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L'Eglise : Foi

Ces questions essentielles qu’il faut affronter

Ces questions essentielles qu’il faut affronter

Dans La Nef du mois d’avril, Christophe Geffroy a interrogé le Père Philippe Capelle-Dumont, professeur des universités, philosophe et théologien, doyen honoraire de la faculté de philosophie de l’Institut catholique de Paris, à l’occasion de la parution de son dernier ouvrage Le catholicisme contemporain en péril. Extrait :

 Vous évoquez la « dé-ritualisation » du catholicisme et la position de ceux qui, dans les années 70-80, voyaient « parmi les non-pratiquants, voire les incroyants, des manières de vie chrétiennes éthiquement égales – voire supérieures – à celles des pratiquants »: comment une telle argumentation a-t-elle été possible et quelles conséquences a-t-elle eues?

C’est en effet l’un des motifs – on peut en mentionner quelques autres – dont l’impact a été le plus puissant et qui a participé de la dé-ritualisation foudroyante du catholicisme dès avant la période postconciliaire. À dire et à répéter – tel fut le cas de maintes prédications au cours des années 1960-1980 – que l’on relève hors de l’Église des manières de vie éthiquement égales, voire supérieures à celles des chrétiens « pratiquants », cela ne pouvait qu’induire l’idée d’une neutralité éthique de la liturgie. De façon corollaire, l’invocation unilatérale de l’épisode allégorique du Jugement dernier consigné dans l’Évangile selon Matthieu (25, 31-46), selon lequel l’accès au Royaume de Dieu est garanti d’abord à ceux qui nourrissent l’affamé, revêtent le nu et accueillent l’étranger, ne pouvait que placer la pratique sacro-liturgique dans le champ résiduaire de l’optionnel. Ce n’était plus l’acte de foi qui prévalait mais la réponse morale. La liturgie n’avait plus de compétence spécifique dans l’orientation des esprits et des cœurs. Cette dé-ritualisation globale du catholicisme a pu épargner certaines paroisses privilégiées de certains quartiers privilégiés, mais elle a immédiatement et gravement atteint les petites bourgades et le monde rural, participant de leur effondrement ecclésial. Cependant, d’heureuses prises de conscience portent à une inversion de tendance.

Le livre est sous-titré “Ces questions essentielles qu’il lui faut affronter”. Voilà qui nous change d’un autre entretien du même mensuel, dans lequel un prêtre du diocèse de Versailles estime que pour “régler la question « tradie »” (en quoi s’agit-il d’une question à régler ?), il faudrait laisser la liberté aux évêques de s’en occuper et que les prêtres traditionalistes se mettent à concélébrer au moins une fois par an (en attendant plus sans doute) et fassent attention à leur esthétisme… Et si on affrontait l’essentiel ?

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