Lors de l’angélus, Benoît XVI a déclaré :
"[…] En bon observateur de la loi, le
Seigneur ne se dérobe pas au rythme liturgique hebdomadaire et s'unit à
l'assemblée de ses compatriotes dans la prière et dans l'écoute des
Ecritures. Le rite prévoit la lecture d'un texte de la Torahou
des Prophètes, suivie d'un commentaire. Ce jour là Jésus se leva pour
lire et trouva un passage du prophète Isaïe qui commence ainsi : «
L'esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m'a consacré par
l'onction. Il m'a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres »
(61,1-2). Origène commente : « Ce n'est pas par hasard qu'il a ouvert le
et trouvé le chapitre de la lecture qui prophétisait sur lui, mais ce
fut une action de la providence de Dieu » (Homélie sur l'Evangile de Luc
32, 3). Jésus en effet, une fois terminée la lecture, dans un silence
chargé d'attention, dit : «Cette parole de l'Écriture, que vous venez
d'entendre, c'est aujourd'hui qu'elle s'accomplit. » (Lc 4,21).
Saint Cyrille d’Alexandrie affirme que l’«aujourd'hui», qui est entre
la première et la dernière venue du Christ, est lié à la capacité du
croyant à écouter et à reconnaître ses torts (cf. PG 69, 1241).
Mais, dans un sens encore plus radical, c'est Jésus même
«l’aujourd'hui» du salut dans l'histoire, parce qu'il porte à son
accomplissement la plénitude de la rédemption. Le terme «aujourd'hui»,
très cher à saint Luc (cf. 19,9; 23,43), nous rapporte au titre
christologique préféré de l'évangéliste, celui de «sauveur» (sōtēr).
Dans les récits de l'enfance, il est déjà présent dans les paroles de
l’ange aux bergers : «Aujourd'hui vous est né un Sauveur, dans la ville
de David. Il est le Messie, le Seigneur. » (Lc 2,11).Chers amis, ce passage nous interpelle aussi «aujourd'hui». Tout
d'abord il nous fait penser à notre façon de vivre le dimanche: jour du
repos et de la famille, mais avant tout jour à dédier au Seigneur, en
participant à l’Eucharistie, dans laquelle nous nous nourrissons du
Corps et du Sang du Christ et de sa Parole de vie. En second lieu, à
notre époque de dispersion et de distraction, cet Evangile nous invite à
nous interroger sur notre capacité d'écoute. Avant de pouvoir parler de
Dieu et avec Dieu, il faut l'écouter, et la liturgie de l'Eglise est
l'“école” de cette écoute du Seigneur qui nous parle. Enfin, il nous dit
que chaque moment peut devenir un «aujourd'hui» propice pour notre
conversion. Chaque jour (kathēmeran) peut devenir l'aujourd'hui
du salut, car le salut est histoire qui continue pour l'Eglise et pour
chaque disciple du Christ. C'est le sens chrétien du «carpe diem»: cueille l'aujourd'hui où Dieu t'appelle pour te donner le salut !"