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Culture de mort : Avortement

Cet avortement m’a complètement dépossédé

En complément du post précédent sur les conséquences d'un avortement sur le père, gènétique publie un long témoignage de Michel Hermenjat, auteur du livre Cet enfant qui m’a manqué », publié aux Editions Première partie. extraits :

51iX0Qpu0XL__SX351_BO1,204,203,200_"Je me suis rappelé qu’il y avait un autre enfant que je n’avais pas su protéger. 15 ans après l’IVG, je me suis revu devant la clinique de Montchoisi à Lausanne où ma femme a avorté. Je n’avais pas su dire non, et mon instinct de père en avait été profondément affecté. 

Cet avortement, alors que ma copine avait 18 ans, n’était pas notre choix, mais celui de sa mère. Nous nous étions déclarés notre amour l’un à l’autre quelques mois auparavant. Nous avions un même désir d’enfants. Nous aspirions à fonder une grande famille. 

Quand mon amie a appris qu’elle était enceinte, je gagnais chichement ma vie et elle n’avait pas terminé ses études. Sa mère, très émancipée, nous encourageait à avoir des relations sexuelles. Par contre, nous étions interdits de grossesse. Ce point était non négociable. Comme une sorte de nouvelle morale : « Faites l’amour, mais surtout pas d’enfants ». Nous, on s’aimait et on avait envie d’avoir des enfants. Mais quand la grossesse s’est annoncée, malgré la pilule, j’ai vu ma copine dépérir. 

J’ai voulu prendre conseil auprès de ma propre mère qui m’a répondu que c’était une histoire de femme, et que je ferais mieux de ne pas m’en mêler. Pas facile à 20 ans d’être confronté à sa mère et à sa belle mère. Alors, en bon Suisse, je suis resté neutre. Pourtant, je n’étais pas d’accord avec cet avortement (…)

J’espérais néanmoins que l’IVG allait la soulager, mais je me suis vite rendu compte que tout allait encore plus mal après. Et moi, je n’étais plus « dans mes bottes », confronté à une succession d’injonctions contradictoires : je n’étais soi-disant pas concerné, je ne devais rien dire. Par contre, c’était à moi de payer la facture. J’étais tout le temps du mauvais côté. 

Trois jours après, je n’étais plus dans ma vie, dans mon histoire. Tout était complètement glauque, morbide. J’ai rompu. Je l’ai quittée. J’ai commencé une autre relation. Je n’ai pas imaginé qu’on puisse survivre à ça. Cet avortement m’a complètement dépossédé. Je me suis senti impuissant, frappé d’indignité à la paternité (…)

Un autre évènement est venu me bouleverser : quand j’ai vu, 10 ans plus tard, le film, « le Cri silencieux », qui montre les images de l’avortement d’un fœtus de 10 semaines. Je n’ai pas supporté. J’ai fondu en larmes : comment ai-je pu laisser faire ça ? Cet avortement n’aurait jamais du avoir lieu ! J’étais le mieux placé pour empêcher ça. Si j’avais été capable de dire une parole, les choses auraient pu être différentes ! Ce documentaire a ouvert une page très laborieuse de mon histoire parce que je n’arrivais pas à me pardonner. Comment n’avais-je pas su protéger mon premier enfant d’une telle tragédie ? 

Mon amie, devenue mon épouse, a vécu ensuite plusieurs phases dépressives. Quand à moi, j’ai sombré lentement dans la culpabilité, un mal être sans fond, le doute existentiel (…)"

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7 commentaires

  1. Acheté et lu, un très beau livre sur le tabou de la douleur de l’IVG et sur les pressions sociales et familiales. Je le conseille à tous, (le livre pas l’IVG!) la rédemption est au bout, dans la prise de conscience du mal fait et donc enfin la miséricorde possible…

  2. L’année de la Miséricorde commence le 8 décembre, pardonnez-vous, priez pour cet enfant non né, demandez lui de prier pour vous. Est-ce sur le Salon beige que j’ai vu un article aux environs du 26-30 août à ce propos ? Et sur Radio Courtoisie une émission à propos de l’année de la Miséricorde “Libre journal de Philippe Maxence” le 15 septembre une petite merveille.

  3. Souffrant d’une souffrance persistante, non soulageable et insupportable, ce brave citoyen helvète n’a plus qu’à demander l’euthanasie salvatrice.

  4. 1975 :
    Cela fait quarante ans que tu verses des pleurs.
    Toutes les nuits tu revois cet enfant en songe.
    Désormais tu ne crois plus à tous ces mensonges.
    Je le lis sur ton visage empreint de douleur.
    Toi qui te déclarais maîtresse de ton corps,
    Tu ne voulais surtout pas de cette grossesse
    Et, jeune inconsciente, tu m’as donné la mort,
    C’est ce choix qui est la cause de ta détresse.
    Fruit de l’amour sacrifié tu m’as supprimé,
    Femme à la conscience violée par le système.
    Pourtant Maman je suis pour toujours ton bébé.
    Même si tu ne le sais pas ton enfant t’aime.

  5. @socrate : Comment pouvez-vous dire une horreur pareille ? N’avez-vous pas honte ?

  6. C’est la première fois que je vois la douleur d’un père manqué ! On suppose qu’il n’a pas eu d’enfants de son épouse et donc qu’il ressasse toujours les mêmes regrets.

  7. Cet homme a souffert et souffre encore, mais il doit impérativement chasser ce désespoir car c’est ce qui déplait le plus à Dieu lui-même, il faut du repentir et reprendre vie, l’enfant est vivant dans l’au-delà il veut voir son père revenir à la vie, il a tout pardonné, il ne faut pas lui faire l’injure de ne pas se pardonner aussi.
    Relevez la tête, une bonne confession purifiera votre âme et vous remettra dans l’espérance.
    Chassez ce poison de l’âme, il vient du diable.Le pardon vient de Dieu .

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