Dans Présent, Alain Sanders revient sur les événements de Charlottesville en Virginie :
"[…] En soulignant, pour commencer, que le jeune exalté, James Field Jr., qui a foncé sur une foule de contre-manifestants hurlant à la mort, a voulu simplement protéger sa vie. Sa voiture, ayant été repérée, elle a été attaquée à coups de battes de base-ball et caillassée (les photos de ce qui reste du véhicule en témoignent). Il a voulu se dégager pour échapper à un lynchage programmé. Avec les conséquences que l’on sait.
En rappelant, pour continuer, que la manifestation organisée pour défendre la mémoire du général Lee, ce Virginien héroïque, avait été autorisée. En application du 1er amendement de la Constitution qui permet la totale libre expression. Une manifestation contre le révisionnisme de la gauche radicale qui « oublie » que le général Lee a été réhabilité en 1888 (réhabilitation confirmée en 1975). S’il y a quelqu’un à condamner dans toute cette affaire, c’est le gouverneur démocrate de Virginie qui a laissé libre cours aux débordements haineux des contre-manifestants (on a des témoignages de policiers en ce sens).
Il y a quelques mois, quatre Afro-Américains ont enlevé, séquestré et torturé un jeune homme, légèrement handicapé mental, au seul motif qu’il était blanc. Après l’élection de Trump, près de Washington, un militant gaucho-démocrate (mais plus gaucho que démocrate) a tiré sur des élus républicains, blessant grièvement un député. La presse, à commencer par la presse française, n’a pas fait le centième du ramdam qu’elle a déclenché pour le drame de Charlottesville.
En 1858, Lincoln, qui a des statues partout, dont une iconique à Washington, déclara : « Je veux affirmer que je ne suis pas, que je n’ai jamais été, pour faire des Nègres des électeurs ou des jurés, ni pour leur permettre d’avoir des bureaux ou pour se marier avec des Blancs. J’ajouterai qu’il y a une différence physique entre la race blanche et la race noire qui, je le crois, interdira à jamais à ces deux races de vivre ensemble en termes d’égalité sociale et politique. Et comme ils ne peuvent vivre ainsi, tant que Blancs et Noirs se côtoieront il devra y avoir une relation de supérieur à inférieur. Et moi, plus que n’importe qui, je suis pour que cette supériorité soit assignée à la race blanche. » Et ce sont les statues de Lee qu’il faudrait déboulonner ? Lee, officier chrétien, qui a décrit l’esclavage comme « un mal moral et politique ». Lee qui avait affranchi tous les esclaves du domaine hérité de sa femme quand l’épouse de Lincoln (et la famille de cette dernière) aura des esclaves jusqu’à la fin de la guerre dite de sécession. Lee qui fut un soldat humain quand des Grant et des Sherman génocidèrent les populations sudistes. Lee dont Eisenhower a dit : « Tout bien considéré, Lee fut aussi noble comme chef que comme homme, sans tache pour autant que je lise les pages de notre histoire. »