Cette semaine, la presse s’est fait l’écho d’une prétendue percée éthique dans la recherche sur les cellules souches embryonnaires. Radio Vatican résume :
La revue britannique Nature révèle que des scientifiques américains ont réussi à prélever une seule cellule sur des embryons humains composés de huit à dix cellules pour produire deux lignées de cellules souches embryonnaires, sans provoquer la mort des embryons utilisés.
Toute la presse a relayé l’information :
- "Des cellules souches embryonnaires humaines qui épargnent l’embryon" (Le Figaro)
- "Des cellules souches qui épargnent l’embryon" (Libération)
- "Des cellules souches embryonnaires ‘éthiquement correct’ " (Nouvel Obs/ Sciences et Avenir)
Dès jeudi, Lahire rapportait les réserves du Conseil Pontifical pour la Vie sur l’expérience décrite (audio ici), et le responsable bioéthique de la Conférence des évêques des Etats-Unis a déclaré que l’expérience "ne résolvait pas le dilemme éthique", notamment parce que l’inocuité de la procédure sur l’embryon n’était pas établie.
Mais on apprend maintenant que l’expérience n’a jamais eu lieu telle que décrite dans la presse. Le Prof. Robert P. George, membre du conseil bioéthique du Président des Etats-Unis, rapporte:
D’abord, l’étude n’a pas consisté dans le retrait d’une cellule d’un embryon qu’on a ensuite laissé se développer. Au lieu de celà, les chercheurs on désagrégé 16 embryons vivants, les tuant tous, et ont prélevé une moyenne de six cellules de chaque. Ces 91 cellules embryonnaires ont ensuite été placées les unes à côté des autres dans des récipients et ont été mises en culture. Certaines ont donné naissance à de nouvelles cellules, tandis que d’autres sont mortes, et les chercheurs ont réussi à créer deux lignées de cellules souches embryonnaires à partir des cellules qui se sont divisées. En d’autres termes, l’expérience ne prouve en rien ce qu’affirme dans la presse Advanced Cell Technology (la société qui a mené les expériences) : qu’une seule cellule prélevée à partir d’un embryon dans les premiers stades peut, mis en culture de manière isolée, produire une lignée de cellules souches embryonnaires.
Cet épisode semble donc être une nouvelle intox – dans un domaine qui les multiplier (ici, ici – et ici et ici les précédents épisodes annonçant les "cellules souches embryonnaires éthiques").
Pour la National Review, l’écho médiatique trompeur donné à cet épisode a été délibérément suscité par l’appareil publicitaire de la firme Advanced Cell Technology, tristement célèbre pour ses travaux sur le clonage.
ACT ne paraît en rien motivée par un souci "éthique", mais par celui de bénéficier d’aides fédérales – ce que le Dr Lanza, responsable de la recherche, reconnaît ici. Or ces aides lui sont fermées pour des projets détruisant des embryons, grâce au veto de Bush. La National Review note ainsi que "le but d’ACT semble être de trouver un pauvre prétexte" pour contourner cette restriction.
Cette annonce de "percée éthique" est donc une fausse alerte. Mais sans l’engagement pro-vie de Bush, les laboratoires ne chercheraient même pas des méthodes éthiquement acceptables – qu’un jour ils pourraient même trouver.