Le Cardinal commente les événements du synode pour Infocatholica :
"j’ai participé à différents synodes et le mécanisme ne fonctionne pas bien. De plus cette fois-ci il y avait trop de questions en suspens. On commença sans certitudes et on ne peut pas discuter sur tout. L’Eglise est gardienne d’une vérité dont elle ne peut disposer."
Il pense qu’il y a eu ‘une erreur d’approche’, et nota ‘l’influence excessive de la crainte de ne pas être suivi par les gens, entraînant une emphase trop grande sur la rhétorique de la nouveauté."
"Les thèmes portant sur la famille nécessitent temps et réflexion. Rien à la va vite. Tous veulent intervenir durant le synode mais le temps est limité, de même que l’espace concédé à la discussion dans les cercles mineurs. Paul VI fonda le synode il y a un demi siècle comme agile instrument de collaboration avec la gouvernement de l’Eglise. Mais la confrontation doit être menée sur des thèmes étudiés, analysés et sur lesquels chaque père du synode a un avis précis à proposer.
Ce synode souffrit d’une évidente originalité d’approche. La décision de discuter un peu de tout se révéla néfaste, c’est comme si nous devions refonder tout. L’Eglise écoute les gens, mais a des certitudes qui demeurent dans le temps. Le synode répéta le scénario du Concile : conjuguer nouveauté et continuité.
Furent prises en considération trop de questions, sur lesquelles ont été nourries des attentes infondées. Et au final cela pesa négativement sur le synode. Tout ne peut pas être renouvelé. La vie de l’Eglise requiert une continuité pour progresser en vérité. C’est une question de fonds, philosophique. François demande de retourner à un Evangile qui, durant tout ce temps, a imprégné beaucoup de cultures. Le point final est la Parole de Dieu, un trésor que personne ne peut changer, pas même le Pape.
Nous expérimentons une confusion entre pastorale et doctrine qui est difficile de tenir à distance. On écoute davantage les gens que les vérités de foi. Mais l’Eglise doit communiquer une vérité reçue d’en haut, et pas contenter les orientations d’opinion publique. Durant le synode se firent trop de références à la pastorale. La pratique doit respecter les principes : on ne peut la concevoir éloignée de la doctrine. Si on avait été dans une salle de classe, on aurait insisté sur les vérités de foi, par exemple le fait que les concubins ne peuvent communier. Avec le temps le rôle de la religion a été en diminuant et la société n’accepte pas les influences de la foi. Nous vivons dans un monde qui craint la religion, la voyant comme source de conflits. L’opposition entre foi et raison nous rend schizophréniques. Ainsi, c’est l’Etat qui s’occupe de questions éthiques de nos jours. On ne peut espérer parler à l’encontre de la doctrine."