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France : Politique en France

Ce qui manque à Marine le Pen et par conséquent à ses sympathisants : une ligne claire portée avec assurance.

Ce qui manque à Marine le Pen et par conséquent à ses sympathisants : une ligne claire portée avec assurance.

C’est la conclusion de l’article que Grégory Roose vient de publier dans Valeurs actuelles. Depuis sa publication, l’essayiste déclare recevoir “des critiques de hauts responsables du RN dont certains n’ont même pas lu l’article, mais simplement le titre” et ajoute que “ça reflète la problématique que je traite : la difficulté d’émettre une critique, même constructive, du fonctionnement du parti et de sa ligne idéologique”.

Il précise même :

Je ne vote pas pour une posture, mais des idées. Je ne vote pas pour un discours lissé, mais pour des propositions d’actions curatives. Je ne vote pas pour programme à la carte, mais pour une ligne claire. Je ne suis pas un presse-bouton.

La critique n’est utile que pendant le temps de action. Le RN est la seule structure politique capable de faire gagner nos idées. Encore faut-il qu’elle clarifie sa ligne. Il faut le faire pendant cet entre-deux tours.

Voici des extraits de son article intitulé “RN : Marine Le Pen doit-elle partir ?” :

Dans un contexte de très forte abstention, le RN a subi un échec relatif, mais inquiétant à un an d’une échéance capitale pour l’avenir du pays. La première cause de cet échec, c’est l’abstention (…)

La deuxième cause de cet échec est la difficulté du RN à rassembler. Combien de listes regroupant toutes les sensibilités de gauche ont-elles été présentées au suffrage, avec des résultats honorables, alors qu’elles n’auraient pas atteint plus de 2-3 % séparément ? LR ne souhaite pas s’allier au RN, et inversement. Pourtant, sur le papier, une telle union des droites aurait provoqué un raz-de-marée bleu aux élections : 78 % en PACA, 66 % dans les Hauts-de-France et entre 50 et 55 % en IDF, AURA et Normandie. Et voici que nous abordons le cœur du problème.

La troisième cause de cet échec est l’absence de ligne idéologique claire de Marine le Pen (…) Plutôt que de maintenir et clarifier sa ligne idéologique sur les questions fondamentales de l’immigration, de l’islam et de la place de la France dans le monde, (…) afin de rallier les électeurs mécontents de la droite historique, il semble que le parti de Marine le Pen ait choisi de la brouiller. Le RN est-il d’extrême droite ? Non, il n’est « ni de droite, ni de gauche ». L’islam ? Compatible avec la République. L’Union Européenne ? Il ne faut plus en sortir. Eric Zemmour ? Marine Le Pen le considère parfois trop radical et ne souhaite pas y être assimilée. Ce flou idéologique, quand il n’est pas accompagné de revirement à 180 degrés, donne l’impression que le RN est pris au piège de sa volonté de rassemblement à gauche comme à droite. Pourtant, la doctrine du clivage « nationaux contre mondialistes », chère à Marine le Pen, peine à convaincre et donc à rassembler. A force d’atténuer ses positions en recherchant l’équilibre, le RN risque de porter le même discours illisible et insipide que LREM.

Signe d’un malaise plus profond, certaines attitudes de Marine le Pen depuis la défaite de 2017 ne passent pas chez nombre de ses sympathisants. Danse de la défaite au soir du second tour, passion pour les chats au point de suivre une formation en plein confinement, parachutage de candidats en lieu et place de militants de longue date, défection de cadres historiques devenus trop à droite pour le nouveau FN… Beaucoup de militants déçus préfèrent ne plus voter en attendant mieux, au point que certains la traitent exagérément de gauchiste pour marquer leur désapprobation ou masquer leur désespoir. La stratégie de Marine le Pen pour 2022 semble être la dernière marche de sa stratégie de dédiabolisation en privilégiant la forme au fond, le projet « à la carte » au courage politique, la quête de respectabilité à l’autorité, le social à l’identitaire.

Donnée en pole position au premier tour, elle rêve de rassembler un front « anti-Macron ». Nouvelle erreur. Les Français n’ont pas besoin d’un parti contestataire fourre-tout, le RN, pour s’opposer à un parti consensuel fourre-tout, LREM. Les Français ont besoin d’une offre politique claire, assumée, chiffrée qui réponde aux enjeux de notre siècle au premier rang desquels se trouve la question migratoire. Encore une erreur, Marine le Pen a lancé une plateforme collaborative sur son projet, inspirée par la démarche de Ségolène Royal, baptisée « M L’avenir », pour faire émerger des propositions qu’elle pourrait reprendre dans son programme. La première responsabilité d’un chef de file politique est pourtant d’impulser une doctrine, de la porter et de la faire vivre. Voici ce qui semble cruellement manquer à Marine le Pen et par conséquent à ses sympathisants : une ligne claire portée avec assurance.

Cette ligne claire a fait gagner Trump aux Etats-Unis, Orban en Hongrie, Salvini en Italie. Porter une ligne claire, c’est prendre position, gage de stabilité inspirant la confiance. Marine Le Pen ne doit cependant pas quitter le navire RN avant 2022. Personne n’est prêt, aujourd’hui, à prendre sa relève. Mais la patronne du RN pourrait préparer l’avenir en conservant et valorisant ses meilleurs atouts qui finissent au contraire par quitter l’aventure, déchus ou déçus, pour préparer 2027. Le diagnostic est posé sur l’état de la France. Quiconque prétend vouloir la soigner doit avoir le courage d’annoncer un remède de choc, pas des mesures à la carte pour séduire un électorat élargi.

Si Marine le Pen veut gagner en 2022, elle doit assumer une ligne claire.

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13 commentaires

  1. Bien vu sauf sur un détail, pour un parti, l’abstention est un effet pas une cause, me semble-t-il.

  2. Au lieu de passer son temps à se macroniser, Marine LE PEN devrait aller se former à l’Institut des sciences sociales, économiques et politiques (ISSEP) fondé par sa nièce, la brillante Marion MARECHAL.

  3. Analyse constructive qui pointe le cœur du problème du RN de Marine Lepen, une ligne trop politicienne et soumise a la pensée unique. Les absences et le silence de députés lors des votes sur les lois bioéthiques ou liberticides, comme récemment le passeport sanitaire, sont une faute. En voulant sauver leur vie, ils la perdent. C’est la même erreur que commet Macron, penser gagner en jouant un rôle au lieu d’être animé par de vraies convictions.

  4. De Roger Holeindre à Jean-Marie : cette fille ne pense pas comme nous !
    Tout est résumé là.
    MLP pense qu’il faut ratisser large, c’est le leurre démocratique, celui qui vous conduit à abandonner vos idées pour celle de l’ennemi. Je dis bien l’ennemi, selon la définition de Julien Freund : je ne désigne pas l’ennemi, c’est l’ennemi qui me désigne. Et il nous désigne chaque jour dans la dimension politique, économique et (im)morale.
    Il n’est plus temps d’aborder les « questions » migratoires, sécuritaires ou d’indépendance Nationale, c’est l’heure des réponses, des solutions : frexit, remigration et frontières françaises, purges du personnel politique et de la haute administration, interdiction de l’islam, abolition de toutes les lois liberticides depuis 1972.
    MLP et le RN en tant que parti en sont incapables car ils n’y croient pas !

  5. Je note tout de même une certaine contradiction dans l’article : comment peut-on vouloir une ligne “claire” tout en désirant une union des droites avec LR ? Cette union aurait tout de la bouillie pour chats !

  6. Effectivement cela commence à se voir qu’elle n’a rien à proposer ,et la ritournelle des attaques sur la politique suivie par Micron et bis est reprise pas tellement de journalistes , politiques qu’elle parle dans le vide. mais pas d’accord ,pour la droite nationale qu’elle parte et vite ,surtout qu’elle ne capte plus les voix de braves gens en 2022 .

  7. Plutôt que de parler d’union des droites, je parlerais plutôt d’alliance des droites. L’union de la gauche en 1981 a permis la victoire de Mythe-errant. Mais après la victoire, le 1er gouvernement Mauroy a nommé des ministres MRG (dont le ministre de la justice) avant de phagocyter ce parti.
    Puis le 2ème gouvernement Mauroy a nommé des ministres PC”F” (dont ceux de la santé et des tranports) avant de réduire le PC”F” aux scories que l’on connaît aujourd’hui (mais conservant son pouvoir de nuisance au travers de ses syndicats “apolitiques”).
    Une alliance électorale fondée sur ce qui est commun, et non sur les différences, permettrait peut-être une opération de nettoyage des écuries d’Augias et de reconstruction de la France si le RN revenait à ses fondements pour redonner sa grandeur à la France en arrêtant de recopier (en les amplifiant) les oukases de Bruxelles.

  8. Une ligne claire a clairement manqué au RN certes, mais reste à savoir laquelle… Car il y a autant de “lignes claires” potentielles que l’extrême diversité des représentations d’électorats eux-mêmes très divers et aux aspirations parfois totalement contradictoires…
    Le fait est que le néo-FN reste confronté non pas à un plafond de verre mais deux : soit il est trop “extrémiste”, auquel cas il se heurtera au front “républicain” réactivé, soit il est plus consensuel, mais se heurtera à l’abstention massive de son électorat qui le percevra majoritairement comme un parti comme les autres ayant peu ou prou rallié le système… Dans les deux cas, il se heurte à un problème de crédibilité et/ou respectabilité, qui reste qu’on le veuille ou non, le talon d’Achille de la PME de Montretout, sans parler des autres problèmes récurrents : défaut d’implantation parmi les notabilités, relais d’opinion et monde associatif locaux, déficit de cadres crédibles, manque de moyens humains militants et matériel, etc… On peut considérer qu’au delà de la personne de MLP, ce parti fait davantage partie du problème que d’une quelconque solution…
    Ces résultats ont au moins le mérite de rendre caduque toute la stratégie macronienne et de rebattre les cartes pour 2022… Il est évident qu’aujourd’hui plus personne ne pense que MLP puisse battre Macron, lequel ne le sera que par une personnalité fortement implantée localement, or à ce stade il n’y a que Xavier Bertrand en lice, et il n’aura probablement nul besoin des voix de la droite de la droite pour y parvenir…

  9. Je ne voterai pas pour la trahison !

  10. la dédiabolisation est devenue la déconstruction et l’édulcoration
    pas étonnant que de nombreux électeurs ne se précipitent pas

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