Le père Louis-Marie Guitton, prêtre du diocèse de Toulon, signe une tribune dans La Croix sur l’attitude de l’Église vis-à-vis du sujet délicat de l’avortement. Extrait :
[…] Pardon pour les silences ecclésiaux. Depuis 1975, la voix de l’Église s’est parfois faite discrète, résignée. Était-ce le temps des « chiens muets » ? Était-ce la peur de paraître dépassés par l’évolution inéluctable des mœurs ? Était-ce le souci de plaire au monde ? Ces silences sont eux aussi coupables, qui ont laissé les fidèles bien seuls. La défense de la vie par certains a été considérée comme une obsession ou une lubie, en tout cas le signe d’un repli identitaire moralisant. Le pape François, sans en faire un refrain, a eu des mots extrêmement fermes pour dénoncer « un mal absolu ». Il affirme que
« la défense de la vie à naître est intimement liée à la défense de tous les droits humains. Elle suppose la conviction qu’un être humain est toujours sacré et inviolable, dans n’importe quelle situation et en toute phase de son développement… Ce n’est pas un progrès de prétendre résoudre les problèmes en éliminant une vie humaine ».
Pardon pour les divisions coupables. Le dernier pardon à demander est très lié au monde catholique français. Les plus mobilisés sur la question de la vie sont aussi les plus divisés, chacun pensant que l’unité devra se faire autour de sa propre initiative. Les tenants de l’action politique ignorent parfois les associations de terrain, qui ont choisi l’engagement auprès des personnes. Celles-ci au contraire critiquent les marches ou autres démonstrations publiques, qui seraient inutiles et contre-productives.
Il y a enfin ceux qui considèrent que ce n’est jamais le moment de parler de cette question, que l’Église n’en a ni la légitimité ni les compétences. Mais s’il faut attendre d’être irréprochable pour nous exprimer, nous risquons fort de ne plus rien dire sur aucun sujet. Humblement, conscients de nos limites et de nos contre-témoignages toujours possibles, nous ne pouvons pourtant pas nous réjouir de voir l’IVG devenu une « liberté garantie » par la constitution de notre pays, liberté que certains considèrent comme un droit.