Lu dans Le Figaro :
Certains couples vacillent durant un processus de PMA, jusqu’à se déliter. Usés par l’infertilité, abîmés par les protocoles invasifs, fatigués – dans certains cas – par l’espoir suivi d’échec. «Ils disent souvent «la PMA a eu raison de notre couple», commente le Pr Michaël Grynberg, gynécologue obstétricien et chef du service de médecine de la reproduction et de la préservation de la fertilité à l’hôpital Antoine-Béclère (Clamart) et Jean-Verdier (Bondy). Ces unions pourraient-elles être trop fragiles pour supporter l’épreuve ? Certaines oui ; mais pas toutes. Dans son cabinet, le Pr Grynberg voit au contraire arriver des hommes et des femmes solides, gonflés d’espoir et soudés par un même projet.
«Mais ils ne se rendent pas compte de ce qui les attend, poursuit le médecin. On va rythmer leur vie, rentrer dans leur intimité, dans leur sexualité, et tout cela pour réussir quelque chose censé être naturel. Le couple sera inévitablement mis à mal.»
Et pour cause, le parcours d’infertilité vient attaquer et fragiliser les fondations mêmes de l’union. À commencer par la sphère intime. «On entre rapidement dans des rouages médicaux», détaille Sonia, 41 ans. Elle a 26 ans et son mari 10 de plus quand ils se soumettent à leurs premiers tests de fertilité. Le spermogramme est mauvais : peu de spermatozoïdes, beaucoup de malformations. Ce qu’il se passe dans la chambre à coucher se retrouve alors sur le bureau d’un médecin en consultation. Combien de fois faites-vous l’amour dans la semaine ? Dans le mois ? Comment ça se passe ? «Une graine est semée et elle peut pourrir la relation», explique Sonia. Prise de température chaque matin, calcul et analyse du cycle à la loupe, rapports sexuels programmés… La spontanéité disparaît, le sexe plaisir fait place à la sexualité reproductive. «On ne faisait l’amour qu’en vue de faire un enfant, résume la quarantenaire, et un fossé s’est creusé.» Pour extraire son corps du champ médical, 1 personne sur 4 vit une relation extraconjugale, estime Déborah Schouhmann, thérapeute en périnatalité (infertilité et maternité) à l’hôpital américain de Neuilly.
C’est peu de dire que le processus de PMA malmène l’intimité du corps, et celui de la femme, plus précisément. Si l’homme est impliqué dans environ 60 % des infertilités, c’est bien elle qui est au centre des traitements. «Tu n’imagines pas combien de personnes ont visité mon vagin», a lancé un jour Sonia à son mari. «J’avais l’impression d’être un réceptacle», décrit-elle. Qu’il s’agisse d’insémination artificielle ou de FIV, le traitement hormonal de stimulation ovarienne présente de potentiels effets secondaires (bouffées de chaleur, douleurs abdominales, prise de poids) et les techniques sont invasives. Piqûres dans le ventre, prises de sang, ponction folliculaire à l’aide d’une aiguille plantée sur une sonde endovaginale…
Et si on leur parlait plutôt de l’adoption ? Voici ce que dit l’instruction Dignitas Personae, de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le 8 septembre 2008
En ce qui concerne le traitement de l’infertilité, les nouvelles technologies médicales doivent respecter trois valeurs fondamentales: a) le droit à la vie et à l’intégrité physique de tout être humain depuis la conception jusqu’à la mort naturelle ; b) l’unité du mariage qui implique le respect mutuel du droit des conjoints à devenir père et mère seulement l’un à travers l’autre ; c) les valeurs spécifiquement humaines de la sexualité, qui «exigent que la procréation d’une personne humaine doit être poursuivie comme le fruit de l’acte conjugal spécifique de l’amour des époux » . Les techniques qui apparaissent comme une aide à la procréation « ne sont pas à rejeter parce qu’artificielles. Comme telles, elles témoignent des possibilités de l’art médical. Mais elles sont à évaluer moralement par référence à la dignité de la personne humaine, appelée à réaliser sa vocation divine au don de l’amour et au don de la vie ».
A la lumière de ce critère, sont à exclure toutes les techniques de fécondation hétérologue et celles de fécondation artificielle homologue qui se substituent à l’acte conjugal. En revanche, sont permises les techniques qui sont comme une aide à l’acte conjugal et à sa fécondité. L’Instruction Donum vitae s’exprime en ces termes : «Le médecin est au service des gens et de la procréation humaine: il n’a pas le droit de disposer d’elles ni de décider à leur sujet. L’intervention médicale est respectueuse de la dignité des personnes quand elle vise à aider l’acte conjugal, pour en faciliter l’accomplissement, soit pour lui permettre d’atteindre sa fin une fois qu’il a été accompli normalement ». Concernant l’insémination artificielle homologue, elle affirme: « l’insémination artificielle homologue à l’intérieur du mariage ne peut être admise, sauf dans le cas où le moyen technique ne se substitue pas à l’acte conjugal, mais apparaît comme une facilité et une aide afin que celui-ci rejoigne sa fin naturelle ».
13. Les techniques visant à l’élimination des obstacles à la fécondité naturelle, telles que le traitement hormonal de l’infertilité d’origine gonadique, le traitement chirurgical de l’endométriose, la désobstruction des trompes ou la restauration microchirurgicale de leur perméabilité, sont quant à elles licites. Elles peuvent être considérées comme de véritables thérapies, dans la mesure où, une fois résolu le problème qui est à l’origine de la stérilité, le couple peut accomplir les actes matrimoniaux dans le but de la procréation, sans que le médecin interfère directement dans l’acte conjugal en tant que tel. Aucune de ces techniques ne remplace l’acte conjugal, qui reste la seule digne d’une procréation responsable.
Afin de répondre au désir de nombreux couples stériles d’avoir un enfant, il serait également souhaitable d’encourager, de promouvoir et de faciliter, avec des mesures législatives appropriées, la procédure d’adoption des nombreux enfants orphelins qui ont besoin d’un foyer domestique pour leur adéquate croissance humaine.
Biem
La racine du mal consiste à se placer dans le cadre d’un hypothétique “droit à l’enfant”, alors qu’il ne peut y avoir qu’un “droit de l’enfant”. Même l’adoption pose de ce point de vue un problème moral: dans quel esprit est-elle abordée?
La stérilité d’un couple est un problème réel, mais ne doit pas être considérée sur le seul plan biologique.
L’amour ne doit bien sûr pas se limiter à se regarder mutuellement le nombril, mais a vocation à déborder vers l’extérieur. Certes, la voie naturelle est celle de la progéniture, mais il y a d’autres voies ouverte à la Charité pour qui veut répandre un trop-plein d’amour. Sursum corda…
VIVANT
Je n’ose pas prendre la parole sur ce sujet central de l’engendrement du Ciel par la procréation humaine. Dieu crée l’âme immortelle de l’homme, elle est acheiropoïète, elle est indestructible par une main et un vouloir humain. Je n’ose pas prendre la parole car ce sujet lié à la folie humaine est souvent très blessant pour les êtres humains concernés. On marche sur des œufs, c’est le cas de le dire. Je donne une piste pour la paternité vécue vers la plénitude et en vérité. Votre rôle de père au quotidien est d’engendrer votre enfant à la vie divine, en ayant si possible recours aux sacrements de l’Eglise. Le Fils du Libérateur vient vers vous et vous engendre Lui aussi au divin rôle de père. Dignitas personae et Donum vitae sont à l’index, dans un placard fermé comme un talent enfoui. Non, ces deux instructions sont portées en Alliance sur votre index qui montre le Ciel à votre humble épouse et à vos enfants qui sont adoptés avec vos bons soins par le Père.
Philippe de Geofroy
Pie XII nous le dit également :
« La fécondation artificielle dans le mariage, mais produite par l’élément actif d’un tiers, est également immorale et, comme telle, à réprouver sans appel. Seuls les époux ont un droit réciproque sur leur corps pour engendrer une vie nouvelle, droit exclusif, incessible, inaliénable. Et cela doit être, en considération aussi de l’enfant. […]
« Quant à la licéité de la fécondation artificielle dans le mariage qu’il Nous suffise, pour l’instant, de rappeler ces principes de droit naturel : le simple fait que le résultat auquel on vise est atteint par cette voie, ne justifie pas l’emploi du moyen lui-même ; ni le désir, en soi très légitime chez les époux, d’avoir un enfant, ne suffit à prouver la légitimité du recours à la fécondation artificielle qui réaliserait ce désir… »
Quelques années plus tard, le pontife précise sa pensée sur ce dernier point :
« L’Église a écarté aussi l’attitude opposée qui prétendrait séparer, dans la génération, l’activité biologique de la relation personnelle des conjoints. L’enfant est le fruit de l’union conjugale, lorsqu’elle s’exprime en plénitude, par la mise en œuvre des fonctions organiques, des émotions sensibles qui y sont liées, de l’amour spirituel et désintéressé qui l’anime ; c’est dans l’unité de cet acte humain que doivent être posées les conditions biologiques de la génération. Jamais il n’est permis de séparer ces divers aspects au point d’exclure positivement soit l’intention procréatrice, soit le rapport conjugal. La relation qui unit le père et la mère à leur enfant, prend racine dans le fait organique et plus encore dans la démarche délibérée des époux, qui se livrent l’un à l’autre et dont la volonté de se donner s’épanouit et trouve son aboutissement véritable dans l’être qu’ils mettent au monde. »
L’Eglise est bien une mère et non une marâtre. L’immixtion d’un tiers dans l’acte conjugal est interdite par la morale catholique et cet article nous en montre bien les conséquences délétères sur le plan strictement humain (c’est même reconnu par le médecin : «Le couple sera inévitablement mis à mal »). Seules sont moralement licites les techniques permettant de faciliter l’acte conjugal ou ses conséquences sans se substituer à lui.