Benoît XVI a dit aux nouveaux ordonnés ce matin :
"« Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10, 11). Jésus insiste sur cette caractéristique essentielle du vrai pasteur qu’il est : « donner sa vie ». Il le répète trois fois et, à la fin, il conclut en disant : « c’est pour cela que le Père m’aime, parce que je donne ma vie, pour la reprendre. Personne ne me l’enlève ; mais je la donne de moi-même. J’ai pouvoir de la donner et j’ai pouvoir de la reprendre ; tel est le commandement que j’ai reçu de mon Père » (Jn, 10, 17-18). Voici clairement le trait qui qualifie le pasteur tel que Jésus, le premier, l’interprète selon la volonté du Père qui l’a envoyé. La figure biblique du roi-pasteur, qui comprend principalement le devoir de gouverner le peuple de Dieu, de le garder uni et de le guider, toute cette fonction royale se réalise pleinement en Jésus-Christ dans la dimension sacrificielle, dans l’offrande de sa vie. Elle se réalise, en un mot, dans le mystère de la Croix, c’est-à-dire dans l’acte suprême d’humilité et d’amour oblatif. D’après le moine Théodore le Studite, « C'est par la croix que nous avons été ramenés comme les brebis du Christ, et que nous sommes rassemblés dans la bergerie d'en-haut » (Discours sur l’adoration de la croix).
C’est dans cette perspective que s’orientent les formules du rite de l’ordination des prêtres, que nous célébrons maintenant. Par exemple, parmi les questions qui concernent les « engagements des élus », la dernière, qui a un caractère culminant et, en quelque sorte, synthétique, est exprimée ainsi : « Voulez-vous, de jour en jour, vous unir davantage au souverain prêtre Jésus-Christ qui s’est offert pour nous à son Père, et avec lui vous consacrer à Dieu pour le salut des hommes ? ». En effet, le prêtre est celui qui est inséré de manière singulière dans le mystère du sacrifice du Christ, par une union personnelle avec lui, pour prolonger sa mission salvifique. Cette union, qui se réalise grâce au sacrement de l’Ordre, doit devenir « toujours plus étroite » par la généreuse correspondance du prêtre lui-même. C’est pourquoi, chers Ordinands, vous allez bientôt répondre à cette question en disant : « Oui, je le veux, avec la grâce de Dieu ». Ensuite, dans les rites explicatifs, au moment de l’onction chrismale, le célébrant dit : « Que le Seigneur Jésus Christ, lui que le Père a consacré par l'Esprit Saint et rempli de puissance, vous fortifie pour sanctifier le peuple chrétien et pour offrir à Dieu le sacrifice eucharistique ». Puis, au moment de la présentation du pain et du vin : « Recevez l'offrande du peuple saint pour la présenter à Dieu. Prenez conscience de ce que vous ferez, vivez ce que vous accomplirez, et conformez-vous au mystère de la croix du Seigneur ». Il apparaît avec force que, pour le prêtre, célébrer la messe chaque jour ne signifie pas remplir une fonction rituelle, mais accomplir une mission qui implique entièrement et profondément l’existence, en communion avec le Christ ressuscité qui, dans son Eglise, continue de réaliser le sacrifice rédempteur.
Cette dimension eucharistique-sacrificielle est inséparable de la dimension pastorale et constitue le nœud de sa vérité et de sa force salvifique, dont dépend l’efficacité de toute activité. Naturellement, nous ne parlons pas de l’efficacité seulement sur le plan psychologique ou social, mais de la fécondité vitale de la présence de Dieu au niveau humain profond. La prédication elle-même, les œuvres, les gestes de toutes sortes que l’Eglise accomplit avec ses multiples initiatives, perdraient leur fécondité salvifique si la célébration du sacrifice du Christ diminuait. Et celle-ci est confiée aux prêtres ordonnés. En effet, le prêtre est appelé à vivre en lui-même ce que Jésus a expérimenté en premier, c’est-à-dire se donner pleinement à la prédication et à la guérison de l’homme de tout mal du corps et de l’esprit et, à la fin, tout réassumer dans le geste suprême du « don de sa propre vie » pour les hommes ; ce geste trouve son expression sacramentelle dans l’Eucharistie, mémorial perpétuel de la Pâque de Jésus. C’est seulement à travers cette « porte » du sacrifice pascal que les hommes et les femmes de tous les temps et de partout peuvent entrer dans la vie éternelle ; c’est à travers cette « voie sacrée » qu’ils peuvent accomplir l’exode qui les conduit à la « terre promise » de la véritable liberté, aux « prés d’herbe fraîche » de la paix et de la joie sans fin (cf. Jn 10, 7-9 ; Ps 77, 14. 20-21 ; Ps 23, 2)."
Exupéry
Entendre par du “Sacrifice Rédempteur”, fondateur de toute la possibilité de notre Espérance, quel bonheur!
Mais les modernistes vont s’étrangler…
JCM
Je préfère le titre choisi par Zenit :
“Célébrer la messe, une mission qui implique toute l’existence”.
La votre peut prêter à interprétation et confusion à une époque ou nombre de chrétiens rejettent toute notion de rite, de sacré voire de transcendance. Pour beaucoup le prêtre ne célèbre plus un sacrifice, mais “préside” une assemblée qui ne célèbre plus qu’elle-même.
Il faudrait d’ailleurs voir si la traduction des propos du pape est bien fidèle.
Cassianus
Il n’y a pas d’opposition entre “remplir une fonction rituelle” et “accomplir une mission qui implique entièrement et profondément l’existence”. La célébration de la Sainte Messe est bien, en effet, une “fonction” que doit remplir le prêtre, et la Messe, pour être bien célébrée, doit suivre les rites prescrits dans les livres liturgiques.