêtres. L'héritage est un trésor à conserver même si en apparence cela ne représente rien. Pourquoi l'Église devrait-elle changer alors qu'elle vient d'entrer dans son troisième millénaire? Sur les questions que vous avez évoquées, Dieu est clair. Il considère que la matrice de la famille se compose d'un homme et d'une femme. Jean-Paul II s'est prononcé sans ambiguïté sur les remariés. Ils ne peuvent communier.
Vous faites partie de ceux qui ont fait entendre une voix dissidente, attachée à la tradition, lors du dernier synode sur la famille…
Le synode n'a aucun pouvoir doctrinal mais uniquement pastoral. Les évêques émettent des propositions discrètes au pape. Ce ne sont que des exhortations. Soigner quelqu'un, c'est du domaine de la pastorale mais la composition des médicaments relève de la doctrine. En dernier ressort, c'est le pape qui décide. Je fais partie de ceux – et ils sont très nombreux – qui ne laisseront pas la pastorale prendre le pas sur la doctrine. La doctrine, c'est la fondation sans laquelle la maison s'effondre.
Quitte à creuser un peu plus un fossé entre l'Église et la société?
Si l'on ne peut pas admettre la force de la doctrine, qu'on reste païen. Il y a dans le monde des martyrs au nom de cette doctrine, des prêtres tués au Pakistan, des coptes capturés pour leur foi. La vision du mariage que l'on veut nous imposer est ahurissante. J'ai voyagé beaucoup et je suis atterré par cette volonté de légiférer et d'imposer aux autres cette vision occidentale du monde. D'ailleurs, en France, vous avez manifesté contre ce diktat. […]"